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PrÉSentation

  • : Ankh-Neferkheperou-Rê
  • : Pas de sujet précis, mais un ensemble de rubriques, qui évolueront avec le temps. Même si un accent particulier est mis sur l'Egypte. Ce qui compose mon univers et que je souhaite partager... Des passions, des coups de coeur et des coups de gueule, des ré
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Papyrus éphémère

 

 

Création et cadeau de Theti

 

 

 

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Message des Scribes d'Ankhneferkheperourê :

 

Fermeture définitive de la Cité dimanche 27 mai 2007.

Vieux Papyrus

Notre Cité

6 mai 2006 6 06 /05 /mai /2006 13:27

Très tôt, je me suis pris de passion pour les langues, ma propre langue d'abord, le français, dont l'extraordinaire richesse est un plaisir, de même que son histoire et ses états à des moments donnés. Puis j'ai découvert l'allemand, qu'un professeur passionné et passionnant a su me faire aimer au point que je l'ai étudié à l'université. Ensuite, ce furent l'anglais et le russe, et un peu de latin ; malheureusement, j'ai presque tout perdu de mes quelques années de russe. Par la suite est venu le provençal, contemporain et historique. Puis le moyen français pour pouvoir déchiffrer dans les archives les textes du XVIe s.

Depuis peu, je réalise un vieux rêve : apprendre l'arabe. La motivation définitive est venue lors de mon voyage en Egypte, lorsque j'ai réalisé combien les quelques mots que je connaissais grâce à mes parents facilitaient et changeaient les contacts avec la population égyptienne. Je suis donc en train d'apprendre l'arabe littéral, ou classique, et l'arabe dialectal égyptien en parallèle, dans le but d'approfondir encore cette rencontre avec les Egyptiens. Mon frère m'a offert un livre pour apprendre l'égyptien antique hiéroglyphique, mais j'attends un peu d'avoir assez progressé en arabe. De même, j'ai quelques notions de turc, mais le réel apprentissage viendra plus tard, de même que le sioux lakota...

Les langues sont des outils extraordinaires, d'abord parce qu'elles sont des ponts entre les hommes. Chacune avec sa propre logique, elles permettent d'exprimer sa pensée sous des formes tellement différentes. Et puis une langue est une clef vers toute une culture, elle renvoie à l'histoire, aux traditions, aux mentalités et aux croyances, à la forme de société... C'est donc un moteur de curiosité sans cesse renouvelée. Et puis s'il y a une chose que l'étude des langues nous enseigne aussi, c'est que de nombreux points communs se cachent derrière les différences ; des langues aussi éloignées que le sanscrit et le français ont des racines communes, ça fait rêver, non ?

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6 mai 2006 6 06 /05 /mai /2006 09:07

"Très cher, je n'ai nulle raison de t'écrire, et pourtant je t'écris ; toi, aime-moi sans nulle raison de m'aimer..."

 

(Théophile de VIAU, à son amant DES BARREAUX, 1626)

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5 mai 2006 5 05 /05 /mai /2006 21:59

Tranquille dans mon teepee, la semaine est finie...

 

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4 mai 2006 4 04 /05 /mai /2006 22:50

Nous voici arrivés à la troisième et dernière position du retable. Les volets peints sont complètement ouverts, ainsi que la prédelle. Ainsi sont placés en contact les parties sculptées par Nicolas de Haguenau (centre du retable et prédelle) et les deux volets latéraux peints par Matthias Grünewald. Ce qui est extraordinaire, c'est que se trouvent ainsi réunies deux oeuvres qui ne sont pas tout à fait contemporaines : les sculptures furent d'abord réalisées vers 1490, puis les volets peints entre 1512 et 1516.

 

 

Le retable dans sa 3e position, avec la partie centrale et la prédelle sculptées.

 

La caisse centrale sculptée (bois polychrome et doré).

