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PrÉSentation

  • : Ankh-Neferkheperou-Rê
  • : Pas de sujet précis, mais un ensemble de rubriques, qui évolueront avec le temps. Même si un accent particulier est mis sur l'Egypte. Ce qui compose mon univers et que je souhaite partager... Des passions, des coups de coeur et des coups de gueule, des ré
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Fermeture définitive de la Cité dimanche 27 mai 2007.

Vieux Papyrus

Notre Cité

10 août 2006 4 10 /08 /août /2006 19:50

Comme nous l'avons dit précédemment, l'écriture de nos ancêtres a évolué avec le temps et déchiffrer un texte ancien, que ce soit pour des recherches généalogiques ou des recherches historiques, peut se révéler plus difficile qu'il n'y paraît ; et ceci, même si on croit pouvoir identifier les lettres sans problème. Nous allons tout d'abord voir la graphie des lettres selon l'usage du XVIe s., qui reste largement en vigueur jusqu'au 1er quart du XVIIe s. au moins.

 

Pour commencer, et mesurer la difficulté, un exemple de texte du XVIe s. issu des délibérations du conseil de ville d'Ollioules pour l'année 1580-1581 (Archives communales d'Ollioules). Laissons de côté les abréviations, que nous verrons par la suite, ainsi que les questions purement linguistiques. Vous voyez que le texte est différent de la graphie actuelle, même s'il y a des lettres que l'on reconnaît.

 

Voici dans un tableau un alphabet dressé à partir de textes d'archives provençaux du XVIe s. Ce sont là les formes les plus courantes et les mieux calligraphiées ; selon la qualité de la plume ou du stylet utilisés, les habitudes et l'humeur du rédacteur, ou sa maîtrise de l'écriture, il peut y avoir des variantes d'un texte à l'autre. En général, il faut d'abord se familiariser avec l'écriture du rédacteur avant de pouvoir déchiffrer entièrement un texte.

Alphabet manuscrit

du XVIe siècle

 a

b

c

d en initiale

ou en médiane

d en finale

e en initiale

ou en médiane

(et même finale

à la fin de la période)

e en médiane ou finale

(forme ancienne)

f

g en initiale

g en médiane

ou en finale

h en initiale

h en médiane

ou en finale

i

j

l en initiale

ou en finale

l en médiane

m

n

o

p

q

r

(type ancien)

r en médiane

ou en finale

(type ancien)

r "moderne"

(fin de la période)

s en initiale

ou en médiane

s en finale

t

u

v

(type ancien)

v "moderne"

x

y

 z

 

Certaines lettres nous sont familières et ont déjà la forme qu'on leur connaît aujourd'hui, ou presque. D'autres, comme le -h ou le -x , nous sont tout à fait méconnaissables. Enfin, pour certaines, il pourrait y avoir confusion avec des lettres actuelles ( le -r de type ancien ou le -o qu'on pourrait prendre pour des -v actuels, le -s initial ou médian qu'on pourrait prendre pour un -f ). Noter aussi qu'il n'y a pas de point sur le -i ou le -j ; d'ailleurs, il n'y a pas d'accent sur les voyelles, et pratiquement pas non plus de ponctuation, nous le verrons.

C'est la pratique qui permet de se familiariser avec la lecture de textes manuscrits de cette période, même si cela peut sembler ardu au premier abord.

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12 juillet 2006 3 12 /07 /juillet /2006 21:04

Sitôt qu'on se plonge dans les documents d'archives, que ce soit pour des recherches généalogiques ou des recherches historiques, on se heurte rapidement au problème de la lecture. Pour le XIXe s. , aucun problème particulier, l'écriture et la langue étant les mêmes que les nôtres. Les choses se corsent dès qu'on remonte au-delà de la Révolution. Au XVIIIe s., mis à part quelques lettres, l'écriture est à quelque chose près la même qu'aujourd'hui ; par contre, le vocabulaire est différent et il faut souvent se munir d'un dictionnaire, car certains termes ont changé de sens. Les difficultés, les vraies, se présentent à partir du moment où on remonte encore le temps.

Pour l'époque de Louis XIV, l'écriture s'apparente à celle d'aujourd'hui, mais conserve des formes archaïques issues du moyen français pour certaines lettres (par exemple les -r qu'on pourrait prendre pour des -v ...). Une autre difficulté réside dans le fait que l'usage du français n'est encore que partiel dans de nombreuses régions, comme par exemple en Provence où de nombreux termes provençaux subsistent dans les textes. Et dès qu'on remonte au-delà du milieu du XVIIe s., on rencontre à la fois une autre langue et une autre écriture. Entre le XIVe et le milieu du XVIIe s., l'écriture est sensiblement la même ; de sorte que quand on apprend à déchiffrer des textes d'époque Louis XIII ou Henri IV, on peut lire les lettres d'un texte du XIVe ou du XVe s. Par contre, durant la période médiévale, la plupart des textes sont en latin, ce qui complique encore les choses. Et avant le XIVe s., on trouve différentes écritures médiévales qui varient selon les régions et selon les époques, certaines plus faciles à déchiffrer que d'autres.

