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PrÉSentation

  • : Ankh-Neferkheperou-Rê
  • : Pas de sujet précis, mais un ensemble de rubriques, qui évolueront avec le temps. Même si un accent particulier est mis sur l'Egypte. Ce qui compose mon univers et que je souhaite partager... Des passions, des coups de coeur et des coups de gueule, des ré
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Papyrus éphémère

 

 

Création et cadeau de Theti

 

 

 

Fouiller

Texte Libre

 

 

 

 

 

  

Message des Scribes d'Ankhneferkheperourê :

 

Fermeture définitive de la Cité dimanche 27 mai 2007.

Vieux Papyrus

Notre Cité

24 janvier 2007 3 24 /01 /janvier /2007 07:52

Si l'on compare le site actuel de Saqqarah avec les cartes dressées au XIXe s. par Auguste Mariette (dans les années 1850) ou J. de Morgan (1897), on est surpris de voir que le nombre de mastaba présents sur le site était alors plus important. Qu'a-t-il donc bien pu se passer ?

 

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Mastaba de Kaninisout (musée de Vienne, Autriche) 

 


Au début du XXe s. , les pillages vont bon train, à la faveur de la vague d'égyptomanie qui ne cesse de fasciner l'Europe et l'Amérique. Les pillards égyptiens, dépeçant les monuments et dévastant les sites pour le compte de marchands peu scrupuleux, alimentent un marché de l'art lucratif, auquel participent les grands musées.


 

Saqqarah n'échappe pas à cette lente destruction, en particulier les mastaba qui sont des cibles aisées difficiles à protéger. Devant ce désastre, les autorités responsables des Antiquités et le gouvernement égyptien décident de réagir ; fouilles et exportations non réglementées ayant beau être interdites, le pays se vide de ses trésors archéologiques. La mesure choisie pour endiguer ce fléau est pour le moins surprenante : on décide d'accorder aux principaux musées européens et américains des concessions, avec la possibilité de faire l'acquisition de certains mastaba pour les intégrer à leurs collections !

 

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Mastaba de Neferirtenef (musée de Bruxelles, Belgique) 


C'est ainsi que nombre de mastaba vont quitter l'Egypte pour l'Europe ou l'Amérique : démontés et expédiés dans des caisses, ils y seront remontés avec plus ou moins de bonheur. Le mastaba de Hetepherakhty part ainsi pour Leyde, celui de Neferirtenef pour Bruxelles, celui de Kaninisout pour Vienne, celui d'Ouhemka pour Hildesheim, celui d'Ourirenptah pour Londres et celui de Kahemrehou pour Copenhague. D'autres partent pour les Etats-Unis : les mastaba de Sekhemankhptah et Kayemnofret à Boston, celui de Perneb à New York, celui de Kapourê à Philadelphie et celui de Neterouser à Chicago.

 


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Mastaba d'Akhethetep (musée du Louvre, Paris)

 

Le choix du musée du Louvre, pour la France, se porte sur le mastaba d'Akhethetep. C'est Georges Bénédite, conservateur adjoint au département des Antiquités égyptiennes, qui est envoyé en Egypte pour choisir le mastaba qui sera transporté au Louvre. Le tout se fera en fort peu de temps : Bénédite arrive en Egypte le 13 mars 1903, il rencontre Gaston Maspéro, directeur du Service des Antiquités de l'Egypte, le lendemain pour fixer les conditions ; des fouilles sont menées sans tarder, Bénédite choisit le 27 mars le mastaba d'Akhethetep qui vient d'être dégagé ; le 3 mai, le mastaba a été démonté et préparé au transport ; et le 9 mai 1903, Bénédite embarque pour la France.

 


Impensables aujourd'hui, ces mesures ont certes eu le mérite d'assurer la préservation de ces monuments, outre le fait de permettre à un public amateur d'égyptologie et ne pouvant se rendre en Egypte de les admirer. Mais à quel prix ? Celui de priver un pays d'une partie de son patrimoine et un site d'une partie de ses vestiges...

 


Cet exemple n'est qu'un parmi d'autres. Il invite à la réflexion. Non seulement d'autres sites égyptiens subirent le même sort, mais aussi des sites du monde entier. Aujourd'hui, certains décrient les lois qui protègent le patrimoine de l'Egypte et limitent ce qui peut être concédé aux musées étrangers. Mais le patrimoine archéologique et historique n'est-il pas à sa place dans le pays qui l'a vu naître ?

 

 


 

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 Mastaba d'Akhethetep (musée du Louvre, Paris)

 

 



Source sur Saqqarah : C. Ziegler, Le Mastaba d'Akhethetep - Une chapelle funéraire de l'Ancien Empire, Louvre - Monographies, éd. de la RMN, Paris, 1993. Ouvrage sur lequel nous reviendrons.

Photos : Insecula.

Sur le mastaba d'Akhethetep : un dossier en ligne par le ministère de la Culture.

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1 novembre 2006 3 01 /11 /novembre /2006 20:24

Comme nous l'avons vu dans l' article concernant la partie historique, l'actuelle ville de Mit-Rahineh recouvre aujourd'hui en grande partie les vestiges de cette capitale de l'Ancien Empire. Il ne reste de ce fait que très peu de vestiges de la ville antique de Memphis.

Le parc des vestiges de Memphis.


Des ruines éparses sont tout ce qui subsiste sur l'emplacement du grand temple de Ptah. Ce temple et son enceinte occupaient une zone importante dans la ville antique. Il a été fouillé, mais l'essentiel des vestiges trouvés ont été déplacés et dispersés dans les musées du monde entier ; les pièces maîtresses sont aujourd'hui exposées au musée égyptien du Caire. Sur place, un parc en plein air ne présente donc que quelques éléments, quelques sculptures.

Une superbe base de colonne sculptée d'inscriptions hiéroglyphiques.

Un haut-relief figurant Ptah.

Un superbe fragment de fût de colonne sculpté.

A deux pas de là, en dehors de l'ancienne enceinte du temple aujourd'hui disparue, se trouve un superbe colosse de Ramsès II, en calcaire siliceux à grain fin, protégé par une structure, le musée du Colosse ; il devait mesurer un peu plus de 13 mètres quand il était intact, car il manque en effet le bas des jambes et une partie de la couronne. Il marquait l'axe sud du complexe. On remarque sur la sculpture monumentale, au niveau des épaules, de la poitrine, de la ceinture et des bracelets, les cartouches royaux d'intronisation et de naissance, ainsi qu'un poignard à tête de faucon glissé dans la ceinture.