 

La partie centrale présente, dans un riche décor gothique formant trois niches, trois personnages en haut relief. Au centre, St Antoine en majesté, assis sur un trône et portant le bâton terminé par un Tau, reçoit des offrandes de deux personnages agenouillés à ses pieds : celui de gauche lui offre un coq, celui de droite un cochon. A droite, St Jérôme sous les traits d'un prélat, le lion à ses pieds ; St Jérôme a écrit la vie de St Paul l'Ermite et raconté la visite de St Antoine à l'ascète. A gauche, sous les traits d'un évêque, St Augustin, dont les Antonins avaient adopté la règle ; agenouillé à ses pieds en direction de St Antoine, Jean d'Orlier, précepteur de l'ordre. Sur la prédelle, dans une série de niches, le Christ en majesté (niche centrale) entouré des apôtres groupés trois par trois dans quatre niches plus basses. Ces sculptures comptent parmi les chefs d'oeuvre de l'école rhénane pour le gothique tardif.

 

La visite de St Antoine à St Paul l'Ermite (volet de gauche).

 

 Le volet de gauche, peint, représente la visite de St Antoine à St Paul l'Ermite.  Les deux saints sont assis dans un paysage étrange et désolé, ce désert d'Egypte dans lequel se retirèrent les ancêtres des moines, désert qu'évoque le palmier. St Antoine est vêtu d'un grand manteau bleu, tandis que l'ascète ne porte qu'une tunique faite de végétaux tressés. Conformément au récit de la "Légende Dorée", le corbeau apporte comme chaque jour de la nourriture à l'ermite. Une biche est allongée à ses pieds. En bas sont représentées les herbes servant à confectionner le "baume de St Antoine" avec lequel on soignait les malades.

 

La Tentation de St Antoine (volet de droite).

 

Le volet de droite, également peint, représente la célèbre scène de la Tentation de St Antoine. Dans un paysage tout aussi étrange, St Antoine est terrassé par des démons qui ne sont pas sans rappeler l'univers inquiétant de Hieronymus Bosch. Tandis que les démons le tourmentent et s'emparent de son manteau, le saint aperçoit dans le ciel, dans un halo de lumière, le Christ qui va mettre en fuite les créatures de l'enfer et soigner ses blessures. La cabane qui lui sert de refuge a été incendiée. Le tumulte de cette scène contraste avec le calme qui se dégage de la Visite qui lui fait pendant.

 

On retrouve dans ces deux scènes l'art subtil de la couleur qui caractérise Matthias Grünewald. Les tons s'harmonisent parfaitement avec les ors des parties sculptées.

 

Pour poursuivre cette rencontre avec cette oeuvre majeure de l'école gothique rhénane, voici deux liens, un premier dont sont tirées la plupart des illustrations de cet article, et un second qui s'attache plus particulièrement à en décrypter les symboles.

 

 

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4 mai 2006 4 04 /05 /mai /2006 15:51

Nous avons beaucoup parlé de musique orientale, mais j'ai également une véritable passion pour la musique médiévale. Je vous recommande pour commencer ce CD, qui est très accessible même pour un néophyte en la matière.

 

 

Chansons des Rois et des Princes du Moyen Age, Ensemble Perceval (Katia Caré, Emmanuelle Huret, Alain Serve : voix ; direction : Guy Robert), Arion, 1987.

 

 

 

 

 

 

 

Le CD commence avec 4 chansons de Thibaut IV comte de Champagne et roi de Navarre (1201-1253) ; Thibaut, qui a laissé environ 80 chansons, compte parmi les trouvères les plus talentueux de son temps, explorant tous les styles. La première, "J'aloie l'autrier errant", est une pastourelle dans laquelle Thibaut tente de séduire une bergère rétive ; chantée à deux voix, la bergère répondant à Thibaut. La seconde, "Du tres douz non a la Virge Marie", est un chant de dévotion mariale qui joue sur les lettres composant le prénom "Maria" ; chantée à une seule voix féminine, tout l'art subtil du chant médiéval, d'une grande beauté. "Dame, merci" est un jeu parti entre Thibaut et une dame, sorte de joute verbale donnant un chant à deux voix très agréable ; cet art des joutes poétiques chantées connaîtra un grand succès dans les cours princières. Enfin, "Seigneur, sachiez qui ore ne s'en ira" est un chant de croisade composé par Thibaut à l'occasion de la 5e croisade ; elle tranche par son ton martial et est plus rythmée que les précédentes. Texte en langue d'oïl.

