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PrÉSentation

  • : Ankh-Neferkheperou-Rê
  • : Pas de sujet précis, mais un ensemble de rubriques, qui évolueront avec le temps. Même si un accent particulier est mis sur l'Egypte. Ce qui compose mon univers et que je souhaite partager... Des passions, des coups de coeur et des coups de gueule, des ré
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Papyrus éphémère

 

 

Création et cadeau de Theti

 

 

 

Fouiller

Texte Libre

 

 

 

 

 

  

Message des Scribes d'Ankhneferkheperourê :

 

Fermeture définitive de la Cité dimanche 27 mai 2007.

Vieux Papyrus

Notre Cité

5 septembre 2006 2 05 /09 /septembre /2006 01:29

 

Selon les mythes grecs, Eos, l'Aurore, enleva Thitonos, de la famille princière troyenne, et l'emmena en Ethiopie, où l'on croyait que se trouvait le pays du Soleil. Elle en conçut deux fils, Memnon et son frère Emathion. Ils avaient la peau noire car on pensait qu'étant enfants, ils avaient accompagné leur mère aux côtés d'Helios, le Soleil. Visitant les contrées les plus chaudes de la terre, ils suivront ainsi dans sa course le char du Soleil. Selon une tradition, tandis que son frère devenait roi d'Egypte, Memnon, le préféré de sa mère, recevait la couronne d'Ethiopie.

 

Eos recueillant le cadavre de son fils tué par Achille,

sur une coupe grecque à figures rouges.

 


Homère raconte comment Memnon vint au secours de son oncle, le roi de Troie Priam, amenant avec lui durant la dixième année du conflit contre les Grecs une armée d'Ethiopiens. Ayant reçu une armure forgée par Héphaïstos, Memnon tua Antilochos, fils de Nestor et ami d'Achille (Odyssée, IV). Le héros grec le provoqua en duel et Memnon sera tué d'un coup de lance durant ce combat. Eos, intercédant auprès de Zeus, aurait obtenu pour lui l'immortalité ; pour Homère, Memnon retrouve vie chaque matin à l'aube le temps de saluer par un chant l'arrivée de sa mère. Selon d'autres versions, des oiseaux auraient jailli du bûcher funéraire de Memnon et se seraient affrontés en deux groupes, ceux des oiseaux mourant durant le combat retombant dans le bûcher en offrande à l'âme du héros ; ainsi, chaque année, ces oiseaux, les Memnonides, se seraient rassemblés sur la tombe du héros défunt pour célébrer sa mémoire.

 

De gauche à droite, Athena soutenant Achille et Memnon soutenu par sa mère Eos durant leur combat singulier, sur un vase grec.

 

Eos emportant le cadavre de son fils Memnon qui vient d'être tué par Achille

(vase grec du VIe s. av. notre ère, British Museum).


Homère, Hésiode, Apollodore, Diodore de Sicile, Pindare et Ovide évoquent Memnon dans leurs écrits.

 

Les Memnonides au-dessus du bûcher funéraire

(Illustration des Métamorphoses d'Ovide publiées par Virgil Solis à Francfort en 1581, Livre XIII, f°169 v°).

 

D'après la légende selon laquelle Memnon saluait chaque matin l'arrivée de sa mère par un chant,  les Grecs assimilèrent l'un des anciens colosses du temple funéraire d'Amenhotep III, dans la nécropole thébaine (auj. Luqsor, en Egypte), au héros fils de l'Aurore.

Les colosses de Memnon, en Egypte.

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24 août 2006 4 24 /08 /août /2006 11:46

Voici à présent un autre hymne de l'Egypte antique, adressé à Osiris. Il est issu d'un célèbre papyrus, le Papyrus d'Ani, dont nous reparlerons pour sa valeur artistique, mais aussi pour la connaissance des croyances des anciens Egyptiens ; nous reviendrons aussi à l'occasion sur le mythe d'Osiris. Ce papyrus, découvert à Thèbes en 1887, fut vendu au British Museum en 1888. Il contient ce qu'on appelle le Livre des Morts.

Un mot sur Ani. C'était un scribe royal d'un rang semble-t-il assez élevé, d'après les titres que mentionne le papyrus. Il est dit "aimé du roi des Deux Terres".

 

 

" Hommage à Toi, Osiris, Seigneur d'éternité, Roi des Dieux, dont les noms sont nombreux, dont les formes sont sacrées, Toi forme cachée dans les temples, dont le Ka est sacré. Tu es le gouverneur de Tattu1, et aussi le puissant à Sekhem2. Tu es le Seigneur auquel des louanges sont attribuées dans le nome de Ati, Tu es le Prince de la nourriture divine à Anu3. Tu es le Seigneur qui est commémoré à Maati, l'Ame Cachée, le Seigneur de Qerrt4, le Souverain suprême de Hineb-Hedj5. Tu es l'âme de Rê, son propre corps, Tu as Ta dernière demeure à Henensu6. Tu es le bienfaisant, et es loué à Nart. Tu as élevé ton âme. Tu es le Seigneur de la Grande Maison7 à Khemenu8. Tu es le puissant des victoires à Shas-hetep9, le Seigneur d'éternité, gouverneur d'Abtu10. Le chemin de Ton trône est à Ta-Tcheser11. Ton nom est reconnu dans la bouche des hommes. Tu es la substance des Deux Terres12. Tu es Tem, le nourrisseur de Kau, le Gouverneur des Compagnies des dieux. Tu es l'Esprit bienfaisant parmi les esprits. Le dieu de l'Océan Céleste13 a tiré de Toi ses eaux. Tu envoyas le vent du nord à la tombée du jour, et le souffle de Tes narines à la satisfaction de ton coeur. Ton coeur a renouvelé sa jeunesse. Les étoiles dans les hauteurs célestes Te sont soumises, et les grandes portes du ciel s'ouvrent devant Toi. Tu es celui auquel des louanges sont adressés dans le ciel du sud, et des remerciements Te sont adressés dans le ciel du nord. Les étoiles impérissables sont sous Ta surveillance, et les étoiles qui ne se couchent jamais sont tes trônes. Des offrandes apparaissent devant Toi sur l'ordre de Geb14. Les Compagnies des Dieux te louent, et les dieux du Touat15 hument la terre en Te rendant hommage. Les parties les plus lointaines de la terre s'inclinent devant Toi, et les limites du ciel T'implorent de leurs supplications quand elles Te voient. Tu domines ceux qui sont sacrés, et toute l'Egypte T'offre des actions de grâce quand elle rencontre Ta Majesté. Tu es un Esprit-Corps lumineux, le gouverneur des Esprits-Corps ; permanent est Ton rang, établi est Ton pouvoir. Tu es le Sekhem16 bienfaisant de la Compagnie des Dieux, gracieux est Ton visage, et aimé de celui qui le voit. La crainte de Toi s'étend sur toutes les terres en raison de Ton amour parfait, et tout le peuple Te fait des offrandes. Tu es le seigneur qui est célébré dans le ciel et sur la terre. Nombreuses sont les clameurs qui s'élèvent pour Toi lors de la fête d'Ouat, et d'un seul coeur et d'une seule voix l'Egypte lance pour Toi des cris de joie.