L'une des difficultés, ce sont aussi les abréviations, contractions et ce qu'on appelle les notes tironiennes, sur lesquelles nous reviendrons. En fait, il faut les apprendre et les noter au fur et à mesure qu'on les rencontre ; l'habitude de les rencontrer permet ensuite de les identifier.

Mais assez de théorie, montrons des exemples concrets :

Détail d'un parchemin du XVe s.

 

Un texte du XVIe s. (délibérations de 1580).

Un texte d'époque Louis XIV (délibérations de 1677-1678).

Un texte du XVIIIe s. (moulin du Septem, 1717).

Un texte du XIXe s. (délibérations de 1859).

(Textes des Archives Communales d'Ollioules - photographies de l'auteur - GRPO)

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6 juillet 2006 4 06 /07 /juillet /2006 19:19

Ce soir, quelques expressions de moyen français. Là encore, il y a des tournures qu'on croit comprendre et qui ne veulent pas dire la même chose qu'aujourd'hui. Mais aussi des tournures délicieusement désuètes et imagées. Je suis certain que notre chère Domi nous fera un très beau texte avec tout ça...

Ecorcher les anguilles par la queue signifie faire le contraire de ce qu'il faudrait pour réussir. Et une anguille des bois n'est autre qu'une couleuvre ! Mettre la campagne au chat, c'est prévenir (d'un danger) ; il s'agit d'une confusion entre campane, d'origine provençale, qui signifie cloche, et campagne ; on trouve d'ailleurs aussi l'expression pendre la sonnette au chat. Faire la chatte mouillée, c'est faire l'innocente, et bailler un chat par les pattes signifie présenter une chose de la façon la plus difficile.

S'aimer dans  un endroit, c'est s'y plaire. Et la destresse de coeur est un chagrin ; n'est-ce pas joli ? Un pleure-pain est un avare, et rire du coin des dents, c'est rire de manière peu sincère ou ironique.

Faire le petit genouil, c'est faire la révérence. Bouter trois testes en un chaperon, c'est comploter (le chaperon est un chapeau). Un homme de teste est un têtu. Tenir pied à quelqu'un, c'est lui tenir tête ! Avoir le pied en l'air signifie changer sans cesse de place. Et estre planté sur le pied gauche, c'est être dans une mauvaise situation. Le petit ventre est l'estomac ou le bas-ventre, et avoir ventre de loup c'est être affamé (nous en avons gardé la "faim de loup"...) .

J'espère que ces quelques exemples vous auront amusé. Mais la prochaine fois, nous attaquerons les choses plus sérieuses : déchiffrer des textes en moyen français.

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5 juillet 2006 3 05 /07 /juillet /2006 20:24

J'ai choisi de vous parler ce soir de quelques mots de moyen français qui ont changé de sens, et dont le sens originel, souvent oublié, a de quoi nous surprendre. Quand on lit en novice un texte de cette époque, on peut avoir l'impression de le comprendre, car certains mots n'ont pas ou peu changé de forme, mais on commet en réalité de terribles contresens. En même temps, le glissement du sens originel vers le sens actuel laisse deviner une histoire succulente qui devrait ravir les amateurs d'étymologie et de jeux de mots...

Pour situer les choses, le moyen français est un état de notre langue qui commence vers le milieu du XIVe s. et se poursuit jusqu'au début du XVIIe s., succédant à l'ancien français et précédant le français classique de l'époque de Louis XIV.

 

 

Un cafard, par exemple, signifie alors un faux dévot ; ce terme apparaît vers 1512 et vient de l'arabe "kafir" signifiant "incroyant". Plus tard, les huguenots vulgariseront le sens de dénonciateur hypocrite. Enfin, au XVIe s., un cafard est également un prêtre défroqué. Quant à l'adjectif cafard, aujourd'hui disparu, il signifiait hypocrite. Au milieu du XVIe s. apparaît le verbe cafarder, dans le sens de dénoncer ou de faire l'hypocrite. La cafarderie ou cafardise est la dévotion feinte, la ferveur hypocrite. Amusant, non ?

L'adjectif fafelu, apparu vers 1460 et devenu vers le milieu du XVIe s. farfelu, signifie dodu, bien fourni. Plus étonnant, n'est-ce pas ?

