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PrÉSentation

  • : Ankh-Neferkheperou-Rê
  • : Pas de sujet précis, mais un ensemble de rubriques, qui évolueront avec le temps. Même si un accent particulier est mis sur l'Egypte. Ce qui compose mon univers et que je souhaite partager... Des passions, des coups de coeur et des coups de gueule, des ré
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Papyrus éphémère

 

 

Création et cadeau de Theti

 

 

 

Fouiller

Texte Libre

 

 

 

 

 

  

Message des Scribes d'Ankhneferkheperourê :

 

Fermeture définitive de la Cité dimanche 27 mai 2007.

Vieux Papyrus

Notre Cité

1 mars 2007 4 01 /03 /mars /2007 14:24

 

لكلّ داء دواء

 

 

 

 

likull dâ' dawâ'

A tout mal un remède...

 

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28 février 2007 3 28 /02 /février /2007 14:09

El-Ghûri est le dernier grand sultan de la dynastie des Burgi Mamlûk. Il est décrit comme un homme autoritaire et cruel, mais qui aime aussi les fleurs et la poésie. Religieux fervent, il est très proche des Sufi.

Le mirhâb du mausolée d'el-Ghûri, au Caire.

Profitant de l'anarchie qui règne à la faveur de la succession de Qâyit Bây, Qânsûh el-Ghûri s'empare du pouvoir en 1501. Il s'efforce tout d'abord de pacifier le sultanat et de rétablir son autorité, mais s'attache aussi à développer les armées mamlûk et à engager de nouveaux mercenaires devant la menace ottomane qui se précise. Pour financer cette politique, il doit prendre des mesures très impopulaires qui appauvrissent encore la population égyptienne, augmentant les impôts et les taxes et opérant une réforme monétaire. Ces mesures contribueront grandement à achever de faire haïr les souverains mamlûk du peuple égyptien.

Le navigateur portugais Vasco de Gama, resté célèbre pour avoir ouvert aux Européens la route de l'Inde en contournant l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance, privant l'Egypte du monopole des épices.

Pourtant, el-Ghûri ne parvient pas à enrayer le déclin entamé depuis longtemps. Avec la découverte du cap de Bonne-Espérance, les Portugais ont brisé le monopole mamlûk sur les épices et fait chuter dramatiquement les revenus qui en découlaient et étaient essentiels pour l'économie égyptienne. Pour tenter de les contrer, el-Ghûri conclut une alliance avec les souverains du sud de l'Arabie et avec le Gujarat, en Inde ; il fait construire en mer Rouge une flotte, qui va dans un premier temps parvenir à remporter quelques victoires sur les Portugais. Mais en 1509, ces derniers anéantissent la flotte mamlûk lors d'une grande bataille navale sur les côtes du Gujarat, grâce à leur artillerie. Déjà en 1507, la flotte mamlûk de Méditerranée avait été défaite par les Portugais et les chevaliers de St-Jean.

Le Shah Ismâ'il Ier d'Iran, fondateur de la dynastie safavide.

Dès 1515, le sultan ottoman Selim Ier Yavuz prend le prétexte d'une alliance entre el-Ghûri et le Shah safavide d'Iran Ismâ'il Ier pour se lancer à la conquête du sultanat mamlûk ; en effet, le sultan mamlûk avait laissé passer les ambassadeurs envoyés par Isma'il Ier en vue de négocier avec la république de Venise contre les Ottomans. El-Ghûri, peu soutenu par ses émirs, est tué en août 1516 durant la bataille de Marj Dabiq, au nord d'Alep (Syrie), qui se solde par la victoire éclatante des Ottomans et la capture du calife abbasside el-Mutawakkil III ; c'est son artillerie qui a donné l'avantage à Selim Ier, sonnant le glas de la toute-puissance de la cavalerie mamlûk sur les champs de bataille. Les Mamlûk n'avaient pas su anticiper et tenir compte de l'évolution de l'armement et de l'introduction des armes à feu et des canons.