Tu es le Grand Chef, le premier parmi Tes frères, le Prince de la Compagnie des Dieux, l'instaurateur du Bien et de la Vérité partout dans le monde, le Fils qui a été placé sur le grand trône de son père Geb. Tu es l'aimé de Ta mère Nout17, le puissant de vaillance, qui a vaincu le démon Sebau18. Tu T'es levé et as frappé Ton ennemi, et inspiré la crainte à Ton adversaire. Tu as apporté la frontière des montagnes. Ton coeur est ferme, Tes jambes sont bien campées. Tu es l'héritier de Geb et de la souveraineté des Deux Terres. Il a vu ses splendeurs, il a décrété pour lui la conduite du monde par Ta main aussi logntemps que dureront les temps. Tu as fait cette terre de Ta main, et les eaux, et les vents, et la végétation, et tous les troupeaux, et toutes les volailles à plumes, et tous les poissons, et tout ce qui rampe, et tous les animaux sauvages. Le désert est la possession légitime du fils de Nout. Les Deux Terres sont satisfaites de Te couronner sur le trône de ton père, comme Rê.


Tu T'es lové dans l'horizon, Tu as placé la lumière au-dessus des ténèbres, Tu as envoyé l'air de Tes plumes, et Tu as inondé les Deux Terres comme le Disque solaire au leve du jour. Ta couronne pénètrent les hauteurs du ciel, Tu es le compagnon des étoiles, et le guide de chaque dieu. Tu es bienfaisant dans Tes décrets et Tes paroles, le préféré de la Grande Compagnie des Dieux, et l'aimé de la Petite Compagnie des Dieux.


Sa soeur Isis le protégea, et a repoussé les démons, et détourné les calamités du mal. Elle prononça le charme avec le pouvoir magique de sa bouche. Sa langue était parfaite, et ne butait jamais sur un mot. Bienfaisante dans les ordres et les mots était Isis, la femme des formules magiques, l'avocate de son frère. Elle le chercha inlassablement, elle erra sur cette terre dans le chagrin, et elle ne s'arrêta pas avant de l'avoir trouvé. Elle fit de la lumière avec ses plumes, elle créa l'air avec ses ailes, et elle poussa les lamentations funéraires pour son frère. Elle souleva les membres inactifs dont le coeur était inerte, elle tira de lui son essence, elle fit un héritier, elle éleva l'enfant dans la solitude, et l'endroit où il était n'était pas connu, et il grandit en force et en taille, et sa main était puissante dans la Maison de Geb19. La Compagnie des Dieux se réjouit, se réjouit, à la venue d'Horus, le fils d'Osiris, dont le coeur était ferme, le triomphant, le fils d'Isis, l'héritier d'Osiris. "

Geb et Nout, dont est issu Osiris.

 

Notes explicatives :

1- Tattu : Busiris (auj. Abusir).

2- Sekhem : Letopolis.

3- Anu : Héliopolis (auj. Ayn es-Shams, près du Caire).

4- Qerrt : Eléphantine (auj. Aswan).

5- Hineb-Hedj : la "Muraille Blanche", Memphis.

6- Henensu : Herakleopolis (auj. Ahnas).

7- La Grande Maison : Per-aha, c'est-à-dire le palais royal.

8- Khemenu : Hermopolis.

9- Shas-hetep : Hypselis (auj. Shobt).

10- Abtu : Abydos.

11- Ta-tsheser : une partie d'Abydos.

12- Les Deux Terres : l'Egypte, qui réunit la Haute et la Basse Egypte.

13- L'Océan Céleste : Noun.

14- Geb : la Terre.

15- Touat : l'Au-Delà.

16- Sekhem : sceptre symbolisant le pouvoir (voir sceptres ) ; ici, le pouvoir, l'autorité.

17- Nout : le Ciel.

18- Sebau : démon personnifiant les forces des ténèbres.

19- La Maison de Geb : les vallées et les montagnes de la terre, la terre.

 

NB : toutes les illustrations placées dans le texte antique proviennent du papyrus d'Ani.

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22 août 2006 2 22 /08 /août /2006 18:08

Voici un hymne au Nil qui remonte aux environs de 2100 av. notre ère et qui montre bien l'importance de ce fleuve pour les Egyptiens et la fascination qu'il exerce. 

 

 

" Salut à Toi, ô Nil ! Qui Te manifestes partout dans ce pays, et viens pour donner vie à l'Egypte ! Mystérieuse est Ton apparition hors des ténèbres, en ce jour où elle est célébrée ! Irriguant les vergers créés par Rê, pour faire vivre tout le bétail, Tu donnes à boire à la terre, Toi l'inépuisable ! Chemin qui descends du ciel1, aimant le pain de Seb et les premiers fruits de Neper2, Tu fais prospérer l'atelier de Ptah3 !

Nepri au temple d'Edfou.


 

 

Seigneur des poissons, pendant l'inondation4 aucun oiseau ne se pose sur les cultures. Tu crées le grain, Tu produis l'orge, assurant la perpétuité des temples. Si Tu cesses Ton dur labeur, alors tout ce qui existe est dans l'angoisse. Si les dieux souffrent dans le ciel, alors la face de l'homme dépérit.


Alors Il tourmente les troupeaux de l'Egypte, et grands et petits souffrent le martyre. Mais tout change pour les hommes quand Il vient ; Il est doté des qualités de Nun5. S'Il brille, la terre est joyeuse, chaque estomac est pleinement réjoui, chaque colonne vertébrale est heureuse, chaque mâchoire broie sa nourriture.

La fabrication du pain.

Il apporte les offrandes, en tant que chef des approvisionnements ; Il est le créateur de toutes les bonnes choses, en tant que maître des énergies. Si les offrandes sont faites, c'est grâce à Lui. Il fait pousser les herbages pour les troupeaux, et veille à ce que chaque dieu reçoive son sacrifice. Tout ce qui dépend de Lui est un précieux encens. Il se répand sur l'Egypte, remplissant les greniers, renouvelant les marchés, veillant sur les biens du malheureux.

Maquette d'un grenier à blé.