Le colosse de Ramsès II...

... la finesse de la sculpture et la qualité de la pierre...

... la ceinture avec le poignard en faible relief.


Non loin de là un sphinx d'albâtre monolithe de huit mètres de long, découvert en 1912, gardait probablement l'entrée sud du temple. Anépigraphe, il date de la XVIIIe dynastie et pourrait être attribué à Amenophis II ou Thoutmosis IV.

Le grand sphinx d'albâtre.

Les centaines d'ex-votos dotés d'oreilles trouvés sur le site et présentés dans divers musées étaient consacrées au Nouvel Empire à Ptah « qui écoute les prières ». On offrait au temple ces ex-votos avec un texte dédicatoire. Certains d'entre eux montrent un mur en réduction qui permet d'imagnier l'une des parties du temple à cette époque, sans doute une sorte d'oratoire au mur crénelé sculpté de deux grandes oreilles. Ces stèles sont pour l'essentiel de la XVIIIe dynastie.

A l'ouest, le temple avait été doté par Ramsès II d'une grande salle hypostyle précédée d'un pylône doté de colosses ; des vestiges en subsistent dans une zone marécageuse. Cette salle hypostyle présentait une large nef centrale à double rangée de colonnes, mais surtout des bas-côtés qui l'entourent sur trois côtés, ce qui la distingue des exemples thébains. Fondations et bases de colonnes permettent d'imaginer la grandeur de cette salle.

Les vestiges de la colonnade de Ramsès, dans la zone marécageuse.

Au sud-ouest de l'enceinte du complexe ont été retrouvées les tables d'embaumement du taureau Apis, qui remonteraient à en croire Hérodote aux travaux de Pasmmétique Ier (XXVIe dynastie). Embaumé à Memphis, le taureau sacré était ensuite inhumé avec tous les honneurs dans la nécropole de Saqqarah.

Les tables d'embaumement du taureau Apis.

Plusieurs chapelles ont été dégagées au sud de l'enceinte principale le long d'une voie processionnelle qui devait relier le temple à un autre complexe consacré à la parèdre du dieu, Hathor ou Sekhmet : un petit temple de Ramsès II consacré à « Ptah-qui-est-au-Sud-de-son-Mur », une chapelle de Sethi Ier consacrée à deux hypostases de la ville divinisée, un temple reposoir d'Hathor.

Enfin, un grand portail flanqué de colosses, à l'est, ouvrait sur la zone des palais royaux. La plus célèbre des effigies royales de cet ensemble est la statue de Ramsès II qui se trouvait au Caire sur la place de la Gare et vient d'être déplacée.

Le palais de Merenptah, fils et successeur de Ramsès II, assorti d'un petit temple, a été découvert ; il s'organisait selon un axe nord-sud.

Au nord du grand temple de Ptah se dressait une grande enceinte de la Basse Epoque contenant selon la tradition le palais d'Apriès (XXVIe dynastie) et un temple de Neith, cette dynastie étant originaire de Saïs, ville consacrée à Neith. Ce palais était édifié sur un promontoire et dominait ainsi tout le site. L'ensemble comprenait un palais royal, une citadelle, des annexes militaires (casernes et armureries. L'entrée principale du palais, dégagée par Flinders Petrie, portait sur ses montants des reliefs jubilaires du roi. Aujourd'hui, cette zone se présente comme un grand monticule de briques crues d'où émergent les chapiteaux d'une salle à colonnade. Cet ensemble est de fouillée par une mission belgo-russe.

Les vestiges du palais d'Apriès.

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28 octobre 2006 6 28 /10 /octobre /2006 03:05

Le site de Memphis, même si les vestiges qui en restent sont bien minces par rapport à sa gran deur passée, est d'une telle importance pour l'Antiquité égyptienne que deux articles y seront consacrés : un premier article, celui-ci, qui présentera un aperçu historique de cette ville extraordinaire ; et un second article qui se concentrera sur les vestiges encore visibles sur place. 

Mit-Rahineh, la ville actuelle construite sur le site de l'antique Memphis...

L'antique ville de Memphis se trouve aujourd'hui à l'emplacement de la ville de Mit-Rahineh, à une trentaine de kilomètres au sud du Caire, au coeur d'une palmeraie. Memphis est son nom grec, mais les anciens Egyptiens l'appelaient « Ineb Hedj » (la « Muraille Blanche ») ou encore « Ankh Tawi » (« Balance des Deux Terres »1) ; ce nom grec viendrait de l'égyptien « Men Nefer », qui désignait en réalité le complexe funéraire de Pepi Ier (VIe dynastie), dont la pyramide se dresse dans le désert à quelques kilomètres de Mit-Rahineh.

Le symbole d'Ineb Hedj, capitale du 1er Nome de Basse-Egypte...

...et Men-Nefer, la sépulture de Pepi Ier, confusion qui donna le nom grec de la ville.


La tradition, transmise par Hérodote, affirme que la ville aurait été fondée par le premier roi, Menes, quelques 3000 ans avant notre ère. Elle fut capitale de l'Egypte sous l'Ancien Empire, mais conserva une grande importance même après que les souverains égyptiens eurent transféré la capitale plus au sud, à Thèbes (auj. Luqsor). Cette importance s'explique par le lien de la ville avec la royauté égyptienne, ainsi que par la situation géographique privilégiée tant pour le contrôle des deux parties du pays que pour celui du commerce et des communications entre Afrique et Orient. Elle resta de ce fait une capitale administrative et culturelle, d'où furent issus nombre de fonctionnaires, scribes, artistes et artisans. Elle assumait en outre le rôle de centre religieux et administratif du 1er nome de Basse-Égypte. La ville continua de se développer et de prospérer au cours du Moyen et surtout du Nouvel Empire. Après l'échec d'Amenophis IV - Akhenaton pour imposer la nouvelle capitale d'Akhetaton (Tell el-Amarna), C'est à Memphis que Toutankhamon fera revenir la Cour. Elle connut une époque particulière de splendeur sous le règne des Ramessides.


A en croire les sources historiques, Memphis fut la plus grande ville de l'Egypte antique, à la fois la plus peuplée, la plus magnifique, la plus célèbre hors des frontières du royaume ; de par le rôle que jouèrent dans le commerce extérieur son port et ses ateliers, ce fut sans doute aussi l'une des plus cosmopolites. Des commerçants du Levant s'y étaient établis et y célébraient le culte de leur déesse Ashtart2. Son territoire était très étendu et elle ne compta pas moins de 8 nécropoles successives3. 