Le complexe d'el-Ghûri près de Bâb Zuweyla, au Caire.

Mais le règne d'el-Ghûri, qui entretient une cour brillante, est aussi marqué par une intense activité artistique et de grands travaux. Prévoyant les difficultés à venir, il fait remanier la Citadelle du Caire et renforcer les fortifications d'Alexandrie et de Damiette. Mais surtout, il dote Le Caire de monuments qui sont de véritables joyaux aujourd'hui encore, en particulier sa célèbre Wikâla (en égyptien « Wekalet el-Ghûri ») ou son non moins célèbre complexe sur la rue el-Mu'izz.

L'une des façades de la cour de la Wekalet el-Ghûri, au Caire.

Son successeur, Tûman Bây, ne pourra résister longtemps aux assauts des troupes ottomanes et Selim Ier fera une entrée triomphale dans l'Egypte conquise et désormais assujettie à son empire.

Le sultan ottoman Selim Ier, qui réalisera la conquête de l'Egypte et mettra fin au sultanat mamlûk indépendant.

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27 février 2007 2 27 /02 /février /2007 07:26
 

La Cour Internationale de Justice, dite CIJ pour satisfaire à la mode des sigles, vient de rendre un jugement qui ne lui fait pas honneur et qui risque de creuser encore un peu plus le fossé entre monde occidental et monde musulman. En effet, elle a déclaré que la Serbie ne pouvait être reconnue responsable d'un quelconque génocide en Bosnie durant le conflit de 1992-1995. Seul a été reconnu comme acte de génocide le massacre de 8 000 musulmans bosniaques à Srebrenica en 1995 ; mais là encore la Serbie n'est pas reconnue responsable, on se contente de lui taper sur les doigts en lui disant qu'elle n'a rien fait pour l'empêcher. Après la honte d'avoir laissé faire ce qui s'est passé en Bosnie, voilà bien une seconde honte pour la « communauté internationale » que cette épouvantable hypocrisie.

Qui a pu oublier les images des casques bleus désemparés devant le drame qui allait se jouer à Srebrenica ? Qui n'a pas eu alors un sentiment de honte ?


Nous avons tous en mémoire, je crois, les effroyables images de la guerre de Bosnie ; nombre d'entre nous en ont ressenti de la colère et de la honte. Qui a pu oublier ces images que l'ont pensait ne plus revoir en Europe après les horreurs de la seconde guerre mondiale ? Oublier ces exécutions sommaires, ces villages incendiés et pillés, ces déportations de masse, ces prisonniers parqués dans des camps servant aussi de centres de torture, ces milliers de femmes violées de façon systématique... Et comment peut-on oublier aussi vite que c'est Belgrade qui menait cette danse macabre ? On veut nous faire oublier que c'est le président serbe de l'époque, le criminel Slobodan Milosevic, qui a orchestré la guerre contre les républiques séparatistes et cautionné les massacres et atrocités ? Avons-nous oublié que la « communauté internationale » avait quand même consenti à faire pression sur Belgrade, à l'époque, reconnaissant ainsi son rôle ? Belgrade qui entendait conserver le contrôle de tout le territoire de l'ancienne Yougoslavie au nom du nationalisme serbe qui reste très fort, Belgrade qui aujourd'hui encore rechigne à donner leur indépendance aux derniers Etats... Belgrade qui a toujours rêvé de rétablir la « grande Serbie », qui a ensuite porté la guerre au Kosovo... Comment oublier que le gouvernement actuel de Belgrade, le président Boris Tadic - qui d'ailleurs n'est pas content qu'on qualifie Srebrenica de génocide que la Serbie aurait pu emêcher... - en tête, n'a toujours pas livré à la justice internationale les criminels de guerre accusés justement de génocide ?

L'effroyable charnier de Srebrenica...