 

 

Il est prospère à la hauteur de tous les désirs, sans S'épuiser pour cela. Il amène à nouveau sa noble barque ; Il n'est pas sculpté dans la pierre, dans les statues couronnées de l'uraeus, Il ne peut être contemplé6. Il n'a pas de desservant, de porteur d'offrandes 7! Il n'est pas séduit par des incantations ! Nul ne connaît l'endroit où Il réside, nul ne découvre Sa retraite par le pouvoir d'une formule écrite.


Il n'est pas de résidence qui puisse te contenir 8 ! Nul ne pénétre Ton coeur ! Tes jeunes gens, Tes enfants t'acclament et Te rendent l'hommage royal. Fermes sont tes décrets pour l'Egypte devant Tes serviteurs du Nord ! Il étanche les larmes de tous les yeux et veille à l'accroissement de Ses bonnes choses.

Le roi faisant des offrandes de céréales à l'Horus d'Edfou.

 


Là où régnait la misère, la joie se manifeste, toutes les bêtes se réjouissent. Les enfants de Sobek9, les fils de Neith10, le cycle des dieux qui réside en Lui, prospèrent. Plus de réservoirs pour arroser les champs ! Il rend les hommes courageux, en enrichit certains, accordant Son amour aux autres. Nul ne commande en même temps que Lui. Il crée les offrandes sans l'assistance de Neith (...).

Cultures et canaux dans la tombe de Sennedjem.


 

 

Il brille quand Il sort des ténèbres, pour faire prospérer Ses troupeaux. C'est Sa force qui donne l'existence à toute chose ; rien ne Lui demeure caché. Que les hommes se vêtent pour emplir Ses jardins. Il veille à Ses travaux, produisant l'inondation durant la nuit. L'associé de Ptah... Il fait exister Ses serviteurs, tous les écrits et mots divins, et ce dont Il a besoin dans le Nord.


C'est avec les mots qu'Il pénètre dans Sa résidence, Il apparaît selon Son plaisir par les formules magiques. Ta méchanceté amène la destruction aux poissons ; c'est alors que la prière est faite pour la saison des eaux11 ; l'Egypte du Sud est considérée au même rang que celle du Nord12. Chacune est avec ses intruments de travail. Nul ne reste derrière ses compagnons. Nul ne se vêt de parures, les enfants des nobles rangent leurs ornements.

 

Il demeure silencieux la nuit, mais l'inondation change tout ; c'est un baume apaisant pour tous les hommes. Etablisseur de la justice ! Les hommes Te désirent, Te suppliant de répondre à leurs prières ; Tu leur réponds par l'inondation ! Les hommes offrent les premiers fruits des grains ; tous les dieux T'adorent ! Les oiseaux ne descendent pas sur la terre. On croit qu'avec Tes mains d'or tu fabriques des briques d'argent ! Mais nous ne nous nourrissons pas de lapis lazuli ; seul le blé donne la vitalité.


Un chant de fête s'élève pour Toi de la harpe, accompagné par la main. Tes jeunes gens et Tes enfants t'acclament et préparent leurs longues cérémonies. Tu es l'auguste ornement de la terre, faisant avancer Ta barque devant les hommes, élevant le courage des femmes au travail, et aimant la multitude des troupeaux.

Quand Tu brilles dans la cité royale, l'homme riche est rassasié de bonnes choses, l'homme pauvre même dédaigne le lotus13 ; tout ce qui est produit est de premier choix, toutes les plantes existent pour Tes enfants. Si tu as refusé d'accorder la nourriture, la demeure est silencieuse, dépourvue de tout ce qui est bon, le pays est épuisé.


O inondation du Nil, des offrandes Te sont faites, des hommes Te sont immolés14, de grandes fêtes sont organisées pour Toi. Des oiseaux Te sont sacrifiés, des gazelles sont capturées pour Toi dans la montagne, des flammes pures sont préparées pour Toi. Le sacrifice est offert à chaque dieu comme s'il l'était au Nil15. Le Nil a établi sa retraite en Egypte du Sud16, Son nom n'est pas connu au-delà du Tuau. Le dieu ne prend pas forme, Il échappe à toute conception.

Hâpy dans sa caverne d'Eléphantine déverse les jarres de la crue.


Les hommes L'exaltent comme le cycle des dieux, ils redoutent Celui qui crée la chaleur, et Celui qui a fait de Son fils le maître universel pour donner la prospérité à l'Egypte. Viens et prospères ! O Nil, viens et prospères ! O Toi qui fais vivre les hommes par leurs troupeaux et les troupeaux par les jardins ! Viens et prospères ! O Nil, viens et prospères ! "

Notes explicatives :

1- Cette croyance rappelle la conception du Gange chez les Hindous, pour lesquels leur fleuve sacré est également descendu du ciel.

2- Neper (ou Nepri) est la personnification du grain.

3- Ptah est considéré à Memphis comme dieu créateur, protecteur des artisans et des artistes ; en lui sont contenus les éléments constituants de la nature, faune et flore. C'est donc l'association avec la crue du Nil qui donne la vie à la nature.

4- Avant la construction du barrage, le Nil inondait chaque année la vallée, déposant le limon fertile. L'inondation commençait au solstice d'été et s'étendait de juillet à octobre, saison que les Egyptiens appelaient Akhet.

5- Nun est l'Océan Primordial d'où toute chose est née. Quand le Nil entrait en crue, la plupart des terres étaient inondées et seuls quelques lieux en hauteur émergeaient ; pour les Egyptiens, cela rappelait les myhtes de la création et le tertre originel émergeant des eaux. D'où le rapprochement entre la crue du Nil et Nun.

6- S'il est représenté sur les peintures et les bas-reliefs, le Nil n'est pas représenté sous la forme d'un dieu véritable et on ne trouve pas de statue monumentale le personnifiant. Le dieu Hâpy personnifie plus particulièrement la crue et la force créatrice du Nil ; il n'a pas de temple spécifique, de lieu de culte particulier, mais est présent dans la plupart des grands sanctuaires.

7- Il n'a pas de temple spécifique, pas de clergé spécifique à son service.

8- Cette notion explique pourquoi le Nil n'a pas de lieu de culte spécifique.

9- Sobek, dieu à tête de crocodile, est un dieu de l'eau et de la fertilité, il irrigue les champs. Selon une croyance, la présence de crocodiles dans le fleuve était un présage d'une crue favorable : d'où l'allusion aux "enfants de Sobek".

10- Neith, ici considérée comme épouse de Sobek selon la tradition de Haute-Egypte, émerge du Nun pour créer le monde ; elle est souvent considérée comme la "Mère de l'univers". Ses "fils" sont ici encore les crocodiles.

11- Akhet, en égyptien, c'est-à-dire la saison de la crue annuelle.

12- Partant de Haute-Egypte, la crue se répandait en environ un mois jusqu'au Delta, en Basse-Egypte.