Carte des nécropoles memphites.


 

 

Le dieu tutélaire de la ville était Ptah, ce qui explique l'importance de la ville pour les artistes et artisans. Plus tard, à l'époque ptolémaïque, les Grecs assimileront Ptah à Hephaïstos. C'est du nom antique du grand temple de Ptah, «Hutkaptah »4 que dériverait le nom grec d' « Aigyptos », qui donna le nom latin du pays. La ville restera toujours le lieu du principal sanctuaire de Ptah en Egypte. L'un des cultes les plus populaires de Memphis était consacré au taureau Apis, incarnation de Ptah ; à sa mort, le taureau sacré était embaumé et recevait des funérailles dignes de son rang.

Le Taureau Apis, incarnation de Ptah, démiurge tutélaire de Memphis.


La ville jouera un rôle militaire non négligeable à l'époque des rois kushites, de l'invasion assyrienne et enfin de l'invasion perse. Si c'est à Memphis qu'Alexandre fut couronné roi, dans le grand temple de Ptah, et si les souverains ptolémaïques conservèrent à la ville un rôle religieux et politique important, la création d'Alexandrie par les Grecs scella le destin de la ville. La prépondérance d'Alexandrie ne cessa de s'affirmer, supplantant progressivement Memphis dans les domaines économiques et culturels. C'est l'époque romaine qui marque le véritable déclin de la vieille métropole. Elle sera définitivement abandonnée à l'époque byzantine. Avec la conquête arabe et la fondation de Fustât commence un lent démantelage des vestiges, réutilisés pour la construction de monuments. Même si le chroniqueur arabe 'Abd el-Latif, au XIIIe s., s'émerveille encore devant les restes de sa splendeur passée.

Flinders Petrie, l'un des principaux artisans de la redécouverte de Memphis.

Si l'expédition d'Egypte relève des vestiges de la glorieuse cité, c'est Flinders Petrie, au XIXe s., qui entamera la rédécouverte de l'ancienne Memphis dans la grandeur qui fut la sienne.

De bien modestes vestiges pour celle qui fut la plus grande ville de l'Egypte ancienne

 

Notes explicatives :

1- En effet, la ville occupait une position clef entre Basse- et Haute-Egypte, les anciens Egyptiens n'ayant pas cette notion de Moyenne-Egypte que nous distinguons aujourd'hui.

2- Que nous connaissons aussi sous le nom d' "Astarté".

3- Abu Ghurab, Abu Roash, Abusir, Dahshur, Gizeh, Mit-Rahineh, Saqqarah, Zawiyet el-Aryam.

4- Le « Palais du kâ de Ptah ».

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14 octobre 2006 6 14 /10 /octobre /2006 00:18

Denderah, situé à environ 70km au nord de Luqsor, près de la ville de Qena, était dans l'Egypte antique la capitale du VIe nome, Tentyris. Le site comprend une nécropole et un certain nombre d'édifices, mais surtout le célèbre temple d'Hathor, qui fut étudié par Mariette Pacha. Même si l'occupation du site remonte à une période très ancienne, les principaux monuments qu'on y voit aujourd'hui sont d'époque très tardive, ptolémaïque et surtout romaine. Dès l'Ancien Empire, cet endroit fut un lieu majeur du culte d'Hathor.

Plan du complexe d'Hathor : 1- Mammisi romain ; 2- Eglise copte ; 3- Mammisi de Nectanebo ; 4- Sanatorium ; 5- Temple d'Hathor ; 6- Lac sacré ; 7- Temple d'Isis.

Le complexe du sanctuaire de Denderah présente un ensemble intéressant. On pénètre dans l'enceinte entourée d'une grand mur de briques crues par la porte monumentale de Domitien et de Trajan, précédée de petits kiosques romains. A droite de l'entrée se trouvent deux mammisi, où la déesse donnait naissance à Ihy ; le premier que l'on rencontre est d'époque romaine, présentant des bas-reliefs montrant Hathor allaitant le roi ; le second, plus au sud, remonte à Nectanebo Ier (XXXe dynastie) et fut achevé à l'époque ptolémaïque ; c'est l'élément le plus ancien du complexe de Denderah. Plus au sud encore se trouve un « sanatorium » tardif, destiné aux bains rituels dans les eaux sacrées ou au rituel de l' « incubation », qui consistait à dormir dans la galerie dans l'espoir d'une apparition en songe de la déesse ou d'un signe de celle-ci.

Le mammisi romain, avec ses chapiteaux composites surmontés d'un dé sur lequel figure Bès, en tant que protecteur des naissances.

Le temple d'Hathor fut commencé sous Ptolémée IX et sa construction ne sera achevée qu'à l'époque romaine, sous le règne de Néron. Il fait donc partie des temples tardifs bien conservés où la synthèse s'opère entre les traditions architecturales égyptiennes et les adaptations ornementales gréco-romaines. La salle hypostyle qui fait suite à la cour, haute de 18m, a été décorée sous les règnes d'Auguste, de Tibère et de Néron, avec des chapiteaux hathoriques rehaussés de sistres, symboles et objets du culte de la déesse.La salle qui précède immédiatement le sanctuaire, ou salle de l'apparition, est flanquée de chaque côté d'une série de trois salles annexes. Le sanctuaire proprement dit est entouré d'une galerie qui dessert un ensemble de chapelles, en particulier celle d'Osiris remarquable par la qualité de ses reliefs. L'une des originalités du temple est la présence d'une série de salles, quelquefois qualifiées de « cryptes », ménagées sur trois étages dans l'épaisseur du mur. A remarquer que sur la face arrière du temple est représentée Cleopatre en compagnie de son fils Césarion.

Les colonnes hathoriques de la salle hypostyle.

 

Les étroits (et terrifiants) couloirs menant à la terrasse...


L'autre originalité du temple est sa terrasse supérieure, à laquelle on accède par une rampe tournante sur plan carré dont les murs s'ornent de bas-reliefs représentant la procession des prêtres ; à mi-hauteur s'ouvre une petite salle dans laquelle les prêtres célébraient une série de rituels avant de gagner la terrasse. Sur celle-ci se dresse un petit kiosque hathorique dans lequel l'effigie de la déesse était symboliquement régénérée par le Soleil. Sur la terrasse se trouvaient également deux reliquaires, dans l'un desquels se trouvait le fameux « zodiaque de Denderah » dont il ne reste sur place qu'un moulage, l'original ayant été déplacé au musée du Louvre, à Paris à l'époque de l'expédition d'Egypte. De l'autre côté, une rampe droite permet de regagner la galerie du sanctuaire.