La plainte avait été déposée par la Bosnie en pleine guerre, en 1993, tandis que la « communauté internationale » se montrait bien passive dans l'affaire et que la Bosnie était à feu et à sang. Cette plainte visait à faire reconnaître l'ensemble de ce conflit comme une tentative de génocide. Rappelons au passage que les Serbes, à l'époque, ne se cachaient pas de vouloir procéder à un « nettoyage ethnique » contre les musulmans et les Croates ; que ces massacres ont fait 200 000 morts au total ; que les femmes musulmanes bosniaques victimes de viols racontent toutes la même chose : on leur a bien dit que ce génocide passait par leur ventre. Malheureusement, la Bosnie ne pourra faire appel : les jugements de la CIJ sont définitifs et sans appel... Les autorités bosniaques, musulmanes autant que croates, sont affligées, les protestations et l'indignation commencent à se manifester et l'on ne peut qu'y voir une offense à la mémoire de toutes les victimes de ce qu'il faut pourtant bien appeler par son nom : un génocide.

Pense-t-on aux mères de Bosnie ? Comment leur expliquer que le drame qu'elles ont vécu n'a pas la même signification que d'autres ? Comment expliquer aux femmes victimes des viols systématiques que l'enfer qu'elles ont vécu ne procédait pas d'une volonté de génocide ?


Que faut-il voir derrière tout cela ? D'abord, l'intention de l'Union Européenne d'intégrer prochainement la Serbie – ce que je trouve scandaleux et je ne dois pas être le seul ! Comment procéder à cette sombre manoeuvre si la Serbie est reconnue coupable de génocide, alors même que l'on met des bâtons dans les roues à la Turquie au sujet du génocide arménien ? En effet, on imagine mal Belgrade reconnaître le génocide de Bosnie, ce qui obligerait l'UE à avoir envers elle les mêmes exigences qu'envers Anakara... Puisque l'affaire est déjà décidée, au mépris de l'avis des populations européennes du reste, il fallait que la CIJ rende un tel verdict. Ensuite, il y a des intérêts internationaux qui pèsent sur cette décision, en particulier l'influence américaine ; rappelons que la présidente de la CIJ, Rosalyn Higgins, est britannique, et que son pays est allié avec les Américains en Iraq. Reconnaître le génocide de musulmans dans l'ex-Yougoslavie, cela obligerait à la fois à reconnaître la passivité de l'ONU à l'époque et à admettre une certaine politique hostile aux musulmans...


Quelles risquent d'en être enfin les conséquences, pour finir ? Que ce ne soit pris comme un nouvel affront par les musulmans, ce qui me semble assez évident : il apparaît une fois de plus clairement qu'il y a deux poids deux mesures dès qu'il s'agit d'un pays musulman. Comme ce que l'on observe au Mashreq dans le conflit israélo-palestinien. Munira Subasic, Présidente de l'Association des Femmes rescapées de Srebrenica, a bien résumé le sentiment d'amertume qui résulte de cette injustice : « L'Europe a une nouvelle fois montré qu'elle était contre les Musulmans... ». Que lui répondre, comment ne pas comprendre sa révolte ? Comment prétendre avec de telles décisions rassurer les musulmans sur l'attitude des pays occidentaux ? N'est-ce pas, une fois de plus, apporter de l'eau au moulin des extrémistes, qui auront beau jeu de dire : « Vous voyez, les Occidentaux nous méprisent, ils ne reconnaissent pas nos droits... ». Le meilleur allié des extrémistes de tout crin, ce sont les puissants du monde occidental, qui jouent un jeu dangereux dont on peut craindre qu'il ne nous mène un jour au chaos. Ces gens sont sensés nous représenter, mais ils nous préparent contre notre gré un avenir bien sombre ; on ne peut qu'en être affligé !

Non à l'adhésion de la Serbie 

à l'union Européenne !


