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PrÉSentation

  • : Ankh-Neferkheperou-Rê
  • : Pas de sujet précis, mais un ensemble de rubriques, qui évolueront avec le temps. Même si un accent particulier est mis sur l'Egypte. Ce qui compose mon univers et que je souhaite partager... Des passions, des coups de coeur et des coups de gueule, des ré
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Papyrus éphémère

 

 

Création et cadeau de Theti

 

 

 

Fouiller

Texte Libre

 

 

 

 

 

  

Message des Scribes d'Ankhneferkheperourê :

 

Fermeture définitive de la Cité dimanche 27 mai 2007.

Vieux Papyrus

Notre Cité

4 juin 2006 7 04 /06 /juin /2006 13:05

Pour les amoureux de musique orientale qui va au-delà de la variété actuelle, j'ai découvert un petit bijou que j'aimerais vous conseiller. Le Jardin ottoman de Burhan Öçal, sorti en 1996. Il s'agit de musique classique ottomane, qui relève de ce qu'on appelle la musique savante musulmane.

 

C'est une musique très sobre, qui paraît étrangement dépouillée et en même temps très raffinée. On y retrouve toutes les composantes de la culture ottomane, les influences venues de tous les horizons que les Turcs ont traversé : des accents de musique arabe ou persane médiévale, une parenté avec les musiques d'Asie Centrale, et même avec la musique indienne, ce qui ne doit pas surprendre puisque les fameux Moghols étaient en partie d'origine turque... Et bien entendu on y mesure aussi l'influence exercée sur notre musique ancienne occidentale, médiévale méridionale et hispanique en particulier. La voix, superbe, ne s'accompagne que du tanbur ; intonations, timbres et modulation des notes sont variés et subtils. La beauté des sons de la langue turque ajoute à la magie.

 

Le tanbur est l'instrument classique turc ; autrefois utilisé dans tout le Moyen-Orient, il n'a survécu qu'en Turquie. Il se rapproche d'instruments encore en usage en Asie Centrale (Kazakstan, Uzbekistan, Tadjikistan) et de la tambura des Arabes. Au passage notons un fait linguistique qui n'est pas inutile dans un contexte comme celui d'aujourd'hui : vous remarquerez la parenté du mot avec notre "tambour", qui n'est pas anodine, puisque le mot (par contre, avec un contresens, semble-t-il) fut emprunté à l'arabe au XIe s. Comme quoi le prétendu "choc des cultures" est ridicule !

 Un tanbur turc...

Bref, revenons au tanbur. C'est un luth à petite caisse ronde, avec un manche très étroit à ligatures ; le manche est très long, mesurant plus d'un mètre. Le tanbur a 8 cordes groupées par deux. Les ligatures sont constituées de cordes enroulées plusieurs fois autour du manche ; elles doivent être placées avec une grande précision. L'instrument est gratté avec un plectre, mais il peut aussi se jouer avec un archet.

 

Burhan Öçal, amoureux de l'art de son pays, est un virtuose dans la pratique de nombreux instruments et un percussionniste reconnu ; sur cette photo, les habitués auront reconnu qu'il joue du ûd, le luth arabe...

Un mot sur le musicien : Burhan Öçal est un des rares musiciens à renouer avec la tradition ottomane pure, du XVIe au XXe s. Le CD présente essentiellement des morceaux des XVIIIe et XIXe s. , dont une composition du sultan Selim III. Il est très attaché à la transmission de l'art de son pays. Il apporte au respect de la tradition une sensibilité propre, qui fait opérer le charme.

 

Cette musique peut paraître complexe, voir un peu difficile d'accès ; mais pas du tout. Un conseil : l'écouter dans de bonnes conditions, au calme, confortablement installé et l'esprit disposé à se laisser aller au gré de la musique. Bon, si vraiment vous y tenez, je vous décris la scène en ce qui me concerne : calé dans des coussins, fumant la chicha et mangeant des loukoum d'Istanbul... En tout cas, à découvrir ; c'est une musique aussi apaisante que les raga indiens...

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4 juin 2006 7 04 /06 /juin /2006 07:51

Mon amie la rose

 

On est bien peu de choses,

Et mon amie la rose

Me l'a dit ce matin.

A l'aurore je suis née,

Baptisée de rosée.