Le kiosque hathorique de la terrasse supérieure du temple.


Au sud du temple d'Hathor se dresse un petit temple de la naissance d'Isis, reconstruit à l'époque romaine et décoré sous Auguste sur les bases d'un édifice ptolémaïque. Les salles extérieures de ce temple font face à l'est, tandis que les salles intérieures sont orientées en direction du temple d'Hathor, au nord. On accède directement à ce temple par une porte percée dans la partie orientale de l'enceinte à l'époque romaine.

Le lac sacré et ses palmiers.


A peu de distance à l'ouest se trouve enfin le lac sacré, aujourd'hui à sec.


Des vestiges de la ville antique de Denderah se trouvent à l'ouest du complexe du temple, avec en particulier un temple dédié à Horus. Quant à la nécropole, elle comprend des tombes d'époque pharaonique et de nombreux mastaba peu ornés. A l'ouest du site antique se trouvent des sortes de catacombes à voûtes de briques dans lesquelles étaient inhumés des animaux consacrés, en particulier des oiseaux et des chiens. On a également trouvé des sépultures de vaches, animal de la déesse.

Quelques exemples du style des reliefs de Denderah, caractéristiques de l'époque tardive :

Isis allaitant : très caractéristiques de l'époque tardive sont la rondeur et les reliefs des corps.

Deux reliefs de style tardif romain, avec les déesses Ouadjet et Nekhbet représentant la Haute- et la Basse-Egypte ; sur celui du bas, le roi enfant (ce qu'indique la tresse sur le côté de son visage) naît d'un lotus éclos. Le relief est lourd, en rondeur, pointilleux dans le détail, dénué de la géométrisation élégante du style égyptien. Les hiéroglyphes sont lourds et approximatifs. Sur le relief du haut, les rosettes sont un motif gréco-romain.

Cléopatre et son fils Césarion ; elle porte le disque solaire entouré des cornes de vache avec les hautes plumes, selon l'iconographie d'Hathor épouse d'Amon ; Césarion porte la double couronne des rois d'Egypte. Le style est plus proche du style ptolémaïque, montrant l'antériorité de la zone du sanctuaire par rapport à la salle hypostyle.

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23 septembre 2006 6 23 /09 /septembre /2006 21:10

Depuis les origines, ce furent une dizaine de temples qui furent construits sur le site d'Abydos. Le tout premier temple formait un lieu clos de 135 m2 entouré d'un mur de briques crues ; un 2e temple fut ensuite adossé contre celui-ci, puis l'ensemble fut remanié sous les IIe et IIIe dynasties, en particulier l'enceinte. Ce premier noyau sera complètement détruit sous la IVe dynastie. Des céramiques témoignent semble-t-il de l'activité du temple sou le règne de Khufu Kheops » pour les Grecs).

La localité actuelle est imbriquée dans le site archéologique...

Pepi Ier (VIe dynastie) reconstruisit le sanctuaire dans des proportions monumentales (120 x 150 m) , le dotant d'une double enceinte, de portails de pierre et de colonnes. Sous la XIe dynastie, Montouhotep Ier ajoute des colonnades et des autels. Montouhotep II reconstruisit à nouveau entièrement le temple, le dotant d'un pavement de pierre. C'est sur ce pavement que Sesostris Ier établit, durant la XIIe dynastie, des constructions de pierre ; il agrandit l'enceinte, donnant au temple des dimensions bien éloignées du modeste temple des origines. Sous la XVIIIe dynastie, Ahmosis construisit une chapelle, puis Thoutmosis III édifia un temple plus vaste et créa une voie processionnelle reliant le temple d'Osiris à la nécropole. Toujours sur le même site, Amasis, sous la XXVIe dynastie, reconstruisit une fois encore le temple et plaça à l'intérieur un sanctuaire monolithe de granit.

Le temple de Sethi Ier, ou Grand Temple d'Abydos.

Sethi Ier (XIXe dynastie) décida de rompre avec ses prédécesseurs et construisit un nouveau temple à 500 m au sud de la zone occupé par les sanctuaires plus anciens, plus proche de la nécropole : c'est ce qu'on apppelle le grand temple d'Abydos, qui sera achevé par son fils Ramsès II. Il se place sur ce qu'on appelle « l'Escalier du Grand Dieu », voie processionnelle reliant le temple d'Osiris à l'hypogée du dieu. Sethi a édifié ce temple en hommage aux souverains qui l'ont précédé, dans un souci de légitimation dynastique. C'est ainsi qu'on y trouve ce qu'on appelle les «Tables d'Abydos », liste de cartouches des souverains antérieurs à Sethi – dans lesquels sont d'ailleurs opérés des choix politiques et religieux ! Le temple adopte une curieuse forme en L. Ses reliefs comptent parmi les plus beaux de l'Egypte pharaonique. Seule la moitié du temple d'origine est encore lisible.

Plan du temple de Sethi Ier, avec à l'arrière l'Osireiôn ou cénotaphe d'Osiris.

En avant du temple, Sethi Ier a fait ériger une chapelle à la mémoire de son père, Ramsès Ier, ce qui est une constante chez lui. Les pylônes ayant été détruits, c'est aujourd'hui par la première salle hypostyle, ornée sous Ramsès II, que l'on entre dans le temple. A l'origine, 7 portes s'alignaient sur les 7 travées du temple se poursuivant dans la seconde salle hypostyle, décorée sous Sethi Ier, laquelle aboutissait à 7 chapelles consacrées aux principales divinités, de gauche à droite : Sethi Ier divinisé, Ptah, Rê-Harmakhis, Amon-Rê, Osiris, Isis et Horus ; celle d'Amon, au centre, est la seule accessible par une rampe. Chacune des chapelles donne symboliquement accès par une fausse porte à un cénotaphe placé en contrebas. A l'arrière se trouve le « complexe d'Osiris », un ensemble de deux salles occupant toute la largeur du temple et flanquées chacune de trois chapelles correspondant à la triade Osiris-Isis-Horus. Par la seconde salle hypostyle, on accède dans l'aile en retour à l'espace sous forme de couloir où se trouvent les listes royales ; une seconde porte, en avant des 7 chapelles, donne accès au complexe de Path-Sokaris et Nefertoum. Enfin, à l'arrière des 7 chapelles et contre le complexe d'Osiris, dans l'angle nord-ouest du temple, se trouve une curieuse salle à deux piliers entièrement close, sans aucun accès.