13- Le lotus d'Egypte a des bulbes comestibles et servait aux anciens Egyptiens à fabriquer une farine avec laquelle ils faisaient une sorte de pain. L'auteur montre que la valeur nutritive est inférieure à celle des céréales et sous-entend que c'était plutôt une nourriture de pauvres.

14- Ce passage est étonnant ; la question des sacrifices humains, en particulier au Nil (voir la légende la "Fiancée du Nil" ), est controversée. Sans doute faut-il y voir une allusion à des rites très anciens.

15- Hâpy était présent dans la plupart des sanctuaires importants ; comme c'est lui qui dispense la fertilité permettant les offrandes de céréales aux dieux, il est associé indirectement à ces offrandes.

16- Selon la tradition, Hâpy vivait en un lieu caché, dans une grotte située sur l'île d'Eléphantine, près d'Aswan. Dans cette grotte, il déverse le contenu de deux vases pour faire monter les eaux.

 

 

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15 août 2006 2 15 /08 /août /2006 11:03

Le 15 août est pour les catholiques la fête de l'Assomption de la Vierge, et pour les orthodoxes celle de sa Dormition. L'occasion pour nous d'évoquer ce culte aux origines contestées qui ne s'imposa pas tout de suite dans le christianisme et dans lequel on retrouve bien des aspects de cultes antérieurs.

 Philippe de Champaigne, L'Assomption de la Vierge

(huile sur toile, env. 1630-1640, musée du Louvre, Paris).

Qui est Marie ? Les 4 Evangiles reconnus comme authentiques par le christianisme ne lui accordent pas tous la même importance. C'est celui de Luc qui en parle le plus, évoquant l'Annonciation et la naissance miraculeuse de Jean-Baptiste et Jésus, et l'associant à l'enfance du Christ. Celui de Marc ne la mentionne que très peu, tandis que celui de Jean l'associe simplement aux noces de Cana et à la Crucifixion. Enfin, celui de Matthieu lui donne un rôle secondaire, se contentant de préciser qu'elle est fécondée par l'Esprit-Saint. En réalité, l'essentiel des éléments du culte de la Vierge viennent d'écrits apocryphes (c'est-à-dire non reconnus comme authentiques), en particulier du Protévangile-de-Jacques , attribué au frère de Jésus.

 

Le culte de la Vierge mit beaucoup de temps à se développer dans le christianisme, se heurtant à l'hostilité d'une partie du clergé. Le concile d'Ephèse, en 431, la reconnaît comme "Theotokos", "celle qui a mis Dieu au monde", lui conférant ainsi une place particulière. L'Assomption s'impose dès le VIIe s. Mais c'est durant le Moyen Age que peu à peu le culte de la Vierge va prendre de l'importance. Dans le catholicisme se développe un véritable culte marial, alors que chez les orthodoxes elle est toujours envisagée en relation avec le Christ.

 Anonyme, La Dormition de la Vierge

(ivoire, fin Xe s., Constantinople, Metropolitan Museum, New York)

Ce qui nous intéressera plus particulièrement ici, ce sont les survivances de cultes anciens qui ont trouvé refuge derrière celui de la Vierge. Il y a d'abord les cultes antiques gréco-romains ; comme la Vierge est fécondée de façon miraculeuse par l'Esprit-Saint, de nombreuses mortelles passaient pour avoir été fécondées par des dieux antiques. D'autre part, le culte d'une déesse vierge remonte à l'Antiquité grecque : Artémis, déesse lunaire, est une vierge ; troublant, puisque selon la tradition, la mort de la Vierge, ou son Assomption, se place à Ephèse, l'un des plus importants lieux de culte d'Artémis. D'ailleurs, l'iconographie de la Vierge reprend des traits de la déesse grecque : par exemple quand on la voit debout sur un croissant de lune. Enfin, il y a chez l'Artémis d'Ephèse la même ambiguité que chez la Vierge : elle est éternellement vierge, mais apparaît aussi sous un aspect de déesse de la fécondité (sous l'influence de déesses mères orientales).

Artemis associée à la Lune (faisant pendant à Apollon associé au Soleil)

(bas-relief sur calcaire, détail, début du IIIe s. , Dueir près de Tyr au Liban, musée du Louvre, Paris)

Artemis d'Ephèse : cette déesse syncrétise l'Artemis grecque et les déesses mères orientales, en particulier Cybèle.

(marbre blanc, Ier s., musée d'Ephèse, Turquie)

Au-delà des cultes proprement gréco-romains, il y a aussi la question des cultes orientaux importés à Rome et qui eurent un grand succès dans le monde romain de l'époque impériale. La première fut Cybèle, la "Magna Mater", ou Grande Mère, dont le culte se célébrait dans le palais impérial même et à laquelle étaient attachés nombre de Romains ayant séjourné en Orient. Mais surtout, il y a la déesse égyptienne Isis, dont le culte se répandit dans tout l'Empire à l'époque impériale ; c'est Isis en tant que mère d'Harpocrate (version grecque d'Horus) qui a le plus marqué l'image naissante de la Vierge, à tel point que pour les périodes les plus anciennes on a parfois du mal à savoir si une représentation est celle d'Isis ou de la Vierge. Ces cultes étaient en concurrence avec le christianisme naissant. Rien de surprenant, dès lors, à ce que le christianisme ait assimilé des éléments non chrétiens pour convaincre les fidèles, ou que les fidèles aient continué à honorer leurs anciennes divinités à travers des images chrétiennes.

 

Cybèle assise sur un trône : Cybèle assis sur son trône fut un des modèles pour la Vierge en majesté, elle aussi assise sur un trône. 

(terre cuite grecque, fin VIe s. av. notre ère, musée du Louvre, Paris)

Isis allaitant Harpocrate : elle sera indiscutablement le prototype de l'iconographie de la Vierge à l'Enfant ; cette déesse antique, très populaire dans tout l'empire romain,  fut celle dont le culte survécut le plus longtemps au christianisme.

(faïence, époque ptolémaïque, Metropolitan Museum, New York)

Cimabue, Vierge à l'Enfant en majesté : elle reprend l'iconographie des déesses antiques Cybèle et Isis.

(détail, huile sur bois, 1280, musée du Louvre, Paris)

Dans l'Europe pré-romaine et en Orient, depuis le Néolithique, existaient des cultes très vivaces aux déesses mères, à la fois symboles de fécondité et protectrices. Là encore, le culte de la Vierge est venu se superposer aux cultes plus anciens, d'abord avec l'hostilité de l'Eglise, puis avec son consentement. Le lien entre la Vierge et certaines grottes ou certains cours d'eau ou sources renvoie à ces origines.

Déesse-mère néolithique : remarquer qu'elle trône déjà, comme plus tard Cybèle.