En tout cas, je ressens une nouvelle fois, comme lors de la guerre de Bosnie, colère et honte. On vient d'assassiner les victimes de ces horreurs une seconde fois...

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26 février 2007 1 26 /02 /février /2007 14:42

Né vers 1373, Gaqmaq est acheté comme Mamlûk sous le règne de Barqûq (1382-1412). Sa carrière officielle commence sous le règne d'el-Mu'ayyad (1412-1421), mais c'est sous Barsbây (1422-1438) qu'il s'impose, obtenant un poste de ministre. Nommé régent quand le fils de Barsbây, el-'Azîz Gamâl ibn Barsbây, monte sur le trône en 1438, il renverse dès cette même année le jeune prince pour se proclamer lui-même sultan.

Un Coran enluminé de l'époque de Gaqmaq (musée d'Art Islamique, Le Caire).

Il est sans doute le plus cultivé des sultans mamlûk. Il pratique couramment à la fois le turc et l'arabe, ce qui est rarement le cas chez les Mamlûk. Il a également étudié la théologie. Ceci explique que son règne soit marqué par un grand développement des arts et de la science.

Un dirham de Gaqmaq.

A l'extérieur, il tente de démanteler la piraterie orchestrée par les chevaliers de St-Jean de Jérusalem établis à Rhodes, poursuivant en cela la politique de Barsbây. Par deux fois, en 1400 et en 1444, la flotte égyptienne échoue dans sa tentative de s'emparer de Rhodes.

Un chevalier de St-Jean de Jérusalem (fresque, Saint George Chostos in Filerimo, Rhodes, XVe s.).

C'est son fils el-Mansûr Fakhr ed-Dîn Osmân ibn Gaqmaq (1453) qui lui succède, mais il est renversé au bout de six mois de règne par el-Ashraf Seyf ed-Dîn Inâl el-'Alâ'i (1453-1460).

Mosquée de Gaqmaq à Darb Sa'ada, au Caire.

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26 février 2007 1 26 /02 /février /2007 08:29

Né vers 1369, Barsbây exerçait en réalité déjà largement le pouvoir sous le règne de son prédécesseur, es-Sâleh Nâsir ed-Dîn Mohammed ibn Tatar (1421-1422). Il s'en empare véritablement en 1422, mettant en place un pouvoir fort. Mais il ne parviendra jamais véritablement à empêcher les émirs mamlûk d'agir en fonction de leurs propres intérêts.

Casque du sultan Barsbây conservé au Louvre, à Paris.

Les dépenses liées en particulier à l'entretien des troupes mamlûk sont de plus en plus exorbitantes. Barsbây s'efforce d'assainir les finances de l'Egypte, mais au prix d'une augmentation des taxations, ce qui sera très impopulaire. Il établit également au profit du pouvoir un monopole sur le commerce du sucre et des épices. Il tente de libérer l'économie égyptienne de l'alignement sur les monnaies d'or italiennes en faisant frapper de nouvelles monnaies, mais ce sera un échec qui ruinera les finances du pays. Si Barsbây parvint bien à stabiliser les finances de l'état, ses mesures nuiront gravement au commerce extérieur, dont l'économie égyptienne dépendait en grande partie. C'est en particulier son intervention sur le commerce des épices qui amena les Européens à chercher à trouver un moyen de s'approvisionner sans passer par l'intermédiaire égyptien, ce qui aura plus tard de graves conséquences.

Un dirham de l'époque de Barsbay.

En 1426, il s'empare de l'île de Chypre afin de libérer la Méditerranée orientale des attaques des chrétiens contre les navires marchands. Dès 1425, la flotte égyptienne avait pillé Limassol. Mais c'est en juillet 1426 qu'a lieu la bataille décisive à Chirokitia, au cours de laquelle le roi Janus de Chypre est capturé et ramené au Caire ; il ne sera libéré qu'après avoir reconnu la suzeraineté du sultan égyptien et accepté de verser un tribut annuel. Il parvient également à renforcer le contrôle du Hejjaz par les Mamlûk contre les visées des Hachémites. Enfin, des combats ont également lieu en Asie Mineure, où les Turcs commencent à se montrer dangereusement puissants.