Première salle hypostyle : le roi pose avec la déesse Seshat les bornes définissant le périmètre du temple, bon exemple de la qualité des reliefs. *

Seconde salle hypostyle : Sethi offre de l'encens et des libations à Osiris trônant dans son cénotaphe, accompagné d'Horus. *

Décor de l'une des 7 chapelles : Sethi et Horus. *

Dans la chapelle d'Osiris, le roi verse de l'eau devant Osiris. *

Un décor, hélas martelé par les chrétiens, dans le complexe d'Osiris : on voit la qualité et la finesse de ces bas-reliefs, et la fraîcheur des couleurs. *


Ramsès II construisit son propre temple à 300m de celui de son père. Le plan est proche de celui du temple de Medinet Habu. Il se signale par la qualité de son décor sculpté et la diversité des matériaux employés : granit gris, calcaire blanc (chapelles d'Isis et Horus), granit noir (encadrement des portes), albâtre et quartzite jaune (sanctuaire d'Osiris), quartzite rose (plafond du sanctuaire d'Osiris).

Plan du temple de Ramsès II à Abydos.

Un des reliefs extraordinaires du temple de Ramsès II : le roi, tenant le sekhem, consacre des offrandes. *

Détail d'un autre relief présentant des scènes d'offrandes, avec son exceptionnelle polychromie. *

Par la suite, Mineptah construisit un hypogée destiné à ce qu'on a appelé les « Mystères d'Osiris ». Ce cénotaphe d'Osiris, appelé aussi sous le nom grec « Osireiôn » se situe en arrière du temple de Sethi Ier ; il consiste en un hypogée percé dans une butte rocheuse. On y accède par un long couloir aux parois ornées de textes tirés du Livre des Portes et du Livre des Cavernes. La première salle contient des scènes et inscriptions du Livre des Morts. Puis vient le cénotaphe proprement dit, grande salle au plafond soutenu par deux rangées de 5 piliers de granit rose conçue comme une île évoquant la butte primordiale ; il devait contenir un sarcophage vide symbolisant le tombeau du dieu.

L'Osireiôn envahi par les eaux... *

... et l'Osireiôn à sec.


Les rois égyptiens firent ériger des temples-cénotaphes, temples funéraires symboliques associant le souverain défunt à Osiris, même si son corps reposait ailleurs. Sesostris III aurait été le premier à faire bâtir ce type d 'édifice, à environ 3km au sud de Kom es-Sultân. Ahmosis en fit également construire un certain nombre, dont un consacré à sa grand-mère, Thetisheri (non, non, je ne plaisante pas : Théti, tu vas retrouver ton cénotaphe !  Anne-Marie, on commence à découper les bandelettes et à les parfumer au musc d'Aswan !!! ).


On trouve également des tombes intéressantes dans la nécropole d'Abydos. Les tombes des rois des premières dynasties se trouvent à Umm el-Qa'ab, en retrait dans le désert. Les tombes les plus anciennes sont de très petites dimensions. Après le règne de Ménès, les tombes gagnent en importance et en complexité, la chambre funéraire s'accompagnant désormais de pièces annexes ; la plus grande des tombes couvre ainsi plus de 2000 m2 ! Toutes les tombes ont été pillées.

Plan de la nécropole royale d'Umm el-Qa'ab.

Dès la Ière dynastie s'ajoute à cette nécropole royale une nécropole pour les particuliers, avec la présence de quelques tombes dans la ville. Elle prit une grande importance sous les XIIe et XIIIe dynasties. Des tombes de petites dimensions ont été construites en grand nombre entre la XVIIIe et la XXe dynastie, mais on trouve des sépultures jusqu'à l'époque romaine. Très souvent, seule une partie du corps était enterrée à Abydos, le défunt reposant ailleurs ; ou on plaçait simplement une stèle pour associer le défunt à Osiris. Nombre de stèles, retrouvées lors des fouilles qui ont commencé dès le XIXe s., ont malheureusement quitté l'Egypte pour les grands musées occidentaux. L'une des plus célèbres tombes est celle d'Ouni, qui vécut sous la VIe dynastie.

Reconstitution d'un cénotaphe privé.


De grâce, laissez tomber le fameux relief sur lequel on lit tout et n'importe quoi, sur le net et ailleurs, et qui présenterait soit-disant un hélicoptère et autres délires d'amateurs de science-fiction : il s'agit tout simplement de ce qu'on appelle un palimpseste, c'est-à-dire qu'un premier texte a été rectifié pour être réutilisé par un second, mais pas totalement effacé, ce qui donne quelque chose qui peut sembler étrange. La plupart des photos présentées par les fanatiques de mystères et autres ovnis sont en réalité retouchées et truquées...

Stèle de Djet, provenant de la nécropole d'Abydos et qui se trouve au musée du Louvre, à Paris.

Je me réjouis de visiter ce site que je ne connais pas encore et vous promets de vous ramener des photos, si Theti ne tombe pas trop en pâmoison devant son cénotaphe ! Au, il faut que j'en commande un moi aussi, je suis jaloux !



Pour poursuivre la découverte :


Un lien intéressant, dont sont tirées les photos marquées d'un * : http://alain.guilleux.free.fr/abydos/abydos_presentation.html

Un lien sur la nécropole d'Umm el-Qa'ab (en anglais, avec présentation des tombes) : http://www.narmer.pl/abydos/qaab_en.htm


Un plan du site très bien fait par le National Geographic : http://www7.nationalgeographic.com/ngm/0504/feature7/images/mp_download.7.pdf


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20 septembre 2006 3 20 /09 /septembre /2006 18:36

Abydos, selon son nom grec, ou Abdju de son nom égyptien, était dans l'Egypte antique une des principales villes saintes, à environ 170km au nord-ouest de Thèbes (auj. Luqsor). Le village actuel d'el-Araba el-Madfunah, dans le district de Sohag, se trouve sur ce site archéologique.

 

Localisation d'Abydos.


 

Le site est occupé depuis l'époque préhistorique. La ville fut fondée durant la période prédynastique et les souverains des Ière et IIe dynasties y établirent leur nécropole sur le site d'Umm el-Qaab, qui fait partie de l'ensemble de l'actuelle nécropole d'Abydos. Ces derniers ont agrandi le temple et construit des forts pour protéger la ville sainte. Le centre de la ville, qui avait été entourée d'une puissante muraille de briques crues à l'époque tardive, se trouvait sur l'actuelle hauteur de Kôm es-Sultan.