Je me suis épanouie,

Heureuse et amoureuse,

Aux rayons du soleil.

Je me suis fermée la nuit,

 Me suis reveillée vieille.

 

Pourtant j'etais trés belle,

Oui j'etais la plus belle

 Des fleurs de ton jardin.

 

 

On est bien peu de choses,

Et mon amie la rose

Me l'a dit ce matin.

Vois le Dieu qui m'a faite

M'a fait courber la tête,

Et je sens que je tombe,

Et je sens que je tombe,

Mon coeur est presque nu,

J'ai le pied dans la tombe.

Déjà je ne suis plus.

Tu m'admirais que hier

Et je serais poussière

Pour toujours demain.

 

On est bien peu de choses,

Et mon amie la rose

Est morte ce matin.

La lune cette nuit

A veillé mon amie.

Moi en rêve j'ai vu,

Eblouissante et nue,

Son âme qui dansait,

Bien au-delà des nues

Et qui me souriait.

Croit celui qui peut croire,

Moi j'ai besoin d'espoir

 Sinon je ne suis rien.

 

 

On est bien peu de choses,

Et mon amie la rose

Me l'a dit ce matin.

Vois le Dieu qui m'a faite

M'a fait courber la tête,

Et je sens que je tombe,

Et je sens que je tombe,

Mon coeur est presque nu,

J'ai le pied dans la tombe.

Déjà je ne suis plus.

Tu m'admirais que hier

Et je serais poussière

Pour toujours demain.

 

El-wardi sahbî

'Alli 'ala haga

El-naharda wa fil-layl

El-wardi sahbî

El-wardi sahbî

'Alli 'ala haga

El-naharda wa fil-layl

El-naharda wa fil-layl

 

C'est bien entendu la version de Natasha Atlas, sur l'album "Gedida" (1998-1999), magnifique... Et enregistrée au Caire !  Françoise Hardy peut se rhabiller, na ! Je préfère la version masreyya (égyptienne) de Natasha ! Bon, il faut quand même mentionner l'auteur du très beau texte de la chanson, Cécile Caulier...

 

Et attention, pas de message politique : on parle de poésie, et du temps qui passe, vous savez, dans le style de la fameuse mignonne qui allait voir si...

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3 juin 2006 6 03 /06 /juin /2006 14:26

Je suis à la fois triste et révolté par ce que nous annoncent les médias concernant les terribles heures que vit l'Irak. A quelques heures d'avion de nous, toute une population est livrée au chaos le plus total, entre les rivalités d'origine ethnique ou religieuses savamment orchestrées de l'étranger, le banditisme pur et simple, et surtout les exactions quotidiennes des troupes américano-britanniques d'occupation. C'est cela ce que l'Amérique appelle "venir délivrer un peuple de la tyrannie" ?!

Ce qui n'était jusqu'à présent qu'une rumeur se confirme. Non contentes de commettre des abominations dans les prisons où règne l'arbitraire le plus total, les troupes américaines renouvellent les horreurs commises ailleurs, en d'autres temps, sur la population civile irakienne. Les preuves de massacres de civils commencent à être diffusées. Plus discrètes sont les affaires de viol, car aux sentiments de peur et de honte que ressent toute femme victime d'une telle barbarie s'ajoutent des facteurs culturels ; en terre musulmane, une femme violée est non seulement déshonorée (ce qui fait d'elle une double victime), mais c'est toute sa famille  qui en est bouleversée dans son honneur ; ces viols, en dehors de l'aspect purement criminel et inacceptable, contribuent un peu plus à détruire le tissu social irakien. Et comment rester muet et insensible devant les images terribles de ces enfants assassinés ?

Au-delà du drame humain, il y a le drame culturel. Comme l'Afghanistan avant lui, l'Irak est pillé de ses trésors d'art et d'archéologie, dans l'indifférence la plus totale. Ce berceau de civilisations brillantes, qui fut en son temps le centre de gravité de l'art musulman, voit son patrimoine parfois irrémédiablement détruit. Les protestations des spécialistes de l'art et des archéologues n'y font rien. Les intérêts stratégiques et financiers dominent.