Le voyage se poursuit avec 3 chansons d'Alfonso X el Sabio, roi de Castille et du Léon (1223-1284). Toutes trois sont tirées des célèbres "Cantigas de Santa Maria", qui regroupent environ 400 chansons et constituent l'un des chefs d'oeuvres du chant médiéval ; elles sont composées selon la forme populaire de la chanson à refrain et écrites en galicien, langue proche du portugais actuel et langue poétique de la cour. Le thème est celui de petites histoires sur les miracles de la Vierge. Alfonso est un grand humaniste, passionné de sciences et d'art, qui reçoit à sa cour des artistes de toutes confessions : troubadours, mais aussi musiciens juifs, arabes et berbères. "Null'ome per ren non deve" (Cantigas n°361) est une pure merveille, chantée à une voix féminine, qui raconte les miracles d'une statue de la Vierge offerte par le grand-père d'Alfonso aux religieuses de Burgos ; le rythme d'abord lent s'accélère peu à peu pour finir en musique festive. "Virgen Santa Maria" (Cantigas n°47), chantée à deux voix (masculine et féminine), est marquée du point de vue musical par une nette influence arabe, un vrai régal (c'est l'une de mes préférées) ; elle raconte l'histoire d'un moine qui avait trop bu dans la cave et que la Vierge sauve du démon apparu sous la forme d'un taureau. Enfin, "Como poden per sas culpas" (Cantigas n°166), magnifique et très rythmée, à deux voix (masculine et féminine), un très beau morceau ; elle raconte comment un homme paralysé à cause de ses péchés obtient sa guérison de la Vierge. Evidemment, j'ai une affection particulière pour les "Cantigas", puisqu'ils relèvent de cette culture méditerranénne ancienne à laquelle je suis attaché.

Ensuite, 1 chanson de Charles d'Anjou, roi de Naples et des Deux-Siciles, comte de Provence (1226-1285), frère de St Louis, grand protecteur des arts qui fit de son royaume de Naples et de la Provence des centres artistiques de premier plan ; il fit réaliser le "Chansonnier du Roi", l'un des plus importants manuscrits de chansons de cette époque ; il fut plutôt un mécène qu'un poète ou compositeur, mais il a laissé néanmoins quelques chansons. "La plus noble emprise qui soit" est un lai dans lequel Charles s'adresse à sa bien-aimée, la priant d'accepter son amour. Un très beau morceau chanté à une seule voix masculine, lent et doux, où la voix tient le premier plan. Texte en langue d'oïl (Charles est un prince français, il ne parle pas le provençal).

Puis 1 chanson de Guillaume VII de Poitiers, duc d'Aquitaine (1071-1127), qui est la plus ancienne de toutes celles présentées ici. Guillaume est un très puissant seigneur, grand-père de la célèbre Aliénor d'Aquitaine et grand troubadour. "Pos de chantar" est un "planh", ou "plainte" écrite à l'occasion d'un pélerinage à St Jacques de Compostelle. Chanté ici à une voix féminine, c'est une merveille de chant médiéval de culture d'oc, tout en subtilités et lenteur qui expriment les sentiments. Texte en langue d'oc.

Vient tout de suite après l'une de mes favorites, 1 chanson de Conon  de Béthune, régent de l'Empire (mort vers 1220). Fils de Robert V comte de Béthune, apparenté aux maisons de Hainaut et de Flandre, il est le protégé du comte Baudouin de Flandre ; quand celui-ci est élu à la tête de l'empire latin de Constantinople, Conon devient sénéchal, puis régent de l'empire. Il fait partie des plus grands trouvères, avec des chansons souvent caustiques ou humoristiques, parfois emprunte de misogynie. "L'autrier avint en cel autre païs" est à nouveau un débat, une joute verbale entre un chevalier et sa dame, sur un ton très humoristique ; un grand plaisir, avec une musique très agréable et rythmée. Texte en langue d'oïl.

La dernière est 1 chanson de Richard Ier Coeur de Lion, roi d'Angleterre (1157-1199). Souvent chanté par les troubadours, on ne peut lui attribuer que deux chansons, dont celle-ci qui a conservé sa mélodie. Elle a pour thème un appel pour payer la rançon du roi, qui est retenu prisonnier par le duc d'Autriche au retour de la 3e croisade. "Ja nul hons pris ne dira sa raison", dite aussi "Rotrouenge du captif", est une rotrouenge, très belle chanson douce à une voix masculine que l'instrument ne fait que soutenir. Belle et émouvante, cette chanson dans laquelle le roi reproche à ses proches et barons de tarder à payer sa rançon. Texte en langue d'oïl.