Le site de Chirotikia, à Chypre, où les troupes mamlûk vainquirent le roi Janus de Lusignan.

A sa mort, il est inhumé dans le superbe mausolée qu'il a fait édifier dans le cimetière nord du Caire ; c'est son fils, el-'Azîz Gamâl ibn Barsbây, qui monte sur le trône en 1438 sous la régence de ez-Zâher Seyf ed-Dîn Gaqmaq, lequel ne tarde pas à le renverser pour s'emparer du pouvoir et devenir à son tour sultan, dès 1438.

Une tour élevée par Barsbây à Tripoli, au Liban.

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25 février 2007 7 25 /02 /février /2007 18:25

El-Mu'ayyad Sheykh fut acheté comme esclave et amené en Egypte par un marchand auquel il doit une partie de son nom, Mahmûd el-Yazdy. Par la suite, il fut acheté par Barqûq, qui l'affranchit lorsqu'il monta sur le trône, en 1382. Il devint alors échanson de la cour du sultan.

La citadelle de Tripoli, au Liban, dont el-Mu'ayyad fut gouverneur.

Il poursuivit son ascension sous le successeur de Barqûq, Farag, qui le nomma gouverneur de Tripoli, au Liban. Capturé par Timur Lang lorsque celui-ci envahit la Syrie au tout début du XVe s., il parvint à s'échapper et à revenir au Caire. Farag le nomma ensuite gouverneur de Damas, mais il en fut bien mal inspiré ; el-Mu'ayyad projetait de renverser le sultan. Suscitant une révolte, il attira le jeune souverain à Damas et l'assassina.

El-Muayyad assassine le sultan à Damas pour s'emparer du trône.

Dans un premier temps, el-Mu'ayyad, pour légitimer son pouvoir, partage le pouvoir avec le calife abbasside ; mais il le fait assassiner dès 1412 et exerce désormais le pouvoir seul. Comme tous les princes mamlûk, el-Mu'ayyad est un homme plein de contrastes : à la fois tyrannique et pieux, guerrier redoutable mais aussi amateur de musique et de poésie.

La superbe voûte d'entrée de la mosquée d'el-Muayyad.

Il a laissé au Caire un superbe ensemble qu'il a fait élever de 1415 à 1422 dans le style Burgi Mamlûk à l'emplacement d'une prison dans laquelle il avait été enfermé sous le règne de Farag, près de Bâb Zuweyla ; il avait en effet fait le voeu, s'il était libéré, de faire raser la prison et de construire une mosquée à son emplacement. Ce sont les deux minarets de cette mosquée qui surmontent aujourd'hui encore les tours de Bâb Zuweyla.

Les deux minarets de style mamlûk de la mosquée d'el-Muayyad surmontent Bâb Zuweyla, à laquelle elle est adossée.

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23 février 2007 5 23 /02 /février /2007 07:41

Qui sont exactement les Coptes, ces chrétiens d'Egypte dont on n'a en Europe qu'une idée extrêmement vague ?

 

 Un texte en langue copte.

 


Leur nom, tout d'abord. Le mot « copte » vient du grec « aiguptos » signifiant « égyptien », altéré en « kuptios », puis passé en arabe sous la forme « qibt ». Ce terme sert à désigner des réalités qui peuvent paraître confuses : une réalité religieuse (les chrétiens d'Egypte), une réalité linguistique (la langue copte, héritière de l'ancienne langue égyptienne antique), une réalité ethnique (les descendants de populations antérieures à l'invasion arabe), une réalité historique (la période chrétienne de l'Egypte, entre l'Antiquité tardive et l'invasion arabe), enfin une réalité culturelle et artistique. Ce premier tour d'horizon de ce que recouvre le terme montre déjà la complexité du sujet.