L'Amérique du bandit Bush donne au monde musulman une bien sombre image de l'Occident et nous confronte à notre propre barbarie. N'est-il pas temps de dire haut et fort que nous désapprouvons ces exactions, que nous ne sommes pas solidaires de cette Amérique qui est la honte des peuples occidentaux ? Vous me direz, mais que pouvons-nous faire, nous, à notre niveau ? Déjà montrer à nos amis musulmans que tous les Occidentaux ne sont pas d'accord avec ce que décident cyniquement les gouvernements, dire qu'il y a aussi des Occidentaux qui aiment et respectent le monde arabe et la culture musulmane. Ensuite, boycotter autant que faire se peut les produits américains, même si nous aussi nous sommes tenus sous leur domination économique et culturellle. Enfin, envoyer des messages de protestation aux ambassades américaines.

Je sais, je me montre militant en l'occurrence. Mais je suis en colère et révolté, écoeuré par ces Américains qui prétendent diriger le monde à leur gré. Qui sont-ils pour nous donner des leçons quand eux-mêmes ont une telle culture du crime et du mépris d'autrui ? Dieu maudisse l'Amérique, pour paraphraser comme il se doit leur leitmotiv !

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3 juin 2006 6 03 /06 /juin /2006 04:48

Le papyrus d'aujourd'hui sera un peu particulier, les amis. Bravo aux copines, Anne-Marie, Nadine et Sevy, qui n'hésitent pas à s'exprimer et à laisser de petits messages ; merci, les filles ! Grâce à vous, ce blog prend une dimension qui est aussi la sienne : le dialogue.

Par contre, je n'adresserai pas les mêmes félicitations aux lecteurs silencieux ou timides, j'en connais, n'est-ce pas  "Réné le Caribou" (au hasard, je vous assure... c'est du pur arbitraire de hasard) ?  N'est-ce pas Ummî Marie wa Abî Marsil ? Et Sand la coquine qui m'envoie en douce des photos pour alimenter le soukh ? Et une certaine Suissesse que je ne nommerai pas plus qu'une certaine Parisienne très occupée...

Un seul mot d'ordre : LANCEZ-VOUS !!! Ou je lâche Sekhmet (bon, pour le Caribou, ce sera la fessée déculottée, parce que c'est cruel et pervers et que ça m'amuse... et qu'on dit que le fessier en question s'y prête, du reste !). Bref, ne me laissez pas être le seul bavard : exprimez-vous, on est entre amis...

Je vous taquine, bien sûr !

 

Bonne journée et bon week-end à tous ! Et une pensée pour Anne-Marie dont le week-end est déjà bien entamé, car elle a pris de l'avance sur nous !

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2 juin 2006 5 02 /06 /juin /2006 21:48

 « le plus beau monument de Marseille, c'est le fort St-Jean. (...) Ses tours, ses murs, imprégnés d'or solaire, ont une allure sans pareille de puissance sans lourdeur. Le Vieux-Port leur doit une bonne part de son pittoresque. » (Raoul BUSQUET, historien provençal, 1937)


Cette zone appartenait à la partie la plus ancienne de la ville grecque. Dès le IXe s. , ce promontoire était englobé dans le château Babon, forteresse de refuge édifiée par l'évêque Babon pour protéger la ville des attaques des Sarrasins. A cet endroit, à l'entrée du port, la tour Maubert ( ou Turreta Portus, ou encore Turris Catenae Portus car la chaîne fermant le port y était fixée). En arrière de la tour, sur un terrain qui leur avait été concédé, les Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem s'installèrent vers le début du XIIIe s. et y élevèrent une commanderie et une église, placée sous le vocable de leur saint patron, St-Jean-Baptiste, dont le quartier, un quartier de pêcheurs, et le futur fort prendront le nom ; au sud de l'église s'étendait le cimetière. Une muraille, depuis la commanderie, rejoignait le rempart de la ville et les Hospitaliers en avaient la garde. Cependant les Hospitaliers ne se souciaient guère d'entretenir ces fortifications, au grand dam des syndics. A la fin du XVe s. , les Hospitaliers réalisèrent d'importantes constructions dans la commanderie, dont l'hôtel du commandeur, situé entre l'église et la mer, près de la tour ; cet hôtel fut jusqu'au milieu du XVIIe s. la demeure la plus somptueuse de la ville, dans laquelle descendaient les princes et personnes de haut rang en visite.