Le magaut est au XVe s. un sac, une poche, une besace : mettre la main sur le magaut signifie alors s'emparer de la bourse de quelqu'un. Au XVIe s. apparaît, avec l'orthographe magot, le sens d'argent gardé en réserve. De la bourse au magot, il ne fallut qu'un siècle !

Enfin, un taquin est alors un avare ou un truand ; ce mot apparaît au XVe s. La taquinerie, mot apparu plus tard, au milieu du XVIe s., désigne l'avarice, mais aussi de petites méchancetés qui agacent, des mesquineries, annonçant le sens actuel.

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1 juin 2006 4 01 /06 /juin /2006 12:14

Dans l'Ecole des Scribes,  je souhaiterais partager avec vous une autre de mes passions : celle des recherches historiques. Voilà à peu près 10 ans que j'ai entrepris des recherches sur l'histoire d'Ollioules et de la région, dans les livres mais surtout dans les archives.

 

 

Un folio du cahier de délibérations du Conseil de Ville d'Ollioules pour l'année 1580-1581, en cours de transcription actuellement

(Archives municipales d'Ollioules).

 

 

La plupart des documents sur lesquels je travaille sont en grande partie inédits ; j'ai en effet choisi de concentrer mes recherches sur les XVIe et XVIIe s. , période où les textes présentent deux difficultés majeures pour les non initiés : la langue d'abord, qui reste essentiellement le provençal, ou un mélange de provençal et de français ; et l'écriture ensuite, la graphie des lettres étant très différente de la nôtre, surtout au XVIe s. et dans la première moitié du XVIIe s. A la difficulté de déchiffrement s'ajoutent les abréviations et signes divers qui surprennent au premier abord et dont il faut apprendre le sens. Concernant la langue, ce n'est pas le provençal d'aujourd'hui ; généralement, il faut l'apprendre sur le tas, en s'aidant du précieux "Tresor" (le dictionnaire provençal-français) de Mistral. Autant vous dire que quand on a pour la première fois un tel manuscrit entre les mains, on est très dérouté ! La première fois (il en faut toujours une...), c'était aux Archives municipales de Toulon ; j'avais fait fort, en demandant à consulter un manuscrit du XVIe s. : je revois encore l'air amusé de l'archiviste ! Je me suis contenté d'admirer la beauté du document, mais je ne suis parvenu à déchiffrer, avec le plus grand mal, que quelques mots. Moralité : une année de cours de paléographie, et j'ai enfin pu me lancer dans ce grand plaisir qu'est la transcription de documents d'archives ! Car il faut d'abord transcrire, et ensuite traduire et enfin analyser ; un travail de fourmi, qui nécessite de bons yeux et beaucoup de patience. Fort heureusement, l'outil informatique est aujourd'hui bien utile. Il est possible sur demande de photographier les documents avec un appareil numérique (sans flash, bien entendu) et ensuite on peut travailler confortablement sur un ordinateur, en agrandissant le texte ou en supprimant les taches et salissures pour le rendre plus lisible.

 

C'est très émouvant d'entrer en contact avec ces vieux manuscrits, de se trouver non seulement devant des registre paroissiaux et actes notariés, auxquels sont habitués les généalogistes, mais aussi des lettres, des cahiers de délibérations du conseil de ville, des registres cadastraux, des procès verbaux de justice... L'un de mes préférés à Ollioules est un énorme registre, qui conserve une partie de sa couverture de cuir, et qui est un livre terrier (sorte de cadastre qui recense les propriétés du terroir pour calculer l'impôt) datant de 1618 ; le papier est dans un état de conservation exceptionnel, l'écriture soignée et régulière, un vrai régal !

 

La couverture de cuir du livre terrier de 1618

(Archives municipales d'Ollioules).

Au détour des folios manuscrits, ce sont les habitants d'autrefois que l'on rencontre, des instants de vie parfois cocasses, parfois dramatiques. On y voit par exemple l'un des consuls (équivalents du maire actuel) piquer une colère toute méditerranéenne, ou un malheureux vagabond accusé de vol semble-t-il à tort, des conseillers qui chipotent sur les dépenses à faire pour la ville ou les comptes consciencieux du trésorier, des rivalités familiales et des amitiés... Le plus amusant, c'est que ces gens du passé qui ressurgissent ainsi, je croise leurs descendants tous les jours ; ainsi, je leur donne parfois des nouvelles des ancêtres !

 Le premier folio du livre terrier de 1618

(Archives municipales d'Ollioules).

De temps à autre, je vous montrerai donc des passages de ces textes, pour partager ce plaisir.

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