(terre cuite, Catal Hüyük, VIe millénaire av. notre ère)

Au fil des siècles, le culte de la Vierge va se diversifier et devenir de plus en plus complexe. Les croyances populaires vont y trouver un refuge pour des pratiques ancestrales. On va honorer la Vierge sous différents aspects, qui en font peu à peu une interlocutrice privilégiée en dépit du silence des Ecritures à son sujet. Elle ouvre aussi plus que tout autre la porte à un culte personnel, privé, à une relation directe avec le fidèle. Elle va se faire protectrice, comme autrefois les déesses mères des cités anciennes. Pour les cultures méditerranéennes, où l'élément matriarcal est important, elle va culminer dans la piété baroque, malgré l'agitation des guerres de religion. Rien d'étonnant, de ce fait, à ce que son culte soit si présent et fervent en Espagne, en Provence, en Italie...

Au-delà du strict christianisme, la figure de la Vierge Marie est donc une survivance du culte très ancien de la déesse mère, du culte féminin des origines. La triade chrétienne, la Trinité, composée du Père, du Fils et du Saint-Esprit, était une triade à laquelle il manquait l'élément féminin, ce qui porte à réfléchir... Le culte de la Vierge est venu combler ce vide.

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30 juillet 2006 7 30 /07 /juillet /2006 21:19

"Mon coeur est devenu capable de toute forme :

Il est une pâture pour les gazelles,

Et un couvent pour les moines [chrétiens],

Et un Temple pour les idoles, et la Ka'aba du pèlerin,

Et les tablettes de la Torah, et le livre du Coran.

Je suis la religion de l'Amour : partout où se dirigent ses montures,

L'Amour est ma religion et ma foi."

 

(Abu Bakr Muhammad Muhyi ad-din Abu 'Abd-Allah Ibn al-'Arabî , dit Ibn 'Arabî, 1165-1240, sage andalou, Turjman al-Ashwaq )

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21 juin 2006 3 21 /06 /juin /2006 19:05

Comme vous le savez, le 21 juin marque dans l'hémisphère nord le solstice d'été, c'est-à-dire le jour le plus long de l'année (ou la nuit la plus courte, comme vous voulez) et premier jour de l'été. Cet événement solaire cyclique a toujours été célébré par des fêtes : en Occident chrétien, les fêtes des feux de la st Jean (st Jean le Baptiste) , qui ont été reportées au 24 juin, jour de la fête de ce saint, et aujourd'hui la fête de la Musique, dénuée de dimension spirituelle mais cependant symbolique également de l'entrée dans l'été.

 

La st Jean est un bon exemple de syncrétisme et de réutilisation par le christianisme de fêtes et cultes antérieurs, ainsi que d'un symbolisme solaire que beaucoup de chrétiens d'aujourd'hui ont oublié.  L'ancienne fête païenne du solstice d'été a en effet été repoussée au 24 juin, qui serait la date de la naissance de st Jean Baptiste. Ca ne vous dit rien ? La naissance du Christ est quant à elle placée le 24 décembre et Noël a remplacé la fête païenne du solstice d'hiver. Vous commencez à comprendre ? La st Jean, donc le solstice d'été, c'est le moment à partir duquel les jours commencent à décroître ; dans la tradition chrétienne, Jean Baptiste est celui qui prépare la venue de Jésus, et qui s'efface après avoir baptisé celui-ci et le précède dans la mort : c'est ce que symbolise le choix du solstice d'été pour placer la fête de Jean, le soleil à son sommet prêt à décroître. Au contraire, le choix du solstice d'hiver pour la naissance de Jésus, c'est le symbole de la résurrection, avec le soleil qui chaque jour croît à nouveau. Il semblerait que ce soit à l'époque mérovingienne qu'on ait pris l'habitude de déplacer les feux du solstice vers la nuit du 23 ou 24 juin ; autrefois à Paris, le roi lui-même allumait le feu, dans lequel on avait pour usage barbare de jeter des chats vivants (selon l'Eglise, symboles du mal...). L'association de Jean Baptiste à la lumière solaire semble en outre venir de l'évangile de Jean (l'apôtre), qui dit de lui : "Il vint pour témoigner, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous crussent par lui. Il n'était pas la Lumière ; il devait rendre témoignage à la Lumière." (Jean 1, 7-8). 

 

La naissance de st Jean Baptiste vue par le Moyen Age

(Petites Heures du duc de Berry, XIVe s. , BN, Paris)

 

Pour les populations celtiques et germaniques de l'Antiquité, le solstice d'été était une date importante qui était marquée par des célébrations et à l'occasion de laquelle on allumait de grands brasiers, qui ont été repris par les chrétiens sous la forme des feux de la st Jean ; on dansait autour de ces feux pour symboliser la course du Soleil et marquer le retour de l'énergie vitale. En fait, c'est sans doute la difficulté à faire disparaître les anciennes pratiques qui a forcé l'Eglise primitive à composer et à christianiser ces coutumes. Pour les Celtes et les Germains, le solstice d'été est associé au sud, symbole de vitalité, et au feu, symbole à la fois d'énergie et de spiritualité ; l'animal qui y est associé est le cerf, animal solaire. Cette fête, appelée Beltaine par les Celtes, était consacrée au dieu Belenos, dieu de la Lumière et du Soleil.

Belenos, sur une monnaie antique.

Au solstice d'été, les Grecs de l'Antiquité, en particulier à Athènes, célébraient la fête du dieu d'origine orientale Adonis (le dieu phénicien et syrien Thammuz, "Adonaï", qui signifie "Seigneur", étant la formule par laquelle on s'adressait à lui en Orient), les Adonies ("Adôneïa"), qui marquent la mort d'Adonis tué lors d'une chasse par un sanglier.  Cette fête funèbre était marquée par des traditions faisant surtout intervenir les femmes, en particulier par les courtisanes, car la déesse Aphrodite avait pleuré la mort de son jeune protégé. Des représentations d'Adonis allongé sur une couche mortuaire ("adônion"), en terre cuite ou en cire, étaient l'objet de rites funéraires (onction et toilette funéraire, exposition du corps devant les maisons ou sur leur terrasse, offrandes, banquet funéraire), et des processions parcouraient les rues, les femmes se lamentant et se frappant la poitrine, ou poussant des chants plaintifs au son d'une flûte stridente venue de Phénicie. Selon la coutume, les femmes, en préparation de la fête,  faisaient aussi pousser ce qu'on appelle les "jardins d'Adonis" (Adônidos kêpoi) : dans de petits récipients, elles mettaient à germer des plantes à croissance rapide (orge, fenouil, blé et surtout laitue, plante considérée par les Grecs comme celle des morts et surtout parce qu'Aphrodite aurait étendu le cadavre d'Adonis sur un lit de laitues), qu'on laissait ensuite se dessécher, pour symboliser la vie brève d'Adonis ; elles étaient ensuite présentées au dieu pendant les Adonies, puis jetées à la mer ou dans un cours d'eau. Cette fête était célébrée dans tout le monde grec (en particulier avec faste à Alexandrie, en Egypte, sous les Ptolémées), parfois à des dates différentes, puis fut reprise par les Etrusques et les Romains.