Le lieu fut presque sans interruption entretenu et remanié jusqu'à la XXXe dynastie et la nécropole, l'une des plus vastes de l'Egypte, conserva un grand prestige, même après que les souverains égyptiens eurent transféré ailleurs leur principal lieu de sépulture. Abydos ne sera pas seulement une nécropole royale, mais de nombreux Egyptiens souhaiteront s'y faire inhumer, en particulier sous le Nouvel Empire. La nécropole devint un important lieu de pélerinage, très populaire dès le Moyen Empire ; s'il n'avait pu se rendre à Abydos durant sa vie terrestre, on faisait faire symboliquement le voyage au défunt lors de ses funérailles à travers des représentations peintes ou sculptées. De même, on pouvait y ériger un cénotaphe, tombeau ne contenant pas la dépouille qui était enterrée ailleurs, ou une stèle.


Un certain nombre de grands souverains égyptiens marquèrent particulièrement le site. A partir de Khufu (« Kheops »  en grec), pratiquement tous les rois de l'Ancien Empire y laissent leur empreinte. Au Moyen Empire, Sésostris III y fit aménager un certain nombre d'édifices, dont une vaste tombe. Au Nouvel Empire, la XVIIIe dynastie marque le site avec les restaurations d'Amenhotep Ier , Thoutmosis II et Amenhotep III ; surtout, Sethi Ier fonda un nouveau temple, le grand temple d'Abydos, au sud de la ville, pour honorer les rois des anciennes dynasties ; ce temple sera achevé par Ramsès II, qui y ajouta son propre temple. Les « tables d'Abydos », liste de cartouches royaux présente dans le temple de Sethi Ier, constituent un intéressant témoignage sur la notion de légitimité dynastique des rois égyptiens. Quant à Merenptah, il créa l'hypogée d'Osiris dans le temple de Sethi Ier. Nectanebo Ier, à l'époque tardive, fut le dernier souverain à y aménager un monument.

Abydos : stèle funéraire d'époque romaine (IIe ou IIIe s. de notre ère, musée du Louvre, Paris)


Si la ville sainte décline certes à partir de l'époque ptolémaïque, en particulier parce qu'on n' trouve plus de chantier de construction majeur, elle reste fréquentée à l'époque gréco-romaine. La fréquentation dure jusqu'au VIIe s. de notre ère, les moines coptes réaménageant de nombreux espaces en lieux de culte chrétiens.

 

Livre des Morts de Nepakashuty (XXIe dynastie) : Isis et Nephtys en prières devant le reliquaire d'Osiris à Abydos (musée du Louvre, Paris).

Abydos dut la pérennité de sa notoriété au fait que c'est en ce lieu qu'Isis aurait retrouvé la tête d'Osiris après que Seth eut dispersé les morceaux du cadavre de son frère. Ce n'était pourtant pas à l'origine la divinité principale du lieu. Les cultes les plus anciens semblent être ceux d'Oupouaout (« Celui qui ouvre les chemins »), dieu chacal funéraire d'Assyut, qui revêt une grande importance jusqu'à la XIIe dynastie, pour être progressivement assimilé par Anubis, et surtout de Khentamentiou, dieu funéraire local protectreur de la nécropole, assimilé par Osiris. On y trouve aussi à partir de la XIe dynastie le culte d'Anher, puis le culte d'Anubis qui aura une grande faveur sous la XVIIIe dynastie. Le culte d'Osiris, quant à lui, divinité venue du Delta, assimile celui de Khentamentiou à partir des Ve et VIe dynasties, et se développe considérablement à partir de la XIIe dynastie, devenant peu à peu la principale divinité de la ville sainte. A l'époque gréco-romaine, on vient aussi y honorer Serapis et interroger l'oracle de Bès.

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5 septembre 2006 2 05 /09 /septembre /2006 02:02

 Vue aérienne du site.

 

Devant ce temple funéraire, qui fut l'un des plus vastes de la rive occidentale thébaine, se dressaient les célèbres sculptures monumentales connues sous le nom de « colosses de Memnon ». Des fouilles, en particulier celles menées par les archéologues suisses, ont permis de se faire une idée plus précise de cet édifice, dont il ne reste que bien peu de vestiges sur place. Il fut pour l'essentiel construit à la fin du règne d'Amenhotep III.


En effet, le complexe du temple servit de carrière dès l'Antiquité. De nombreux de blocs figurant des scènes de la fête Sed ont été réutilisés dans le temple de Khonsou, érigé à Karnak sous le roi Herihor. D'autres éléments de reliefs ont été retrouvés dans les fondations du temple funéraire de Merenptah, situé à peu de distance.

Localisation du temple dans l'ensemble de la nécropole thébaine.


 

Contrairement aux autres complexes funéraires de la nécropole thébaine, le temple n'était pas situé à la limite de la zone désertique, mais en grande partie partie sur des terres cultivables, donc inondables. Seul le sanctuaire, bâti sur un tertre au-dessus de la zone inondable, émergeait totalement des eaux lors de la crue du Nil. Il y avait là sans doute une symbolique rappelant l'émergence du monde hors de l'Océan Primordial. Cependant, cette localisation particulière fragilisa les constructions, qui en outre se révélaient trop lourdes pour le sol meuble.

Plan sommaire des structures révélées par les fouilles.


 

Les fouilles ont révélé la présence d'au moins trois pylônes. Depuis le premier pylône, dont l'entrée était flanquée par les fameux colosses, le complexe du temple se développait sur une longueur considérable de 500m, pour une largeur estimée à 700m ! Cela un fait un temple plus vaste encore que le complexe d'Amon à Karnak Il était construit en briques crues, grès et de calcaire. Une stèle retrouvée dans le complexe de Merenptah mentionne différentes structures comprises dans l'enceinte du temple.

Autre vue aérienne avec les colosses au premier plan.


