Le nom du chat nous vient du bas-latin "cattus", qui désignait le chat sauvage d'Europe, dont quelques individus survivent encore. L'origine du chat domestique est encore sujet à controverses, mais le chat domestique occidental, Felis silvestris Cattus, est essentiellement issu d'un croisement le Felis silvestris libyca, le chat ganté d'Afrique, et le Felis silvestris silvestris, le chat sauvage européen.
Des fouilles françaises menées à Chypre sur le site néolithique de Shillourokambos ont réservé en 2004 une découverte étonnante : à côté de la tombe d'un homme, à quelques centimètres de celle-ci, fut exhumée la tombe d'un jeune chat, associée à la précédente. Au VIIIe millénaire avant notre ère, les habitants de ce village néolithique consommaient couramment des chats sauvages, mais le félin inhumé semble indiquer un début de domestication. Cela remet en question l'idée que le chat a été domestiqué en Egypte, où il est attesté depuis le Ve millénaire avant notre ère. On peut penser que la domestication du chat s'est faite au Proche-Orient parallèlement au développement de l'agriculture, avec le souci de protéger les récoltes des rongeurs.
C'est cependant bien la civilisation égyptienne qui va faire du chat un compagnon de l'homme et le répandre dans tout le monde méditerranéen. Attesté en tant qu'animal domestique dès les alentours de 4000 avant notre ère, le chat sera même déifié par les Egyptiens sous la forme de la déesse chatte Bastet, dont le culte connaîtra un grand développement à l'époque tardive. On a retrouvé dans les lieux de culte de la déesse de nombreuses momies de chats. Attention, si certains chats jouissaient d'un traitement de faveur, d'autres étaient rituellement sacrifiés puis momifiés et offerts par les fidèles à la déesse, aspect que l'on oublie souvent.
Puis les Grecs, entrés en contact avec l'Egypte, adoptèrent à leur tour le chat domestique. A partir du IIe s. avant notre ère, il est un animal courant dans les demeures grecques. Aristophane mentionne le succès des ventes de chats sur les marchés d'Athènes. C'est sans doute à cette époque que le chat africain d'origine est croisé avec le chat sauvage européen.
Enfin, le chat devint un compagnon de choix dans les classes aisées de Rome, favorisant sa diffusion dans tout l'Empire. Il est un signe de raffinement. Dès lors, l'usage se répandit progressivement chez les populations de l'Empire d'avoir des chats domestiques.
Après cette faveur dans l'Antiquité, le chat va connaître une période sombre avec l'arrivée du christianisme. Associé au diable et aux sorcières, le chat continue à exercer sa fonction de chasser les rongeurs, mais subit de terribles persécutions. Des coutumes barbares, qui perdureront longtemps, consistaient à brûler des chats sur des bûchers lors de certaines fêtes religieuses. Cette coutume se retrouve à Paris au XVIIe s., où des chats vivants sont précipités dans les flammes des feux de la St Jean !
Mais déjà un certain nombre de grands personnages, sans doute sous l'influence des modes orientales, contribuent à réhabiliter le chat. Le cardinal de Richelieu avait ainsi un superbe chat blanc dont il ne se séparait jamais. Nicolas Claude Fabri de Peiresc, le grand humaniste provençal, avait lui aussi, vers la même époque, une passion pour les chats ; Bonaffé note au sujet de son Cabinet de curiosités : "La police était faite par une armée de chats pour lesquels Peiresc professait une délection particulière; c'étaient les conservateurs de sa bibliothèque." C'est d'ailleurs Peiresc qui va introduire en France le chat angora, dont le premier individu sera ramené dans sa bastide de Belgentier, dans la région toulonnaise.
L'époque romantique va faire du chat l'un de ses animaux fétiches. Il devient alors le compagnon des écrivains et des artistes, fascinés par son côté mystérieux. Les persécution sont désormais bien loin, et nos matous coulent des jours paisibles, appréciés à leur juste valeur par de nombreux amateurs.