 

Le livret présente les auteurs et donne les textes des chansons, rapidement traduits en trois langues (français contemporain, anglais et allemand). Cela permet d'apprécier aussi les paroles, même quant on ne comprend pas le français médiéval ou le galicien. Ce CD est un bon moyen de faire connaissance avec le chant médiéval.

Enfin, les instruments sont limités : flûtes à bec médiévales, luth oriental (ûd), percussions (tambour, tambourin), vièle à arc, luth médiéval, guitare sarrasine, orgue portatif et haubois à capsule.

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4 mai 2006 4 04 /05 /mai /2006 03:55

 

Carla COCO, Harem - L'Orient amoureux, traduit de l'italien par Reto Morgenthaler, éditions Place des Victoires, Paris, 2002.

191 pages ; bibliographie, glossaire.

 

 

Ce livre superbe, abondamment illustré, évoque l'histoire et la vie dans les harems ottomans, lieux coupés du monde qui ont tant fasciné les Occidentaux et inspiré les Orientalistes. Il en retrace les différents aspects, le statut des femmes qui vivent dans les harems et leurs origines, le rôle politique que joue le harem du Sultan, la vie quotidienne dans ce monde clos, ses règles et ses intrigues. Méconnu de l'Occident, sinon à travers fantasmes et clichés, c'est tout un univers qui se dévoile, avec son raffinement mais aussi ses réalités moins idéales.

On y découvre des personnages étonnants, comme Nur Banu, Européenne du XVIe s., épouse du sultan Selim II et mère du sultan Murat. Une femme exceptionnelle, qui n'hésite pas à s'imposer dans les affaires de l'empire. Elle meurt brusquement en 1583, sans doute empoisonnée à l'instigation de l'épouse de Murat, Safiye, et est inhumée dans un petit mausolée à l'intérieur de Ste Sophie. Mais aussi les dernières femmes du harem ottoman et leurs velléités de liberté.

L'historienne italienne Carla Coco s'est spécialisée dans l'histoire de la Turquie et les relations entre Venise et les Ottomans. Elle a consacré plusieurs ouvrages et essais à ce sujet.

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4 mai 2006 4 04 /05 /mai /2006 03:36

"Je me croyais si parfaitement seul, que j'éprouvai une étrange impression en apercevant près de moi, derrière d'épais barreaux de fer, le haut d'une tête humaine, deux grands yeux verts fixés sur les miens.

Les sourcils étaient bruns, légèrement foncés, rapprochés jusqu'à se rejoindre ; l'expression de ce regard était un mélange d'énergie et de naïveté ; on eût dit un regard d'enfant, tant il avait de fraîcheur et de jeunesse.

La jeune femme qui avait ces yeux se leva, et montra jusqu'à la ceinture sa taille enveloppée d'un camail à la turque aux plis longs et rigides. Le camail était de soie verte, orné de broderies d'argent. Un voile blanc enveloppait soigneusement la tête, n'en laissant paraître que le front et les grands yeux. Les prunelles étaient bien vertes, de cette teinte vert de mer d'autrefois chantée par les poètes d'Orient.

Cette jeune femme était Aziyadé.

Aziyadé me regardait fixement. Devant un Turc, elle se fût cachée ; mais un giaour n'est pas un homme ; tout au plus est-ce un objet de curiosité qu'on peut contempler à loisir. Elle paraissait surprise qu'un de ces étrangers, qui étaient venus menacer son pays sur de si terribles machines de fer, pût être un très jeune homme donc l'aspect ne lui causait ni répulsion ni frayeur."

(Pierre Loti, Aziyadé, 1877)

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4 mai 2006 4 04 /05 /mai /2006 00:54

L'Union Européenne se décide enfin à suspendre les négociations avec Belgrade pour faire entrer la Serbie dans l'Union. Quand même ! Il était temps !

Espérons que cette fois, l'Europe se montrera à la hauteur et n'adoptera pas une attitude aussi lâche que celle qu'elle a eu durant la guerre en Bosnie. Comment peut-on accepter l'idée même qu'un pays qui s'est rendu coupable des crimes que l'on sait et qui refuse de livrer les criminels de guerre puisse un jour faire partie de l'Union Européenne ? C'est un affront terrible fait aux victimes bosniaques de la tentative de génocide, et à nos amis musulmans en général. Quel message cela transmet-il au monde que de souhaiter s'allier aux tortionnaires d'hier qui refusent de reconnaître leurs crimes ?