 

Les trois pylônes étaient semble-t-il séparés par des cours intérieures. La grande cour à péristyle, ou cour solaire, située derrière le troisième pylône et reliée à celui-ci par une allée de sphinx, est le seul secteur dont on puisse évaluer avec une précision relatives les dimensions et aménagements. Cette cour était bordée sur trois côtés de trois rangées de colonnes, alors que le côté ouest présentait quatre rangées de colonnes papyriformes. Des vestiges suggèrent également la présence de colosses osiriaques. Au-delà, contre ce côté occidental de la cour, se développait le sanctuaire précédé d'une ou plusieurs salles hypostyles dont tout ou presque a disparu ; seuls subisitent des fragments, bases de colonnes, fûts lisses et chapiteaux paryriformes à ombelle épanouie. L'aspect de l'ensemble devait être proche de la cour édifiée par Amenhotep III au temple de Louqsor, sur la rive est. Enfin, une grande stèle commémorative du règne d'Amenhotep III a été retrouvée au niveau du troisième pylône ; il devait à l'origine y en avoir une paire de chaque côté de l'entrée, à l'intérieur de la cour.

La colonnade d'Amenhotep III au temple de Luqsor, sur la rive orientale, peut donner une idée de ce à quoi ressemblait son temple funéraire.


Le temple était essentiellement dédié à Amon, mais aussi à Ptah-Sokar-Osiris, divinité memphite pour laquelle un petit temple de calcaire a été érigé au nord du complexe ; il avait sa propre entrée flanquée de deux statues monumentales représentant le roi ; mais il a été totalement démonté pour servir de carrière de pierres et c'est à peine si on peut encore distinguer ses fondations. On a également retrouvé des statues de Sekhmet ; on estime qu'elles étaient très nombreuses, certaines assises, d'autres debout.

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5 septembre 2006 2 05 /09 /septembre /2006 00:53

La vision romantique des colosses par David Roberts, en 1838-1839, pendant la crue du Nil.

Qui n'a entendu parler des fameux colosses de Memnon, statues monolithiques de quartzite qui, depuis des siècles, fascinent les voyageurs ? Les Egyptiens d'aujourd'hui les appellent el-Kolosât. Ils se trouvent à Thèbes (auj. Louqsor), sur la rive occidentale réservée aux complexes funéraires, à proximité du Ramesseum. Nous avons déjà vu, au IVe s, de l'ère chrétienne, la moniale Etheria les considérant comme les statues de Moïse et son frère Aaron ! Mais surtout, ce sont les Grecs, vers le début de notre ère, qui les associèrent à Memnon. En fait, seule la statue de gauche était appelée Memnon, à cause d'un phénomène naturel qui donna lieu à une légende.Ce sont en réalité les derniers vestiges du vaste temple funéraire d'Amenhotep1 III. En 27 avant notre ère, un tremblement de terre provoqua la ruine du temple et endommagea gravement les colosses.

La vision orientaliste de Jean Léon Gérôme.


Concernant le thème mythologique de Memnon , nous lui consacrerons un article spécifique dans la rubrique traitant des mythes et croyances. Ici, nous nous intéresserons plutôt à la légende qui fit la renommée de ces colosses à l'époque gréco-romaine. Selon celle-ci, semble-t-il à partir du tremblement de terre de 27 av. notre ère, au lever du soleil, la statue commença à émettre des sons, à « parler ». Les Grecs l'identifièrent ainsi à Memnon, qui selon le mythe rapporté entre autres par Homère, retrouvait chaque jour la vie à l'aube pour saluer sa mère en chantant. Le colosse devint ainsi une sorte de lieu de pélerinage pour les Grecs, puis les Romains, car on lui attribuait la vertu de donner des oracles : entendre le colosse « chanter » était considéré comme un signe de la faveur des dieux. L'empereur romain Hadrien, lors de son voyage en Egypte, ne manqua pas de venir voir le colosse. Mais en 199, un autre empereur, Septime Sévère, décida de faire restaurer la statue, qui dès lors aurait cessé de « chanter ».

 

Les colosses aujourd'hui, mutilés mais fascinants.

En réalité, les sons évoqués par la légende étaient dus à un phénomène naturel : la dilatation du quartzite sous l'effet conjugué de l'humidité et des premiers rayons du soleil ! Ce phénomène était favorisé par les profondes fissures apparues dans la sculpture suite au tremblement de terre. On dit aussi que le vent s'engouffrant dans ces fissures pouvait produire un son étant à l'origine de la légende de l'oracle.

Autre vue des colosses, figures royales trônant jadis à l'entrée du premier pylône du temple.


Plus sérieusement, et surtout historiquement plus exact, ces deux colosses monolithes se trouvaient à l'entrée du temple funéraire d'Amenhotep III. Ils ont été sculptés chacun dans un seul bloc de quartzite provenant de carrières de Gizah ou de Gebel es-Silsila, au nord de Kom-Ombo. Leurs proportions (18m de haut actuellement, pour un poids d'environ 1300 tonnes ! ) donnent une idée du caractère monumental du temple. Les deux colosses représentent d'une façon très traditionnelle le roi assis, trônant les mains posées sur ses genoux. De chaque côté de ses jambes, plus petites selon les conventions de l'art monumental égyptien, se tiennent pour l'un des colosses la mère du roi, Moutemouia, pour l'autre son épouse, Tiyi. Les parois latérales du trône s'ornent quant à elles d'une représentation symbolisant l'union de la Haute- et Basse-Egypte sous les traits de deux Hâpy nouant les végétaux des deux parties du royaume, le papyrus et le lotus. Rien que de très conventionnel, en somme. Selon Strabon, le tremblement de terre du Ier s. av. notre ère fendit entièrement le colosse considéré plus tard comme Memnon de l'épaule jusqu'à son trône.

 

Le double Hâpy liant les deux plantes représentant les deux parties du royaume, papyrus et lotus, symbole de l'unité de l'Egypte sous l'autorité du roi.

 

Cette statue représentant Amenhotep III, conservée au British Museum, donne une idée de ce à quoi pouvaient ressembler les colosses de Memnon à l'origine.


Dans un prochain article, nous évoquerons le temple auquel ces colosses appartenaient et dont ils sont les derniers grands vestiges.

 

Le contexte actuel des colosses : loin des images que l'on peut en avoir...

Aujourd'hui, les deux sculptures monumentales sont si endommagées et tellement peu mises en valeur qu'on ne peut s'empêcher d'être déçu en les découvrant « en vrai ». D'autant qu'ils se dressent à deux pas de la route conduisant à la Vallée des Reines, laquelle est bordée, sur le côté opposé aux colosses, de boutiques et buvettes dont on a bien du mal à faire abstraction. Très honnêtement, on a presque le sentiment de venir admirer deux oeuvres monumentales en plein milieu d'un terrain vague. Cette première impression passée, et si le programme en laisse le loisir, on réalise ensuite qu'on se trouve devant un monument mythique de l'Antiquité et le charme, avec beaucoup d'imagination et grâce au secours de la culture livresque, finit par opérer quand même.