 

Saint Marc, fondateur de l'Eglise copte selon la tradition

(icône contemporaine de Victor Fakhoury).


Le culte copte aurait été instauré par St Marc, l'un des évangélistes, venu prêcher à Alexandrie. La ville compte déjà une importante communauté chrétienne au IIe s. de notre ère et va devenir l'un des grands centres du christianisme naissant. Le monachisme apparaît en Egypte dès le IVe s. et rayonnera plus tard dans tout le monde chrétien ; les grandes figures sont alors st Antoine, st Athanase, st Pacôme, st Macaire... C'est en grande partie sous l'influence de ces monastères que l'Egypte va se convertir au christianisme. Traditionnellement, on considère que la fermeture définitive du temple de Philae au culte d'Isis et sa conversion en église, vers le milieu du VIe s. de notre ère, marque la transition entre Antiquité tardive et période copte. La rupture entre Rome et l'Eglise copte intervient pourtant, comme pour l'orthodoxie byzantine, avec le concile de Chalcédoine, en 451.

 

Saint Antoine

(icône contemporaine d'Isaac Fanous, église de la Nativité de la Vierge, Los Angeles, 1990)

 


La langue copte a développé son propre alphabet à partir de l'alphabet grec complété par 7 caractères empruntés au démotique pour rendre des sons n'existant pas en grec. Elle devient la langue officielle du patriarcat au Ve s. Elle n'est plus utilisée comme langue liturgique que par les Coptes orthodoxes.

 

Saint Athanase

(icône contemporaine d'Isaac Fanous, église de la Nativité de la Vierge, Los Angeles, 1993)

 


Du point de vue religieux, les chrétiens coptes d'Egypte se divisent en deux branches : les Coptes orthodoxes, les plus nombreux, et les Coptes catholiques uniates, qui observent le culte copte mais sont rattachés à Rome. Les Coptes orthodoxes sont dirigés par un patriarche, le patriarche  orthodoxe d'Alexandrie, qui porte aussi le titre de pape ; selon la tradition, il est le successeur de st Marc, d'où l'expression "le Trône de st Marc", comme les catholiques disent "le saint-Siège" ; l'actuel pape copte est Chenouda III. Les Coptes Uniates se sont rapprochés de l'Eglise catholique dès le XVIIIe s. et sont dits Uniates depuis 1895 ; ils ont également un patriarche uniate d'Alexandrie.

 

Saint Macaire

(fresque ancienne, avec des inscriptions en copte et en arabe, comme vous le remarquez)

 

Les Coptes d'Egypte forment numériquement la minorité chrétienne la plus importante du Moyen-Orient, même si les chiffres officiels et ceux de la communauté copte ont du mal à coïncider ; disons qu'ils représentent 10 à 15 % de la population égyptienne.

 

Saint Pacôme

(patriarcat orthodoxe copte, Le Caire, 1993)


Enfin, les Coptes ne sont pas les seuls chrétiens en Egypte, même s'ils sont de loin les plus nombreux. Il existe également des minorités catholique, protestante et melkite (grecque catholique). Et on trouve également des Coptes dans d'autres pays, comme l'Ethiopie, qui compte une Eglise copte indépendante de celle d'Egypte. Il y a en France deux diocèses coptes égyptiens.

Croix gravée par les Coptes sur le temple de Philae lors de sa transformation en église

 (photo Theti-Nefred, en décembre 2006)

Pour ceux qui voudraient poursuivre cette rencontre, voici un lien bien documenté d'où sont tirées les superbes icônes représentant les saints coptes.

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21 février 2007 3 21 /02 /février /2007 20:33

 

L'extraordinaire décor de la coupole principale du complexe de Farag ibn Barqûq, merveille de décor mamlûk.