Rappelons au passage que ce qui s'est passé en Bosnie, sous le regard impuissant des soldats de l'ONU, est sans conteste l'une des plus grandes hontes de la fin du XXe s. Qui a pu oublier les visages de ces femmes, de ces enfants, de ces hommes abandonnés par nos dirigeants à un sort qu'on savait terrible ? A quoi cela sert-il de commémorer de façon si ostentatoire  la victoire sur les crimes du nazisme et de tant insister sur la déportation et les camps de la mort, si c'est pour laisser se reproduire sous nos yeux une horreur équivalente sans broncher ? Tant que la Serbie n'aura pas fait ce travail nécessaire de reconnaissance de ses fautes et n'aura pas condamné les auteurs de crimes contre l'humanité, elle doit rester une nation avec laquelle on ne saurait traiter. C'est la moindre des choses à l'égard des victimes.

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3 mai 2006 3 03 /05 /mai /2006 22:00

La seconde position du retable consiste à ouvrir les deux panneaux du centre pour couvrir les volets droit et gauche ; la prédelle reste quant à elle fermée, comme dans la première position.

Le retable ouvert, dans la seconde position.

Sur le panneau central, la Nativité traitée de façon atypique.

 

Au centre se développe le thème de la Nativité, mais traité de façon particulière, dans une atmosphère inondée de lumière, aux tons doux, qui contraste avec la Crucifixion du premier volet. La Vierge à l'Enfant se tient à droite, souriante et conforme aux canons de l'école alsacienne. Assise sur un banc de pierre, dans un jardin, elle tient en un geste délicat l'Enfant qui est drapé dans un linge déchiré que nous connaissons déjà : c'est le pagne du Crucifié rencontré dans le premier tableau, qui annonce la Passion. A côté d'elle, des objets du quotidien évoquant la naissance et l'Incarnation dans sa réalité terrestre : un berceau, un baquet de bois pour le bain de l'enfant, un vase de nuit. Derrière elle, un paysage surmonté par Dieu le Père, inondé d'une lumière dorée, qui envoie sur terre des anges qui annoncent, sur la montagne, la nouvelle aux bergers. Un certain nombre de symboles évoquent en particulier les litanies de la Vierge : la porte close du jardin ("hortus conclusus"), la rose sans épines ("rosa mystica"), le vase de verre translucide ("vas honorabile"). Sur le côté gauche, un ange joue de la viole de gambe, vêtu d'une robe d'un rose tendre et inondé de lumière. Derrière lui, sous un baldaquin gothique tardif, sans doute une représentation de l'Incarnation et le concert des anges : accompagnée d'anges, la Vierge agenouillée, le visage illuminé d'une lumière étrange, est fécondée par l'Esprit représenté par des anges dorés.

 Le volet gauche ouvert : l'Annonciation.

Sur le volet de gauche, une Annonciation toute aussi particulière. La scène prend place dans une église gothique de type germanique. L'ange Gabriel, à droite, semble surgir, comme le montre le mouvement des plis de son vêtement ; ses pieds ne touchent pas le sol, il est un être surnaturel. La Vierge, qui était en train de lire, détourne la tête mais se soumet ; sur le livre ouvert devant elle, au centre de la scène, on peut lire la prophétie d'Isaïe : "une vierge sera enceinte, elle enfantera un fils et il sera appelé Emmanuel" ; Isaïe est d'ailleurs représenté en haut à gauche, dans un des compartiments de la voûte. Grünewald a donc choisi de représenter l'instant précis où la prophétie s'accomplit et où la Vierge est fécondée par l'Esprit Saint, figuré par la colombe qui vole au-dessus d'elle.

 L'extraordinaire Résurrection du volet droit ouvert.