Après la prise du port par Alphonse d'Aragon en 1423, le Roi René fit édifier une tour beaucoup plus importante, la tour St-Jean, construite de 1447 à 1452, celle que nous voyons encore aujourd'hui. Elle coûta la somme énorme de 4 222 florins, la communauté de Marseille en fournissant 2 000, la confrérie des pêcheurs 1 200 et le Roi le reste. C'est une puissante tour carrée, dont la terrasse supérieure est garnie de mâchicoulis ; sa base était entourée d'une chemise qui a été détruite en 1957. A l'intérieur se trouvent trois étages voûtés et un étage supérieur coiffé d'une coupole sur pendentifs, le tout relié par un escalier en vis ; les murs très épais ne sont percés que de rares meurtrières. Sur l'un des murs de la tour, un grand crucifix était tourné vers le port ; en passant, les marins faisaient une prière ou observaient un moment de silence respectueux.


Le fort St-Jean présente également une tour ronde, ou tour du Fanal, construite en 1644 face à la mer, sur l'emplacement de la maison de la Gache (du Guet). Selon l'usage provençal, on allumait à son sommet un feu de bois qui servait de signal et elle servait de repère pour les navires arrivant en vue de Marseille. Si on en croit l'historien provençal Ruffi, un fanal aurait déjà existé à cet endroit au XIVe s. Dans son livre sur Marseille, Bouyala d'Arnaud la compare à un minaret oriental.


L'ensemble était intégré à la partie de la ville occupant la butte St-Laurent, et une rue bordée de maisons reliait l'église St-Jean et l'église St-Laurent. En 1666, Louis XIV ordonna l'agrandissement de la ville et fit exproprier les Hospitaliers ; l'église, le cimetière, la commanderie et l'hôtel du commandeur furent détruits pour laisser la place aux nouvelles fortifications. L'isthme reliant le promontoire à la butte St-Laurent fut creusé, puis le promontoire fut entouré de puissantes murailles. Des terre-pleins pour l'artillerie furent aménagés. Les travaux, qui durèrent de de 1668 à1674, furent dirigés par le chevalier de Clerville et Vauban, comme à Toulon. Ainsi naquit le fort St-Jean tel que nous le connaissons.


De 1844 à 1854, le fort fut transformé en île par le percement, sous la butte St-Laurent, d'un canal doublé d'une voie charretière destiné à relier le Vieux-Port aux nouveaux bassins de la Joliette ; ces travaux firent disparaître l'entrée du XVIIe s. Le canal disparut à son tour au XXe s. et fut remplacé par un large boulevard. Au début du XXe s. , une caserne est construite dans le fort pour recevoir la Légion. Les troupes allemandes d'occupation, durant la seconde guerre mondiale, entreposèrent dans le fort des réserves de munitions, dont l'explosion lors des bombardements de 1944 endommagèrent gravement la forteresse ; mais les tours demeurèrent intactes.

Louis Philippe Joseph, duc d'Orléans, dit "Philippe Egalité", cousin de Louis XVI, fut le plus illustre prisonnier du fort St-Jean.


La tour St-Jean comportait des cachots. Sous François Ier, on y enferma des équipages capturés sur des navires ennemis ; durant les guerres de religion, on y enferma tour à tour des protestants puis des ligueurs. Mais c'est surtout pendant la Révolution que la tour va servir de prison. En 1790 le fort est attaqué et son commandant, le chevalier de Bausset, refusant de capituler, est massacré sur le pont-levis. En 1793, la Convention décide d'y envoyer des membres de la famille royale qu'elle vient de faire arrêter ; d'abord détenus au fort de Notre-Dame de la Garde, le duc d'Orléans (« Philippe Egalité »), les ducs de Montpensier et de Beaujolais ses fils, sa soeur la princesse de Bourbon et le prince de Conti sont enfermés au fort St-Jean. Le duc d'Orléans, dont le cachot se trouvait au 3e étage de la tour, n'y resta que quelques mois, finalement transféré à Paris en octobre 1793 pour y être guillotiné ; mais les autres princes y demeurèrent jusqu'en 1796. Après la chute de Robespierre, 127 jacobins furent également emprisonnés au fort St-Jean ; ils furent massacrés en juin 1795, en représailles des atrocités de la Terreur.


Le site est classé depuis 1964 à l'ISMH et a fait l'objet de nombreuses campagnes de restauration. Il abrite aujourd'hui le Service des Antiquités Sous-Marines (actuellement la DRASSM).


