Ce musée se trouve au nord-ouest de la mosquée d'Ibn Tûlûn, au pied de la Citadelle du Caire, dans le quartier de Sayyeda Zeinab. Il est formé de la réunion de deux maisons cairotes d'époque ottomane, Beit Amina Bint Salem al-Gazzar (1540) et Beit el-Kiritileyya (maison de la Crétoise, 1670) et rassemble les collections d'art islamique rassemblées par le major anglais Gayer-Anderson au début du XXe s. C'est un extraordinaire exemple de maison patricienne de l'époque ottomane, avec ses décors et ses pittoresques mashrabeyya.
Une vue de la façade.
Une vue du bâtiment de style ottoman cairote.
John Gayer-Anderson (1881-1945), fonctionnaire anglais, se passionna véritablement pour la culture islamique et rassembla une impressionnante collection au cours de ses voyages au Mashreq. Ayant fait l'acquisition de ces deux demeures, il en entreprit la restauration, les réunit en couvrant les jardins d'une véranda et y plaça ses collections. Médecin, il travailla avec le gouvernement égyptien et se prit de passion pour le pays, et l'Orient en général. Il collectionna ainsi des objets égyptiens, mais aussi turcs, syriens, persans, moghols de diverses époques.
Un portrait étonnant de John Gayer-Anderson en sphinx !
Un hall agrémenté d'une fontaine de marbre.
Transformé en musée dès 1937 en accord avec le gouvernement égyptien, l'ensemble témoigne bien entendu de cette vague orientaliste née au XIXe s. , avec son côté un peu désuet et son caractère hétéroclite, mais il permet quand même de découvrir le cadre de vie des riches cairotes de l'époque ottomane et des oeuvres d'art d'une grande beauté, en complément du musée d'art islamique tout proche : mobilier, tapis, verrerie, sculptures, tentures et même vêtements arabes. C'est aussi l'un des ensembles d'architecture domestique les mieux conservés du Caire pour cette période. Autre avantage, il n'est en général pas inscrit au programme des tour-operators et on n'y trouve pas la foule de touristes habituelle ; ce sont plutôt les amoureux du Caire islamique qui y font un détour.
Le salamlek d'été.
On accède aux maisons par une artère privée. Beit el-Kiritleyya était en fait la maison d'un riche marchand, 'Abd el-Qadir el-Haddad ; elle comprend à l'angle sud-ouest une fontaine publique (sabil). On visite, entre autres : un premier « salamlek », pièce de réception réservée aux hommes, puis le salamlek d'été, qui donne par un balcon sur le grand hall à ciel ouvert ; le «haramlek », espace destiné aux femmes, depuis lequel elles pouvaient regarder les pièces des hommes à travers un balcon garni de mashrabeyya ; le bureau de John Gayer-Anderson, au 3e étage, la terrasse supérieure avec ses mashrabeyya à inscriptions coraniques ; sa chambre principale, avec un grand lit à colonnes ; une autre chambre dans laquelle il a cherché à reconstituer un décor de l'époque des califes de Baghdad ; le salon et la salle à manger, l'extraordinaire salle de réception, ainsi que le quartier des serviteurs. Dans chacune de ces salles sont rassemblés objets et pièces de mobilier qu'il serait trop long et fastidieux d'énumérer, on peut y admirer de somptueux plafonds sculptés et quantité de mashrabeyya qui donnent une idée de la qualité du travail du bois en Egypte ; ainsi qu'une collection archéologique qui montre les goûts éclectiques de Gayer-Anderson. Egalement des portraits et photos de famille.
La terrasse avec ses mashrabeyya.
Une chambre extraordinaire...
Ce musée fait partie des lieux qui sont prévus au programme de nos visites au Caire ; je n'avais pas eu le temps de m'y rendre lors de mon précédent séjour. Inutile de vous dire que je suis impatient de le découvrir et de vous en ramener des photos.
La grande salle de réception, avec le balcon à mashrabeyya pour les femmes.