Farag est décrit par el-Mazriqi, le grand historien arabe médiéval, comme « le souverain le plus tragique d'Egypte ». Son nom, Farag, signifie « délivrance, libération » ; il lui fut donné à sa naissance, puis remplacé par son père Barqûq lorsque celui-ci fut emprisonné à el-Kerak, en Jordanie par celui de Balfaq, « calamité », car on pensait que cet enfant portait malheur. A sa libération d'el-Kerak, en 1390, Barqûq lui rend son de Farag pour marquer sa libération.


Son destin est assurément tragique. Il est né en 1389, peu de temps avant que son père Barqûq ne soit arrêté et exilé à el-Kerak, ce qui le fait d'abord considérer avec mépris. Sa mère est une Turque, Khawand Sherîn. Second souverain Burgi Mamlûk, il monte sur le trône très jeune, à l'âge de 10 ans, bien que n'étant pas l'héritier désigné par son père ; il n'a que 23 ans quand il est renversé et assassiné à Damas. Son règne est marqué par les incessantes rivalités entre les factions menées par les émirs mamlûk.

La tradition lui prête une réputation sulfureuse. On dit qu'il n'hésitait pas à intriguer pour s'approprier les biens de ses sujets, qu'il avait un penchant prononcé pour l'alcool et la débauche.

Le savant ibn Khaldûn, qui vit au Caire sous le règne de Farag.

En 1401, il doit faire face à une nouvelle attaque de la Syrie par les troupes de Timur Lang, qui assiègent Damas. Le jeune sultan quitte donc l'Egypte à la tête d'une armée dans laquelle se trouve le célèbre historien et savant Ibn Khaldûn, qui se trouve alors en Egypte. Mais une révolte éclate en Egypte, et le sultan ne tarde pas à repartir pour Le Caire, laissant ses troupes se débrouiller seules en Syrie. C'est Ibn Khaldûn qui devra négocier avec Timur.

En 1405, lorsqu'il apprend que les Mamlûk envisagent de le renverser, il choisit de prendre la fuite. Les Mamlûks mettent alors sur le trône son frère cadet, el-Mansûr 'Abd el-'Azîz ibn Barqûq, qui avait été désigné comme héritier légitime par Barqûq. Ce prince éphémère ne régna que 6 mois et Farag reprit le pouvoir dès 1405.

Le complexe de Farag ibn Barqûq vu par Prisse d'Avennes.

Soucieux d'asseoir sa légitimité, Farag a fait construire dans le cimetière nord, près de la tombe de son grand-père, un vaste complexe funéraire qui compte parmi les plus beaux de la période mamlûk ; il y fait inhumer son père Barqûq, bien que celui-ci ait fondé un autre complexe dans la ville du Caire.

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21 février 2007 3 21 /02 /février /2007 06:06

 

الجار قبل الدّار

al-jâr qabl ad-dâr

Choisis ton voisin avant ta maison...

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20 février 2007 2 20 /02 /février /2007 01:28
 

Barqûq, dont le nom signifie « prune » en arabe, fait partie des Mamlûk circassiens par les Bahri Mamlûk dans le Caucase. Il avait été acheté en 1362 ou 1363 par l 'émir Yelboghâ el-'Umâri et fit partie des Mamlûk exilés hors d'Egypte par le sultan bahride el-Ashraf Zeyn ed-Dîn Shabân ibn Hasan ibn Qalâwûn. Après avoir été emprisonné, il entre au service du vice-régent de Syrie, Mangak, à Damas. Mais il obtient le pardon du sultan, et ainsi l'autorisation de revenir au Caire. Mal en prit au sultan : Barqûq et d'autres Mamlûk circassiens assassinent Shabân en 1377, et placent sur le trône son fils, el-Mansûr 'Alâ' ed-Dîn 'Alî ibn Shabân (1377-1381), âgé de 7 ans seulement ! Après la mort précoce de ce souverain fantoche, les Circassiens placent sur le trône un autre fils de Shabân, es-Sâleh Zeyn ed-Dîn Hâggi (1381-1382), un enfant lui aussi. Barqûq parvient à asseoir sa position, devenant un proche des jeunes princes et s'attirant la sympathie des autres Mamlûk circassiens, dont il finit par prendre le contrôle. Il peut ainsi renverser le jeune sultan en novembre 1382 et s'empare du pouvoir, fondant la dynastie des Burgi Mamlûk. Il prend pour nom de règne ez-Zâhir, peut-être en référence à Baybars.