Vase grec attique à figures rouges montrant une femme aidée par Eros à descendre de sa terrasse les "jardins d'Adonis" qu'elle a préparés pour la fête des Adonies

(fin Ve - début IVe s. av. notre ère, musée de Karlsruhe, Allemagne).

 

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17 juin 2006 6 17 /06 /juin /2006 12:41

Habitués que nous sommes à eux, nous avons tendance à oublier que chez nous, en Europe occidentale, les jours de la semaine sont liés à une planète, et de là à un dieu antique. L'usage des 7 jours de la semaine avec référence à une planète viendrait, selon la tradition, de Mésopotamie, et plus particulièrement de Babylone ; preuve supplémentaire des origines métissées de notre culture, n'en déplaise aux nationalistes d'aujourd'hui d'ailleurs ! Le chiffre 7 est dans la tradition orientale l'un des chiffres magiques les plus puissants ; on le retrouve souvent par exemple dans la Bible. Les choses se sont fixées, en ce qui concerne notre semaine, avec les Romains. La christianisation n'a pas totalement supplanté des traditions plus anciennes, comme nous allons le voir. Nos jours de la semaine nous entraînent vers une part de notre histoire, mais aussi vers les croyances de nos ancêtres...

Le lundi, Lunae Dies en latin, fait l'unanimité, même en contexte germanique : c'est le jour consacré à la Lune, astre nocturne qui fait pendant au Soleil. On loe retrouve aussi bien dans les langues latines ( lunes en espagnol, lunedi en italien) que dans les langues germaniques (Montag en allemand, de Mond = Lune, et monday en anglais, de moon = Lune).

Il en va différemment avec le mardi, Martis Dies en latin, le jour de Mars. Si les langues latines ont conservé la référence à Mars (martes en espagnol et martedi en italien), les langues germaniques conservent la référence à un dieu guerrier, mais remplacent Mars par un dieu germanique, Tyr ou Tiw (Dienstag en allemand et tuesday en anglais, de l'ancienne forme "Tiwesdaeg" = jour de Tiw).

Divergences encore concernant le mercredi, en latin Mercurii Dies, jour de Mercure que les langues latines ont conservé (miércoles en espagnol et mercoledi en italien). Les Allemands, eux, en font simplement le milieu de la semaine, Mittwoch (de Mitte = milieu, moitié + Woche = semaine). Quant aux Anglo-Saxons, ils conservent avec Wednesday la tradition germanique : ce mot vient de la forme ancienne "Wodnesdaeg", le jour de Woden (Wotan), équivalent germanique du Odin nordique.

Le jeudi, Jovi Dies en latin, est resté pour les pays de langue latine le jour de Jupiter (jueves en espagnol, giovedi en italien). En contexte germanique, il est consacré à un autre dieu, germanique, qui comme Jupiter contrôle le tonnerre : Thor. Ainsi trouve-t-on en allemand "Donnerstag" (le jour du Tonnerre) et en anglais thursday (le jour de Thor).

Le vendredi, Veneris Dies en latin, fait l'unanimité quant à sa consécration à une déesse. Si les langues latines restent fidèles à Vénus (viernes en espagnol, venerdi en italien), les langues germaniques quant à elles préfèrent la référence à Frigga ou Freyya, épouse de Wotan et déesse de la terre (Freitag en allemand, Friday en anglais).

Le samedi, Sabbati Dies, est plus étrange encore. Le Sabbat, ce n'est pas celui des sorcières, mais le shabbat hébraïque, qui rappellent que les premiers chrétiens respectaient la tradition du Shabbat, jour où Dieu se repose après la création du monde. Pratiquement toutes nos langues ont adopté suite à la christianisation cette référence au sabbat (sabado en espagnol, sabato en italien, Samstag en allemand). Seuls les Anglo-Saxons, étrangement, ont conservé l'ancienne forme latine Saturni Dies, jour de Saturne (saturday en anglais) là où d'ordinaire ils ont pour usage de remplacer la divinité romaine par une divinité germanique !

Enfin le dimanche, Dies Dominica en latin, est dans toutes les langues latines le jour du Seigneur (dominus en latin) suite à la christianisation (domingo en espagnol, domenica en italien). Il faut chercher la forme antérieure en contexte germanique : pour celui-ci, ce jour est consacré à la vieille divinité majeure, l'astre par excellence, le Soleil (Sonntag en allemand, de Sonne = Soleil, et Sunday en anglais, de sun = soleil). Cette assimilation du Dieu chrétien au Soleil n'est pas anodine ; au moment où le christianisme commence à dominer le monde romain, il se heurte à un autre culte oriental très populaire, celui de Mithra, qui possède des aspects solaires, en particulier comme symbole de résurrection avec le soleil levant. Dans les représentations paléochrétiennes, le Christ est très souvent représenté chevauchant au matin le char du soleil ; et si les églises, nous en reparlerons, sont orientées pour les plus anciennes le choeur vers l'est, c'est également en vertu de cette symbolique solaire de la renaissance !

On le voit avec cet exemple des jours de la semaine, les choses les plus anodines en apparence sont riches de signification du point de vue historique et culturel. Nous y retrouvons les traces de croyances très anciennes, qu'une christianisation parfois féroce n'est pas parvenue à effacer.

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1 juin 2006 4 01 /06 /juin /2006 09:15

Vyâdhi-styâna-samshaya-pramâda-âlasya-avirati-bhrântidarshana-alabdhabhûmi-katva-anavisthitatvâni chitta-vikshépâs té antarâyâh.

(La maladie, l'abattement, le doute, le déséquilibre mental, la paresse, l'intempérance, l'erreur de jugement, le fait de ne pas réaliser ce qu'on a projeté ou changer trop souvent de projet, tels sont les obstacles qui dispersent la conscience.)

Dukha-daurmanasya-angaméjayatva-shvâsaprashvâsâ vikshépa-sahabhuvah.

(La souffrance, l'angoisse, la nervosité, une respiration accélérée, sont les compagnons de cette dispersion mentale.)

Tat-pratishédha-artham éka-tattva-abhyâsah.

(Pour éliminer cela, il faut centrer sa pratique sur un seul principe à la fois.)

Maïtri-karunâ-muditâ-upékshânâm sukha-dukha-punya-apunya-vishayânâm bhâvanâtash chitta-prasâdanam.

