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Notre Cité

4 mai 2006 4 04 /05 /mai /2006 15:51

Nous avons beaucoup parlé de musique orientale, mais j'ai également une véritable passion pour la musique médiévale. Je vous recommande pour commencer ce CD, qui est très accessible même pour un néophyte en la matière.

 

 

Chansons des Rois et des Princes du Moyen Age, Ensemble Perceval (Katia Caré, Emmanuelle Huret, Alain Serve : voix ; direction : Guy Robert), Arion, 1987.

 

 

 

 

 

 

 

Le CD commence avec 4 chansons de Thibaut IV comte de Champagne et roi de Navarre (1201-1253) ; Thibaut, qui a laissé environ 80 chansons, compte parmi les trouvères les plus talentueux de son temps, explorant tous les styles. La première, "J'aloie l'autrier errant", est une pastourelle dans laquelle Thibaut tente de séduire une bergère rétive ; chantée à deux voix, la bergère répondant à Thibaut. La seconde, "Du tres douz non a la Virge Marie", est un chant de dévotion mariale qui joue sur les lettres composant le prénom "Maria" ; chantée à une seule voix féminine, tout l'art subtil du chant médiéval, d'une grande beauté. "Dame, merci" est un jeu parti entre Thibaut et une dame, sorte de joute verbale donnant un chant à deux voix très agréable ; cet art des joutes poétiques chantées connaîtra un grand succès dans les cours princières. Enfin, "Seigneur, sachiez qui ore ne s'en ira" est un chant de croisade composé par Thibaut à l'occasion de la 5e croisade ; elle tranche par son ton martial et est plus rythmée que les précédentes. Texte en langue d'oïl.

Le voyage se poursuit avec 3 chansons d'Alfonso X el Sabio, roi de Castille et du Léon (1223-1284). Toutes trois sont tirées des célèbres "Cantigas de Santa Maria", qui regroupent environ 400 chansons et constituent l'un des chefs d'oeuvres du chant médiéval ; elles sont composées selon la forme populaire de la chanson à refrain et écrites en galicien, langue proche du portugais actuel et langue poétique de la cour. Le thème est celui de petites histoires sur les miracles de la Vierge. Alfonso est un grand humaniste, passionné de sciences et d'art, qui reçoit à sa cour des artistes de toutes confessions : troubadours, mais aussi musiciens juifs, arabes et berbères. "Null'ome per ren non deve" (Cantigas n°361) est une pure merveille, chantée à une voix féminine, qui raconte les miracles d'une statue de la Vierge offerte par le grand-père d'Alfonso aux religieuses de Burgos ; le rythme d'abord lent s'accélère peu à peu pour finir en musique festive. "Virgen Santa Maria" (Cantigas n°47), chantée à deux voix (masculine et féminine), est marquée du point de vue musical par une nette influence arabe, un vrai régal (c'est l'une de mes préférées) ; elle raconte l'histoire d'un moine qui avait trop bu dans la cave et que la Vierge sauve du démon apparu sous la forme d'un taureau. Enfin, "Como poden per sas culpas" (Cantigas n°166), magnifique et très rythmée, à deux voix (masculine et féminine), un très beau morceau ; elle raconte comment un homme paralysé à cause de ses péchés obtient sa guérison de la Vierge. Evidemment, j'ai une affection particulière pour les "Cantigas", puisqu'ils relèvent de cette culture méditerranénne ancienne à laquelle je suis attaché.

Ensuite, 1 chanson de Charles d'Anjou, roi de Naples et des Deux-Siciles, comte de Provence (1226-1285), frère de St Louis, grand protecteur des arts qui fit de son royaume de Naples et de la Provence des centres artistiques de premier plan ; il fit réaliser le "Chansonnier du Roi", l'un des plus importants manuscrits de chansons de cette époque ; il fut plutôt un mécène qu'un poète ou compositeur, mais il a laissé néanmoins quelques chansons. "La plus noble emprise qui soit" est un lai dans lequel Charles s'adresse à sa bien-aimée, la priant d'accepter son amour. Un très beau morceau chanté à une seule voix masculine, lent et doux, où la voix tient le premier plan. Texte en langue d'oïl (Charles est un prince français, il ne parle pas le provençal).

Puis 1 chanson de Guillaume VII de Poitiers, duc d'Aquitaine (1071-1127), qui est la plus ancienne de toutes celles présentées ici. Guillaume est un très puissant seigneur, grand-père de la célèbre Aliénor d'Aquitaine et grand troubadour. "Pos de chantar" est un "planh", ou "plainte" écrite à l'occasion d'un pélerinage à St Jacques de Compostelle. Chanté ici à une voix féminine, c'est une merveille de chant médiéval de culture d'oc, tout en subtilités et lenteur qui expriment les sentiments. Texte en langue d'oc.

Vient tout de suite après l'une de mes favorites, 1 chanson de Conon  de Béthune, régent de l'Empire (mort vers 1220). Fils de Robert V comte de Béthune, apparenté aux maisons de Hainaut et de Flandre, il est le protégé du comte Baudouin de Flandre ; quand celui-ci est élu à la tête de l'empire latin de Constantinople, Conon devient sénéchal, puis régent de l'empire. Il fait partie des plus grands trouvères, avec des chansons souvent caustiques ou humoristiques, parfois emprunte de misogynie. "L'autrier avint en cel autre païs" est à nouveau un débat, une joute verbale entre un chevalier et sa dame, sur un ton très humoristique ; un grand plaisir, avec une musique très agréable et rythmée. Texte en langue d'oïl.

La dernière est 1 chanson de Richard Ier Coeur de Lion, roi d'Angleterre (1157-1199). Souvent chanté par les troubadours, on ne peut lui attribuer que deux chansons, dont celle-ci qui a conservé sa mélodie. Elle a pour thème un appel pour payer la rançon du roi, qui est retenu prisonnier par le duc d'Autriche au retour de la 3e croisade. "Ja nul hons pris ne dira sa raison", dite aussi "Rotrouenge du captif", est une rotrouenge, très belle chanson douce à une voix masculine que l'instrument ne fait que soutenir. Belle et émouvante, cette chanson dans laquelle le roi reproche à ses proches et barons de tarder à payer sa rançon. Texte en langue d'oïl.

 

Le livret présente les auteurs et donne les textes des chansons, rapidement traduits en trois langues (français contemporain, anglais et allemand). Cela permet d'apprécier aussi les paroles, même quant on ne comprend pas le français médiéval ou le galicien. Ce CD est un bon moyen de faire connaissance avec le chant médiéval.

Enfin, les instruments sont limités : flûtes à bec médiévales, luth oriental (ûd), percussions (tambour, tambourin), vièle à arc, luth médiéval, guitare sarrasine, orgue portatif et haubois à capsule.

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