Qui sont exactement les Coptes, ces chrétiens d'Egypte dont on n'a en Europe qu'une idée extrêmement vague ?
Un texte en langue copte.
Leur nom, tout d'abord. Le mot « copte » vient du grec « aiguptos » signifiant « égyptien », altéré en « kuptios », puis passé en arabe sous la forme « qibt ». Ce terme sert à désigner des réalités qui peuvent paraître confuses : une réalité religieuse (les chrétiens d'Egypte), une réalité linguistique (la langue copte, héritière de l'ancienne langue égyptienne antique), une réalité ethnique (les descendants de populations antérieures à l'invasion arabe), une réalité historique (la période chrétienne de l'Egypte, entre l'Antiquité tardive et l'invasion arabe), enfin une réalité culturelle et artistique. Ce premier tour d'horizon de ce que recouvre le terme montre déjà la complexité du sujet.
Saint Marc, fondateur de l'Eglise copte selon la tradition
(icône contemporaine de Victor Fakhoury).
Le culte copte aurait été instauré par St Marc, l'un des évangélistes, venu prêcher à Alexandrie. La ville compte déjà une importante communauté chrétienne au IIe s. de notre ère et va devenir l'un des grands centres du christianisme naissant. Le monachisme apparaît en Egypte dès le IVe s. et rayonnera plus tard dans tout le monde chrétien ; les grandes figures sont alors st Antoine, st Athanase, st Pacôme, st Macaire... C'est en grande partie sous l'influence de ces monastères que l'Egypte va se convertir au christianisme. Traditionnellement, on considère que la fermeture définitive du temple de Philae au culte d'Isis et sa conversion en église, vers le milieu du VIe s. de notre ère, marque la transition entre Antiquité tardive et période copte. La rupture entre Rome et l'Eglise copte intervient pourtant, comme pour l'orthodoxie byzantine, avec le concile de Chalcédoine, en 451.
Saint Antoine
(icône contemporaine d'Isaac Fanous, église de la Nativité de la Vierge, Los Angeles, 1990)
La langue copte a développé son propre alphabet à partir de l'alphabet grec complété par 7 caractères empruntés au démotique pour rendre des sons n'existant pas en grec. Elle devient la langue officielle du patriarcat au Ve s. Elle n'est plus utilisée comme langue liturgique que par les Coptes orthodoxes.
Saint Athanase
(icône contemporaine d'Isaac Fanous, église de la Nativité de la Vierge, Los Angeles, 1993)
Du point de vue religieux, les chrétiens coptes d'Egypte se divisent en deux branches : les Coptes orthodoxes, les plus nombreux, et les Coptes catholiques uniates, qui observent le culte copte mais sont rattachés à Rome. Les Coptes orthodoxes sont dirigés par un patriarche, le patriarche orthodoxe d'Alexandrie, qui porte aussi le titre de pape ; selon la tradition, il est le successeur de st Marc, d'où l'expression "le Trône de st Marc", comme les catholiques disent "le saint-Siège" ; l'actuel pape copte est Chenouda III. Les Coptes Uniates se sont rapprochés de l'Eglise catholique dès le XVIIIe s. et sont dits Uniates depuis 1895 ; ils ont également un patriarche uniate d'Alexandrie.
Saint Macaire
(fresque ancienne, avec des inscriptions en copte et en arabe, comme vous le remarquez)
Les Coptes d'Egypte forment numériquement la minorité chrétienne la plus importante du Moyen-Orient, même si les chiffres officiels et ceux de la communauté copte ont du mal à coïncider ; disons qu'ils représentent 10 à 15 % de la population égyptienne.
Saint Pacôme
(patriarcat orthodoxe copte, Le Caire, 1993)
Enfin, les Coptes ne sont pas les seuls chrétiens en Egypte, même s'ils sont de loin les plus nombreux. Il existe également des minorités catholique, protestante et melkite (grecque catholique). Et on trouve également des Coptes dans d'autres pays, comme l'Ethiopie, qui compte une Eglise copte indépendante de celle d'Egypte. Il y a en France deux diocèses coptes égyptiens.
Croix gravée par les Coptes sur le temple de Philae lors de sa transformation en église
(photo Theti-Nefred, en décembre 2006)
Pour ceux qui voudraient poursuivre cette rencontre, voici un lien bien documenté d'où sont tirées les superbes icônes représentant les saints coptes.