Lien vers le site très intéressant du service-departemental-de-larchitecture-des-bouches-du-rhone .


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2 juin 2006 5 02 /06 /juin /2006 12:31

 

Exactement comme ce poisson : qu'est-ce qui se passe ? Où est-ce que je suis ? Comment je m'appelle déjà ? J'ai mal à la tête, mais pourquoi j'ai une tête ?

Bon, il va falloir que je secoue mes vieilles arêtes ! Yalla, on ne va pas se laisser abattre, la semaine est presque finie !

Bon courage à tous, et bon week-end aux Egyptiens !

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1 juin 2006 4 01 /06 /juin /2006 12:14

Dans l'Ecole des Scribes,  je souhaiterais partager avec vous une autre de mes passions : celle des recherches historiques. Voilà à peu près 10 ans que j'ai entrepris des recherches sur l'histoire d'Ollioules et de la région, dans les livres mais surtout dans les archives.

 

 

Un folio du cahier de délibérations du Conseil de Ville d'Ollioules pour l'année 1580-1581, en cours de transcription actuellement

(Archives municipales d'Ollioules).

 

 

La plupart des documents sur lesquels je travaille sont en grande partie inédits ; j'ai en effet choisi de concentrer mes recherches sur les XVIe et XVIIe s. , période où les textes présentent deux difficultés majeures pour les non initiés : la langue d'abord, qui reste essentiellement le provençal, ou un mélange de provençal et de français ; et l'écriture ensuite, la graphie des lettres étant très différente de la nôtre, surtout au XVIe s. et dans la première moitié du XVIIe s. A la difficulté de déchiffrement s'ajoutent les abréviations et signes divers qui surprennent au premier abord et dont il faut apprendre le sens. Concernant la langue, ce n'est pas le provençal d'aujourd'hui ; généralement, il faut l'apprendre sur le tas, en s'aidant du précieux "Tresor" (le dictionnaire provençal-français) de Mistral. Autant vous dire que quand on a pour la première fois un tel manuscrit entre les mains, on est très dérouté ! La première fois (il en faut toujours une...), c'était aux Archives municipales de Toulon ; j'avais fait fort, en demandant à consulter un manuscrit du XVIe s. : je revois encore l'air amusé de l'archiviste ! Je me suis contenté d'admirer la beauté du document, mais je ne suis parvenu à déchiffrer, avec le plus grand mal, que quelques mots. Moralité : une année de cours de paléographie, et j'ai enfin pu me lancer dans ce grand plaisir qu'est la transcription de documents d'archives ! Car il faut d'abord transcrire, et ensuite traduire et enfin analyser ; un travail de fourmi, qui nécessite de bons yeux et beaucoup de patience. Fort heureusement, l'outil informatique est aujourd'hui bien utile. Il est possible sur demande de photographier les documents avec un appareil numérique (sans flash, bien entendu) et ensuite on peut travailler confortablement sur un ordinateur, en agrandissant le texte ou en supprimant les taches et salissures pour le rendre plus lisible.

 

C'est très émouvant d'entrer en contact avec ces vieux manuscrits, de se trouver non seulement devant des registre paroissiaux et actes notariés, auxquels sont habitués les généalogistes, mais aussi des lettres, des cahiers de délibérations du conseil de ville, des registres cadastraux, des procès verbaux de justice... L'un de mes préférés à Ollioules est un énorme registre, qui conserve une partie de sa couverture de cuir, et qui est un livre terrier (sorte de cadastre qui recense les propriétés du terroir pour calculer l'impôt) datant de 1618 ; le papier est dans un état de conservation exceptionnel, l'écriture soignée et régulière, un vrai régal !

 

La couverture de cuir du livre terrier de 1618

(Archives municipales d'Ollioules).

Au détour des folios manuscrits, ce sont les habitants d'autrefois que l'on rencontre, des instants de vie parfois cocasses, parfois dramatiques. On y voit par exemple l'un des consuls (équivalents du maire actuel) piquer une colère toute méditerranéenne, ou un malheureux vagabond accusé de vol semble-t-il à tort, des conseillers qui chipotent sur les dépenses à faire pour la ville ou les comptes consciencieux du trésorier, des rivalités familiales et des amitiés... Le plus amusant, c'est que ces gens du passé qui ressurgissent ainsi, je croise leurs descendants tous les jours ; ainsi, je leur donne parfois des nouvelles des ancêtres !