(L'amitié, la compassion, la gaieté clarifient et apaisent le mental ; ce comportement doit s'exercer indifféremment dans le bonheur et le malheur, vis-à-vis de ce qui nous fait du bien comme vis-à-vis de ce qui nous fait du mal.)

Pracchardana-vidhâranâbhyâm vâ prânasya.

(L'expir et la suspension de la respiration produisent les mêmes effets.)

(Patanjali, Yoga Sutra

(entre le IIe s. av. notre ère et le IVe s. de notre ère)

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25 mai 2006 4 25 /05 /mai /2006 19:24

Une fois de plus, ce qui suit n'engage que moi. Ce sont des croyances personnelles pour lesquelles je ne prétends faire aucun prosélytisme que ce soit.

La rencontre avec le bouddhisme, comme je l'ai déjà dit, m'a ramené la paix avec le christianisme. Les maîtres bouddhiques actuels encouragent les Occidentaux à ne pas totalement tourner le dos à la religion de leurs pères, je crois qu'ils n'ont pas tout à fait tort. La révolte passée, on se rend compte que ce qui importe, c'est l'essence du message, pas ce qu'en ont fait les prêtres et les hommes au fil des siècles. Et on se rend compte aussi qu'il y a malgré tout des aspects positifs dans cette tradition également, et que c'est cela ce qu'il faut conserver. D'autre part, comme l'a très bien expliqué Sa Sainteté le Dalaï Lama, chaque culture est imprégnée par la tradition religieuse dont elle s'est accompagnée, et chaque religion est liée à une culture ; les fondements chrétiens de la civilisation occidentale font qu'ont ne peut jamais tout à fait les méconnaître.

Ce que la révolte a eu de bon, c'est qu'elle m'a affranchi du pouvoir de l'Eglise. Si je continue à prier parfois selon les rites de la religion de mes pères, je me refuse à aller à la messe, sauf en de rares circonstances auxquelles je ne peux échapper. Je ne reconnais plus la "sainteté" de l'Eglise, qu'elle a judicieusement placé dans le Credo pour asservir les hommes, ni l'autorité du pape, dont l'attitude est trop éloignée de la vérité du Christ. Je garde un attachement particulier envers la Vierge Marie, à travers laquelle, bien entendu, j'honore également les antiques déesses mères et la grande Isis, qu'elle a assimilées. Je ne reconnais pas les saints, sinon pour certains comme des légendes dont on peut tirer un enseignement contenant des aspects positifs. Je m'intéresse à la lecture des apocryphes, et par ce biais essaie de me faire une opinion du christianisme primitif et du véritable contenu du message du Christ.

En dehors de cela, je voue également un culte particulier au dieu hindou Ganesh, donc relevant de la tendance shivaïte de l'hindouisme. Les hindous ont une trinité formée de Brahma, Vishnu et Shiva, qui incarne le cycle de base de toute chose en ce monde. Brahma crée, Vishnu maintient, Shiva détruit pour ouvrir un nouveau cycle. Et ainsi à l'infini. Il me semble que cette vision du monde est pertinente. Si j'ai choisi de me rapprocher de l'aspect shivaïte, c'est sans doute parce qu'il faut que j'apprenne à détruire pour reconstruire, et aussi parce que je crois que nous sommes actuellement dans une fin de cycle.

Je crois au cycle des réincarnations et à la notion de karma, qui est très complexe pour nous autres Occidentaux. Rien de choquant à cela, du reste, car des textes montrent qu'une partie au moins des premiers chrétiens croyaient en la réincarnation, peut-être le Christ lui-même. L'échelle d'une vie n'est rien, et chaque existence terrestre, dans laquelle rien n'est hasard, nous offre la possibilité de récolter des enseignements. Nous en avons la liberté : rien ne nous y oblige, il n'y a rien de mal à ne pas chercher d'évolution spirituelle dans son existence actuelle ; c'est peut-être que l'on a à développer autre chose en attendant l'existence suivante. Les épreuves mises sur notre parcours ne sont pas anodines ; elles nous enseignent toujours quelque chose, nous font ressortir grandis. Les rencontres que nous faisons ne sont jamais des hasards, elles ont une signification.

Je rejette la notion de "péché" telle que l'Occident la conçoit, ainsi que la morale judéo-chrétienne. Il n'y a que des règles de base qui peuvent se résumer au respect d'autrui, à ne pas nuire à autrui, et au-delà à toute chose existant en ce monde, jusqu'à la plus infime. Ainsi, rien n'est répréhensible par exemple en matière de sexualité, tant que les actes sont librement consentis par les partenaires, et que ces partenaires ont atteint leur pleine maturité sexuelle ; tout dogme qui prétend le contraire est erroné. Le plaisir nous a été donné comme un cadeau qui nous amène à réfléchir lui aussi et à développer une position positive vis-à-vis d'autrui : ne songer qu'à son propre plaisir conduit à une impasse, partager avec autrui le plaisir est une expérience positive, donner à autrui du plaisir avant de chercher à atteindre le sien propre nous grandit.

Je réfute aussi la vision angélique selon laquelle l'homme serait foncièrement bon : il suffit d'observer les enfants pour se rendre compte du contraire, un enfant manifestant aussi bien des instincts positifs que la plus grande cruauté. Il y a dans l'homme une part de lumière et une part d'ombre. Il convient de les identifier toutes deux, d'en prendre conscience, et de développer la part de lumière.

J'étudie avec intérêt des textes de toutes les traditions, anciennes ou présentes,  n'en rejetant aucune a priori. Et je m'efforce surtout de trouver des correspondances, de chercher des réponses en les confrontant, comme on complète un puzzle avec des pièces de formes variées. Je prends plaisir à ressentir l'énergie positive dégagée par un lieu de culte authentique, quel qu'il soit.

Récemment sur un forum, un catholique pratiquant, que mon opinion devait bien entendu choquer grandement, m'a dit qu'en adoptant des éléments de différentes religions, je n'en servais aucune, et qu'en cherchant à toutes les connaître, je n'en connaissais aucune correctement. Peut-être est-ce vrai, mais je préfère l'ouverture d'esprit à l'enfermement dans un dogme. La liberté de penser est un bien précieux, même si cette liberté n'est pas sans danger : mais tout à un prix, une conséquence ; la pensée spirituelle de l'humanité sera devenue véritablement adulte quand les hommes seront capables d'user de cette liberté dans le respect de tous leurs semblables et sans la prétention de détenir la vérité. Nul ne connaît la vérité, une vie humaine n'y suffit pas ; nous n'en connaissons que des bribes, que nous glanons au cours de notre parcours terrestre.

