Parmi les retrouvailles émouvantes, celle avec la mythique Vallée des Rois... Toujours le rituel du parking à l'entrée du wadi et le petit train qui emmène les visiteurs à l'entrée de la zone des tombeaux. Il nous faut d'urgence de l'eau minérale ; j'en achète à un marchand avant de monter dans le fameux petit train qui s'apprête à partir et, dans la précipitation, mon sac à dos se vide d'une partie de son contenu ; je ris de bon coeur avec les Egyptiens, et Theti s'amuse elle aussi de la scène... Et du coup mon sac se vide une seconde fois !
Ce monde minéral qui nous entoure a quelque chose de fascinant, et pas seulement à cause de la charge émotionnelle attachée à l'un des plus célèbres sites archéologiques du monde. Les couleurs des roches forment un dégradé de nuances très douces, presque neutres... Comme une feuille de papyrus vierge sur laquelle écrire l'histoire... Le wadi est capricieux, tantôt étroit, tantôt plus large, sinueux comme un serpent glissant sur le sable chaud, ombragé ou inondé de lumière... Quels mystères se cachent encore ici ? Quels secrets nous observent dans leur silence millénaire ? Tout semble d'un calme surprenant quand on voit le nombre de touristes qui envahissent quotidiennement les lieux. On fait sans aucune difficulté abstraction de la foule qui déjà se presse en ce petit matin. Mais surtout, ce n'est curieusement pas un désert hostile ; pourtant tout y est : pas un brin de végétation, des amas rocheux et du sable de chaque côté de la route... Aucune trace de vie, mais pas ce sentiment oppressant qu'on peut avoir dans certains lieux déserts. On a le simple sentiment de traverser un vestibule naturel qui nous sépare du monde des vivants, mais sans en être aucunement effrayé.
Et tout à coup, elle est là : la cime thébaine en forme de pyramide naturelle, l'une de ces pyramides que l'érosion a façonnées bien avant que l'homme n'ait eu l'idée d'en construire d'artificielles, et que l'on rencontre fréquemment dans les déserts égyptiens. Il y a un sentiment d'admiration et de respect auquel j'avoue ne pas avoir prêté attention la première fois que je suis venu. Theti est sous le choc de la rencontre, pour elle c'est la première fois, ses yeux découvrent ce qu'elle a vu depuis des années dans les livres et qui est encore plus fascinant en vrai. Chacun garde le silence, nous n'échangeons que quelques mots rapides ; il faut laisser à l'instant son alchimie silencieuse que les mots ne feraient que perturber.
Je demande à Ehab, notre guide, s'il a prévu les tombes que nous visiterons ou si nous avons le choix. Je lui explique que nous avions envisagé pour notre part la visite de tombes spécifiques. Il me répond que celle d'Amenhotep II est fermée, ce qui nous déçoit un peu : ce sera pour la prochaine fois, insha'a l-llah... Il nous propose un programme ramesside : Seti II, Ramsès I et Ramsès III. Pourquoi pas, yalla ! Nous gagnons d'abord la tombe de Seti II, au pied de la falaise au-dessus de laquelle trône la cime thébaine ; au passage, je jette un oeil en direction de l'entrée de la tombe de Taousert et je suis content de voir qu'elle a quelques visiteurs... Tout le monde ne se précipite pas chez Toutankhamon !
Pour les photos, c'est volontairement que cet article n'est pas illustré : vous les trouverez sur le blog de Theti.