Les colosses tels que je les ai découverts, un matin de janvier 2004, très tôt, en route pour la Vallée des Reines.

Les amis, je reviens bientôt, inch Allah ; et cette fois-ci, promis, nous prendrons le temps de faire connaissance...

1- Plutôt que le nom grec "Amenophis", je préfère employer le nom le plus proche de la forme égyptienne antique "Amenhotep", que les anglophones et germanophones conservent d'ailleurs (vous y êtes habitués si vous lisez des sites en langue anglaise).

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22 juillet 2006 6 22 /07 /juillet /2006 15:01

Derniers symboles de la royauté égyptienne qui nous seront utiles : la barbe postiche et la queue de taureau.

 

Le roi mésopotamien Hammurabi porte lui aussi une barbe tressée, selon la tradition des peuples sémitiques (stèle d'Hammurabi, XIIe s. av. notre ère, musée du Louvre, Paris).

 

On sait l'importance du port de la barbe dans certaines civilisations antiques, en particulier orientales (par exemple chez les souverains mésopotamiens), qui relève sans doute d'une très ancienne tradition des peuples sémitiques. Le port de la barbe a d'ailleurs gardé une signification forte dans le judaïsme et l'islam.

 

La barbe courte et carrée de Narmer sur sa célèbre palette (vers 2950 av. notre ère, musée égyptien du Caire).

La barbe courte et trapézoïdale de Mykerinos (stèle de Mykerinos avec Hathor et la divinité du nome de Diospolis, vers 2480 av. notre ère, musée égyptien du Caire).

La barbe postiche, dans l'Egypte antique, est portée par les dieux et le roi. Elle les distingue des simples mortels. Il s'agit d'une barbe longue et tressée portée sur le menton et qui était fixée aux oreilles ou au bandeau de la couronne. Elle est elle aussi un symbole de l'essence divine du roi. La barbe royale est droite, alors que celle des dieux est en principe recourbée en bas ; cette règle n'est pas toujours respectée selon les époques. De plus, le roi défunt porte la barbe recourbée, car il apparaît alors sous sa forme divinisée. La forme et la longueur de la barbe postiche connaîtra des variantes selon les périodes : courte et carrée aux époques les plus anciennes, puis rectangulaire, trapézoïdale ou cylindrique par la suite.

 Barbe trapézoïdale de Ramsès II à Abu Simbel.

Barbe tressée cylindrique du masque funéraire de Toutankhamon. La barbe est recourbée, signe en principe réservé aux dieux, ce qui peut surprendre au premier abord : mais il s'agit ici du roi défunt, donc divinisé, nouvel Osiris en quelque sorte.

Enfin, la queue de taureau est attachée à la ceinture du roi. Elle a pour fonction de lui conférer la puissance de l'animal sacré. Il s'agit sans doute, là encore, d'une très ancienne tradition, le culte des bovins comptant parmi les plus anciens dans cette région du monde.

Le roi faisant une offrande à Amon : remarquer la queue de taureau qui pend à sa ceinture, à l'arrière de son pagne (détail de l'une des colonnes de la salle hypostyle du temple de Karnak).

Nous avons à présent tous les éléments en main pour identifier un roi dans les représentations égyptiennes.

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22 juillet 2006 6 22 /07 /juillet /2006 12:58

Parmi les symboles de la royauté dans l'Egypte antique, il nous reste à évoquer les sceptres. Comme dans toutes les civilisations anciennes, le sceptre correspond à une symbolique élaborée qu'il est utile de connaître.

Osiris tenant les sceptres heqa et nekhekh, ainsi que le sceptre ouas (temple de Philae).

Le sarcophage de Toutankhamon portant les sceptres heqa et nekhekh (musée égyptien du Caire, photo Insecula ).

Sceptre heqa de Toutankhamon (musée égyptien du Caire, photo Insecula ).

Sceptre nekhekh de Toutankhamon (musée égyptien du Caire, photo Insecula ).

 

Le roi, vivant ou défunt, porte très souvent deux insignes caractéristiques de la royauté égyptienne, croisés sur la poitrine : le heqa, sceptre en forme de crosse, et le nekhekh, sceptre en forme de fouet ou de fléau (flagellum, selon la teminologie latine). Ces deux insignes sont les attributs d'Osiris, ce qui montre le lien entre le dieu et le souverain égyptien. Si la crosse évoque pratiquement sans équivoque une origine pastorale, dont la symbolique peut évoquer le rôle du roi guidant son peuple, l'origine du nekhekh peut être discutée : certains y voient également une allusion à la conduite des troupeaux ; d'autres l'identifient comme un fléau, qui serait donc lié à la culture des céréales, ce qui donnerait la double symbolique de l'élevage et de l'agriculture, évoquant la prospérité.

Amon tenant le sceptre ouas (temple de Karnak).

Khonsou tenant les sceptres heqa et nekhekh, ainsi que le sceptre ouas rehaussé de l'ankh et pilier djed (temple de Karnak).

Un autre type de sceptre fréquent dans les représentations est le ouas, qui est porté par les dieux aussi bien que par le roi. C'est un long bâton qui se termine à la base par une fourche et dont le sommet s'orne de la représentation stylisée d'une tête de lévrier. Il aurait pour origine un bâton utilisé pour tuer ou capturer les serpents. Le ouas est un symbole de force et de puissance. Ouaset ("Le Sceptre" ou "La Ville du Sceptre") était le nom égyptien de la ville que les Grecs ont ensuite baptisée Thèbes (aujourd'hui Louqsor). Il peut être combiné avec différents symboles (pilier djed, croix ankh, etc.).

Sceptre sekhem de Toutankhamon (musée égyptien du Caire, photo Touregypt ).

Hiéroglyphe sekhem.

Enfin, le roi porte également le sceptre sekhem, qui évoque vraisemblablement un objet à l'origine réalisé en matières végétales. Il est un symbole de l'autorité du roi. Il y a des variantes du sekhem, qui semble être également lié à l'origine à Osiris. Sekhem signifie "pouvoir, puissance", on le retrouve donc dans de nombreux noms, à commencer par celui de la déesse Sekhmet ("La Puissante") ; le hiéroglyphe de ce mot est une représentation du sceptre en question. Le sceptre sekhem est également porté par les vizirs et les personnages de haut rang représentés dans l'exercice de leur charge.

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