Sheikh Ahmad Barrayn vient de la région d'Esna, en Haute Egypte, et il est considéré comme le plus grand maddâh de cette région, et l'un des plus grands de toute l'Egypte. Aveugle, il a d'abord appris l'art de la psalmodie coranique, puis a étudié trois ans à l'université islamique d'el-Azhar, au Caire. Il chante à la fois en arabe classique et en sa'idi , le dialecte de Haute-Egypte.
Sheikh Ahmad Barrayn se réfère à la tradition ancienne, dite qadîm. Les maddahâhîn égyptiens expriment une religiosité d'inspiration populaire, et les chants qu'ils composent se réfèrent de préférence aux légendes locales ou aux anecdotes traditionnelles assorties d'une morale. Le genre laisse également une large place à l'improvisation. Traditionnellement, le maddâh égyptien s'installait sur une place pour chanter, un peu à la façon d'un conteur. On faisait aussi appel à lui en l'invitant chez soi.
La qasîdah est le genre poétique rythmé le plus prisé, riche en métaphores et par sa métrique proche de la psalmodie coranique. Elle est en général introduite par un mawwâl, forme poétique qui remonterait au VIIIe s. et qui est chantée en Egypte soit en langue populaire, soit en langue semi-classique.
Pour accompagner le chant, peu d'instruments : le gharb (longue flûte de roseau caractéristique de ce style de chant), le riqq (petit tambourin à cymbalettes), le naqrazân ou naqayrat (timbale en cuivre sur laquelle est tendue une peau qu'on frappe avec deux baguettes en tiges de palmes, percussion caractéristique du chant religieux en Haute-Egypte).
C'est véritablement très beau, d'un dépouillement et d'une puissance extraordinaires... Une moment de sérénité, de plénitude, à savourer au calme, confortablement installé... Même si on ne comprend pas le texte, il faut se laisser emporter par la musique. Une occasion de partir à la rencontre de la musique traditionnelle sa'idi, de la musique religieuse égyptienne mais aussi des traditions populaires qui perpétuent un art ancestral. A découvrir si vous ne connaissez pas déjà, sincèrement...