 Le premier folio du livre terrier de 1618

(Archives municipales d'Ollioules).

De temps à autre, je vous montrerai donc des passages de ces textes, pour partager ce plaisir.

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1 juin 2006 4 01 /06 /juin /2006 11:42

"Pregaren Diou, nouestre bon paire,

Que, per sa graci, vueille faire

Vous preservar de mau su mau,

De mourduro de chivau,

De caussigaduro de niero

Et deys favours de la Ribiero."

 

(Traduction : "Prions Dieu, notre bon père, / De vouloir bien, par sa grâce, / Vous préserver de tous les maux, / Des morsures de chevaux, / Des piqûres de puces / Et des faveurs de la Ribière." )

 

(Claude BRUEYS, poète marseillais)

(fin XVIe - début XVIIe s. )

 

Voici, avec ces quelques vers de Brueys, un bon exemple de l'humour provençal, lequel d'ailleurs perd beaucoup en saveur à la traduction, puisque certains aspects imagés ne peuvent être rendus en français. "La ribiero", en provençal, signifie "la rivière" ; mais ici, il s'agit d'un jeu de mots : Brueys fait référence à une demoiselle Ribier (l'usage provençal veut qu'on féminise les noms propres pour les femmes : ainsi, le nom de famille Bernard, par exemple, devient "Bernarde" pour une femme, ou Ribier devient "Ribière" ), qui fut au début du XVIIe s. une célèbre libertine marseillaise. Or il semble que la demoiselle, qui était dit-on fort belle, transmettait à ses amants quelque maladie "honteuse"... d'où le trait d'humour de Brueys !

Un petit mot sur la langue de ces vers. Il s'agit de vers en dialecte marseillais du début du XVIIe s. Il surprendra sûrement les Provençaux d'aujourd'hui, car il diffère de ce qu'est devenue notre langue après la réforme des Félibres. On remarque en particulier la vieille terminaison des verbes à l'infinitif en -ar, héritée du latin -are, ainsi que la présence du -s au pluriel, qui se prononçait (en provençal, toutes les lettres se prononcent)  ; en provençal moderne, le -r de l'infinitif a disparu ( "preservar" est devenu "preserva" ), ainsi que le -s au pluriel ( "deys favours" est devenu "dei favour" ).

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1 juin 2006 4 01 /06 /juin /2006 09:15

Vyâdhi-styâna-samshaya-pramâda-âlasya-avirati-bhrântidarshana-alabdhabhûmi-katva-anavisthitatvâni chitta-vikshépâs té antarâyâh.

(La maladie, l'abattement, le doute, le déséquilibre mental, la paresse, l'intempérance, l'erreur de jugement, le fait de ne pas réaliser ce qu'on a projeté ou changer trop souvent de projet, tels sont les obstacles qui dispersent la conscience.)

Dukha-daurmanasya-angaméjayatva-shvâsaprashvâsâ vikshépa-sahabhuvah.

(La souffrance, l'angoisse, la nervosité, une respiration accélérée, sont les compagnons de cette dispersion mentale.)

Tat-pratishédha-artham éka-tattva-abhyâsah.

(Pour éliminer cela, il faut centrer sa pratique sur un seul principe à la fois.)

Maïtri-karunâ-muditâ-upékshânâm sukha-dukha-punya-apunya-vishayânâm bhâvanâtash chitta-prasâdanam.

(L'amitié, la compassion, la gaieté clarifient et apaisent le mental ; ce comportement doit s'exercer indifféremment dans le bonheur et le malheur, vis-à-vis de ce qui nous fait du bien comme vis-à-vis de ce qui nous fait du mal.)

Pracchardana-vidhâranâbhyâm vâ prânasya.

(L'expir et la suspension de la respiration produisent les mêmes effets.)

(Patanjali, Yoga Sutra

(entre le IIe s. av. notre ère et le IVe s. de notre ère)

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31 mai 2006 3 31 /05 /mai /2006 13:13

Ca y est, la préparation des Médiévales bat son plein ! Je vous en reparlerai, bien entendu ! Je vais enfourcher mon fier destrier et rejoindre les troupes de siège...

Bonne journée, gentes dames et gentils seigneurs !

 

 

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