Un exemple de la splendeur du décor du complexe de Barqûq.

Barqûq se soucia d'abord de légitimer son pouvoir. Pour cela, il chercha un lien avec la dynastie précédente, qui gardait un certain prestige pour avoir à la fois repoussé les croisés et les Mongols, et religieusement pour avoir adopté le sunnisme. Dans ce souci d'assise dynastique, il épousa Baghdad Khatun, la veuve du sultan el-Ashraf Zeyn ed-Dîn Shaban. Ce souci se retrouve également dans le choix de l'emplacement de son complexe Khanqah-Madrasa près des monuments des premiers Qâlâwûnides, au coeur du Caire médiéval. Se méfiant des possibles ambitions des autres Mamlûk, il place à des postes clefs de l'Etat des membres de sa famille et des proches.

Le complexe de Barqûq dans Le Caire médiéval.

Barqûq est connu comme un guerrier courageux et un grand cavalier, qui toute sa vie appréciera les chevaux et les exercices équestres. Surtout, son règne est marqué par un retour à la prospérité, grâce à l'impulsion donnée au commerce, mais aussi par un développement de la vie artistique et culturelle, en particulier par la conception d'un nouveau style qui allait marquer durablement cette dynastie. Du point de vue artistique en effet, le style architectural inauguré par Barqûq est fondamental, car il va marquer l'architecture cairote durant toute la première moitié du XVe s.

La forteresse d'el-Kerak, en Jordanie, où Barqûq est retenu prisonnier lors de la révolte de 1389-1390.

Les choses tournent mal en 1389, lorsque deux gouverneurs mamlûk du nord de l'empire se révoltent : Mintash, le gouverneur de Malatya au sud-est de la Turquie, et Yelbogha en-Naseri, gouverneur d'Alep en Syrie. Les deux gouverneurs prennent le contrôle de la Syrie et marchent sur Le Caire. Ne parvenant pas à s'enfuir à temps, Barqûq est capturé et emprisonné à el-Kerak, en Jordanie. Les deux mutins rétablissent provisoirement sur le trône le prince bahride es-Sâleh Zeyn ed-Dîn Hâggi. Profitant des dissensions que ses partisans suscitent entre les différentes factions mamlûk au Caire, Barqûq parvient à s'échapper de sa prison jordanienne, revient au Caire en février 1390 et reprend le pouvoir.

Timur Lang et sa cour...

La dernière partie de son règne est marquée par le remplacement de tous les gouverneurs et hauts fonctionnaires par des membres de sa famille. Bientôt surgit une nouvelle menace quand Timur Lang (1336-1405) envahit la Syrie en 1399, pillant Alep et Damas, dont il massacre tous les habitants, à l'exception des artisans qu'il fait déporter à Samarkand. Cette violence vaut au chef turco-mongol d'être déclaré ennemi de l'Islam, ce qui le prive du soutien des musulmans. Barqûq est parvenu entre temps à rassembler une puissante armée qui marche sur la Syrie. Egalement en guerre avec le sultan ottoman Bayezid et risquant d'être pris en tenaille, Timur Lang préfère fuir et se diriger vers la Perse et la Russie. Quand Barqûq meurt en juin 1399, il est parvenu à rétablir son autorité en Syrie et à chasser les derniers Turco-Mongols de Syrie. Il est inhumé non dans son complexe situé en ville, mais dans un mausolée élevé par son fils et successeur Farag.

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