On compte pas moins d'une douzaine de langues qui sont pratiquées dans l'Egypte contemporaine. La langue officielle est ce qu'on appelle l'arabe standard, intermédiaire moderne entre l'arabe littéraire et les principaux dialectes qui a été adopté dans tout le monde arabe, aussi bien au Mashreq que dans le Maghreb ; c'est essentiellement la langue écrite, ou soutenue. La langue orale est plutôt l'arabe égyptien.
L'arabe égyptien (ou masri) est la langue orale pratiquée par la grande majorité de la population égyptienne ; on l'appelle aussi quelquefois arabe égyptien standard ou arabe égyptien de Basse Egypte. On distingue en son sein plusieurs dialectes, dont le principal est le dialecte cairote, à côté duquel on trouve le dialecte du nord du Delta et celui du centre et du sud du Delta. Les médias égyptiens (radios, télévision, cinéma, chanson...) ont établi à l'oral un arabe égyptien standard basé sur le parler du Caire, compris par l'essentiel de la population, même dans les zones où on parle un autre dialecte. Le dialecte cairote est de ce fait le plus largement répandu ; il résulte d'un mélange entre le dialecte arabe du Delta et l'arabe de Moyenne Egypte, avec des emprunts à l'arabe littéraire. Le masri est assez répandu au Mashreq, car il est une forme qui est compréhensible par de nombreux autres dialectes de la région.
L'arabe sa'idi est celui de l'Egypte du sud, entre les limites de l'influence cairote et la frontière du Soudan. On distingue au sein du sa'idi le dialecte de Moyenne Egypte (Beni Suef, Fayyum, Gizeh) et le dialecte de Haute Egypte, d'Asyut à la frontière du Soudan. Les Egyptiens de Haute-Egypte sont d'ailleurs souvent appelés Sa'idi et il existe une tradition musicale sa'idi originale, illustrée par des gens comme Sheikh Ahmad Barrayn (ses disques, à défaut d'aller en Haute-Egypte ou pour s'y préparer, sont une bonne occasion d'entendre du sa'idi).
Vient ensuite l'arabe bédouin (ou bedawi) dans lequel on distingue :
le bedawi égyptien oriental, ou arabe bedawi du Levant, parlé par les Bédouins du Sinaï et des côtes de la mer Rouge ; il est proche de certains dialectes du Hijaz, au nord-ouest de l'Arabie Saoudite. On le retrouve, avec des variantes, chez les Bédouins de Palestine, de Jordanie et de Syrie.
le bedawi égyptien occidental, dit aussi arabe libyen, parlé par les Bédouins vivant entre Alexandrie et la frontière Libyenne.
On oublie souvent que l'Egypte compte aussi des communautés bédouines, même si la sédentarisation tend à menacer leur culture de disparition dans les zones où les Bédouins ne sont pas majoritaires.
Le copte est une langue sémitique qui a hérité d'une partie de la langue de l'Egypte antique ; c'est une langue morte qui n'est plus utilisée que comme la langue religieuse des Coptes, chrétiens d'Egypte. Le copte, comme l'arabe stantdard ou l'arabe littéraire, est une langue écrite, avec des caractères pour l'essentiel empruntés au grec.
A côté de ces langues sémitiques relevant ou non de l'arabe, on trouve également des langues non sémitiques.
Le domari est la langue des gitans musulmans d'Egypte, les Ghagars, qui vivent principalement dans le governorat de Dakahlia, au nord du Caire ; il comprend les dialectes nawar et helebi. Cette langue est originaire d'Iran.
D'importantes minorités nubiennes parlent des langues dites « nilo-sahariennes » ou « nubiennes nilotiques» ; en relèvent essentiellement :
le kenuzi-dongola, langue d'un groupe ethnique de l'Egypte et du Soudan ; en Egypte, on la trouve dans la haute vallée du Nil, surtout à Kom Ombo. Mais cette langue est peu à peu délaissée au profit du masri ou du sa'idi.
le nobiin, ou fiadidja-mahas, qu'on trouve dans les provinces du nord depuis le nord de Burgeg jusqu'à la frontière égyptienne à Wadi Halfa, mais surtout dans la haute vallée du Nil, en particulier dans les environs de Kom Ombo. Cette langue est aussi pratiquée par des populations du Soudan. Le nobiin est héritier de l'ancienne langue nubienne de l'antiquité, qui sera une langue écrite jusqu'au XVe s.
Il existe également une langue berbère, le siwi, pratiquée dans le désert du nord-ouest du pays, dans l'oasis de Siwa et divers villages isolés des oasis de l'ouest. Cette langue a peu de parentés avec les autres langues berbères.
Enfin sont pratiquées des langues européennes (en particulier le grec, avec une importante minorité à Alexandrie, ou l'italien), ainsi que l'arménien ou l'albanais.
Etonnante, n'est-ce pas, cette variété des langues qu'on ne soupçonne guère vu de l'extérieur et qui réflète l'histoire de l'Egypte, marquée au fil des siècles par le mélange de populations venues d'horizons divers.
Rassurez-vous pour le côté pratique si vous allez en Egypte :
si vous ne parlez pas arabe, il y aura toujours une langue occidentale dans laquelle vous pourrez vous faire comprendre ; beaucoup d'Egyptiens parlent anglais et français. Les langues étrangères sont d'ailleurs une partie importante du cursus des lycéens et étudiants égyptiens.
si vous ne connaissez que l'arabe standard, ou même le véritable arabe littéraire, on sourira mais dans l'ensemble on vous comprendra ; et on sera tellement content que vous fassiez l'effort de parler un peu arabe qu'on vous apprendra gentiment comment dire la même chose en masri.
si vous apprenez l'égyptien, c'est en général le masri qui est enseigné dans les cours, et très souvent même le cairote. Comme cela est dit plus haut, le cairote est compris aussi en Haute-Egypte.
Donc, mafeesh mushkela, pas de problème !