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20 mai 2006 6 20 /05 /mai /2006 04:52

Je vais essayer de poursuivre l'explication du syncrétisme tel que je le conçois et le pratique. Bien entendu, tout cela n'engage que moi, c'est une vision personnelle des choses que je partage ici avec vous sans intention de convaincre. Je le répète, je ne prétends pas détenir une vérité et je ne me réclame d'aucune mouvance spécifique. Je pense que c'est important de bien poser cela en préalable, pour éviter les malentendus.

Artémis d'Ephèse, en Asie Mineure, assimilée à des déesses orientales...

 

Sérapis, dieu gréco-égyptien associant Zeus et Osiris, ou le taureau Apis...

 

Pour comprendre la démarche, il faut commencer par aborder certaines notions historiques. La notion de syncrétisme était présente dans de nombreuses religions anciennes : les Egyptiens ont adopté au cours de leur longue histoire de nombreuses divinités étrangères, comme Ishtar ; Grecs et Romains, par exemple, n'avaient aucun mal à adopter des divinités étrangères, ni à faire des parallèles entre leurs divinités et les divinités étrangères jusqu'à les assimiler. Par exemple, Artémis, en Asie Mineure, a pris de nombreux aspects des déesses mères de la fécondité de l'ancien Orient (Artémis d'Ephèse, en particulier) ; ou les Grecs installés en Egypte ont été capables d'assimiler religion grecque et religion égyptienne, jusqu'à former des divinités gréco-égyptiennes (Sérapis, Harpocrate). Les Romains ont adopté Apollon, dieu grec, et opéré un rapprochement entre dieux grecs et dieux romains ; au fur et à mesure que s'agrandissait l'Empire, les Romains adoptèrent de nombreux cultes étrangers : les Romains de l'Empire eurent un véritable engouement pour les religions orientales (cultes d'Isis, Cybèle la Magna Mater, Mithra, puis même le judaïsme et le christianisme, dans une moindre mesure puisque le monothéisme strict était un frein).

 

 Cybèle, la Magna Mater importée d'Asie Mineure vers Rome...

 

Mithra, dieu oriental très populaire à Rome, principal concurrent du christianisme...

 

De même, certaines religions actuelles ont cette tendance naturelle au syncrétisme. L'hindouisme, par exemple, ne voit aucun mal à faire des rapprochements avec d'autres religions ; la rencontre entre hindouisme et islam a donné le sikhisme ; pour de nombreux hindouistes, Jésus est considéré comme un des avatara, une des manifestations de Vishnou. Le bouddhisme, s'il fait de l'idée de Divin une notion plus abstraite, n'en exclut pas pour autant les traditions qui l'ont précédé ; les bouddhistes népalais ou tibétains continuent à pratiquer des rites issus de traditions animistes, les bouddhistes mongols ont conservé parallèlement le chamanisme. En Amérique latine s'est opéré un syncrétisme entre les religions précolombiennes et le catholicisme, que l'Eglise a bien été obligée de tolérer (ce que ne font pas, du reste, les fondamentalistes protestants américains qui évangélisent de façon brutale dans ces régions, en particulier au Brésil, mais c'est un autre sujet). Confucianisme et taoïsme se sont très bien accommodés du bouddhisme.

 

 Vishnu, dieu hindou dont Jésus est considéré comme un des avatara...

 

Le christianisme lui-même, à ses débuts et à différentes périodes de son histoire, n'a pas pu empêcher totalement ce syncrétisme ancien de s'opérer : la parenté entre la Vierge et les anciennes déesses mères ou Isis est évidente, les représentations du Christ et la symbolique chrétienne ont repris nombre de traits du mithraïsme, etc. Nombre de saints ou de lieux sacrés, de traditions sont issus d'un fonds plus ancien. Cependant, il à remarquer que les religions monothéistes, ou plutôt les trois religions du Livre (judaïsme, christianisme, islam), n'ont pas cet aspect d'ouverture et de tolérance ; elles prétendent détenir une vérité absolue qui exclut toute autre, ce qui tient en partie au fait même qu'elles définissent le Divin sous une forme unique.

 

 

 Etrange parenté entre ces deux représentations, qui n'est pas due au hasard : en haut, la déesse Isis allaitant Harpocrate sur une fresque égyptienne d'époque romaine de Karanis ; en bas, la Vierge allaitant l'Enfant dans une oeuvre de la fin du XVe s.

A ce niveau, il faut peut-être expliquer deux notions importantes.

D'abord, la notion de polythéisme / monothéisme : ce que nous appelons "polythéisme", la croyance en plusieurs dieux, est souvent mal compris, car considéré de façon superficielle. Il faut bien avoir conscience que les divinités, les mythes, les cosmogonies, sont des symboles, non des vérités absolues ; seule la religion populaire prend à la limite les choses au pied de la lettre, parfois spontanément, parfois sous l'influence d'un clergé qui cherche ainsi à acquérir une forme de pouvoir. Cependant, dès que l'on a la chance de pouvoir s'adonner à l'étude, on comprend rapidement que tout cela est symbolique ; le polythéisme n'est en réalité qu'apparent : les différentes divinités ne sont que les différents aspects d'une même réalité, que l'esprit humain ne peut concevoir dans sa totalité. Sous le polythéisme apparent, il y a un monothéisme de fond. Ainsi, polythéisme et monothéisme proposent deux façons différentes d'aborder la question du Divin : le polythéisme est conscient du caractère si abstrait du Divin qu'il le décline dans ses différents aspects pour le rendre accessible à l'homme ; le monothéisme, au contraire, pose comme condition préalable une vision très abstraite, qui a dû au fil du temps accepter quelques entorses pour convenir aux croyances populaires (ainsi s'est développé, malgré les réticences de l'Eglise, le culte de la Vierge et des saints).

Ensuite, l'aspect symbolique lui-même. La religion, la spiritualité, sont faites de symboles destinés à servir de support à la réflexion. Il faut également avoir conscience que nombre de traditions sont nées et se sont développées à des époques où l'instruction était réservée à une élite et où il fallait utiliser des images pour expliquer les choses au commun des mortels. L'aspect pervers, c'est qu'ensuite ces symboles ont pu être pris au pied de la lettre, vidés de leur vraie substance et même utilisés par certains hommes pour asseoir leur pouvoir sur d'autres. Ainsi, il convient toujours en matière de religion, de faire la distinction entre ce qui est d'ordre réellement spirituel et ce qui relève de l'histoire, de l'intervention purement humaine à des fins matérielles. C'est l'essence d'un message qu'il faut s'efforcer de comprendre, pas la forme qu'il prend ou le folklore qui l'entoure, même si l'homme est ainsi fait qu'il a besoin de rites.

 

Compliqué tout ça, non ? Nous allons arrêter là pour le moment et nous reposer un peu le cerveau. Je crois qu'il est urgent d'appeler notre squaw préférée pour nous détendre un peu...

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