Sur le volet de droite, la magnifique Résurrection qui est elle aussi tout à fait atypique et montre la grande maîtrise technique de Grünewald. Le peintre choisit de représenter le moment où le Christ ressuscité s'élance hors du Tombeau ; une partie du linceul est encore dans le sarcophage de pierre dont le couvercle a basculé sur le côté. Le Christ a revêtu le manteau rouge du triomphe sur la mort. Il montre les paumes de ses mains transpercées et son visage s'enveloppe d'une extraordinaire auréole de lumière qui utilise avec délicatesse un dégradé allant du jaune le plus éclatant au rouge. Plus qu'endormis, les soldats présents, vêtus de lourdes armures, semblent terrassés par cette vision surnaturelle. La scène se déroule dans un paysage aride de rochers et dans une obscurité qui rappelle la Crucifixion. Le visage du Christ est d'une remarquable sérénité, esquissant un léger sourire, et sa peau est presque translucide. Ce volet est sans conteste un véritable chef d'oeuvre dans lequel le peintre montre toute sa maîtrise de la couleur. 

 

Cet ensemble de la seconde position présente deux caractères qui font toute l'originalité de l'oeuvre : le choix de représenter des scènes religieuses de façon non traditionnelle, à des moments particuliers, et l'art subtil de la couleur et des jeux de lumière, qui font de Matthias Grünewald l'un des plus grands artistes de son temps.

Il nous reste à voir la troisième position, qui fait cohabiter la peinture de Grünewald et les sculptures de Nicolas de Haguenau.

 

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3 mai 2006 3 03 /05 /mai /2006 16:31

En dehors des mosquées, la ville du Caire recèle de nombreux autres trésors d'art islamique, qui comptent parmi les plus beaux du monde. Lors de mon séjour dans cette ville en 2004, je n'y suis resté que peu de temps et je suis reparti un peu frustré vers la Haute-Egypte, mais en me promettant une chose : je reviendrai, et je prendrai le temps qu'il faudra pour découvrir plus en profondeur cette ville dont je suis tombé amoureux.

L'extraordinaire Cité des Morts...

 

L'une des choses les plus fascinantes, c'est la fameuse Cité des Morts, immense nécropole (la superficie totale est d'environ 1000 hectares !) hérissée de coupoles magnifiques et de minarets qui abrite des tombes et mausolées de toutes les périodes ; cela au milieu de la ville des vivants, tant l'extension tentaculaire du Caire moderne s'est développée dans toutes les directions. Mais ce n'est pas seulement une nécropole : toute une population y vit, dont a du mal a estimer le nombre exact ; une population pauvre venue de toute l'Egypte. On distingue le cimetière nord et le cimetière sud. Tous les jours, nous passions devant la Cité, mais je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de m'y rendre ; c'est un des lieux que je compte explorer lors de mon prochain voyage. Les plus célèbres mausolées sont d'époque mamelouk (Barqûq, Sultan Inâl, Sultan Qâyitbây...), mais il y a vraiment des merveilles de toutes les périodes. Certains mausolées se visitent de façon officielle, avec tarif d'entrée ; pour d'autres, un bakhshish versé au gardien ou à la famille qui l'occupe permet d'entrer.

A l'intérieur d'un mausolée dans la Cité des Morts...

Autre point d'intérêt dans Le Caire islamique, les vestiges de fortifications. Il y a bien sûr l'imposante citadelle construite par Salâh ed-Dîn (Saladin) au sud-est de la ville, qu'elle domine et sur laquelle elle offre un point de vue remarquable ; c'est à l'intérieur de la Citadelle que se trouve la mosquée de Muhammad 'Alî. Mais il y a aussi les portes médiévales (époques fâtimide et ayyûbide, XIe-XIIe s.), qui font l'objet des restaurations : Bâb an-Nasr (Porte de la Victoire) et Bâb al-Futûh (Porte des Conquêtes) au nord,  et Bâb Zuwayla (du nom d'une tribu berbère dont les soldats, au service des Fâtimides, étaient logés près de là) au sud. Ces portes sont les mieux conservées du monde musulman.

 

Bâb an-Nasr (à gauche) et Bâb al-Futûh (à droite)...

Bâb Zuwayla...

 

Vue générale de la Citadelle...

Enfin, il y a également des maisons et palais de toutes époques à découvrir. Le musée Gayer Anderson, du nom d'un collectionneur anglais, consacré à l'art islamique, est installé juste à côté de la mosquée d'ibn Tûlûn dans deux maisons d'époque ottomane ; vraiment magnifique ! Le musée islamique, fondé au début du XXe s., fait l'objet de restaurations ; ses collections sont exceptionnelles. Même dans le très touristique Khan el-Khallili, de magnifiques trésors d'architecture surgissent.

Une des salles du musée Anderson...

(photos : cites-du-monde et tour-egypt ).

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