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PrÉSentation

  • : Ankh-Neferkheperou-Rê
  • : Pas de sujet précis, mais un ensemble de rubriques, qui évolueront avec le temps. Même si un accent particulier est mis sur l'Egypte. Ce qui compose mon univers et que je souhaite partager... Des passions, des coups de coeur et des coups de gueule, des ré
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Fermeture définitive de la Cité dimanche 27 mai 2007.

Vieux Papyrus

Notre Cité

15 juillet 2006 6 15 /07 /juillet /2006 00:02

Le hommos be tahineh, ou purée de pois chiches, est une entrée qu'on trouve dans tout le Proche-Orient, et même avec une variante grecque. On peut aussi la servir en apéritif. Voici une recette que je tiens d'une amie égyptienne d'Alexandrie.



Les ingrédients (pour 3 à 4 personnes) :
- 1 boîte ou 1 bocal de pois chiches (ça évite de les faire tremper et cuire longtemps)
- 4 à 5 cuillères de tahina (pâte de sésame qu'on trouve dans les épiceries orientales)
- 4 à 5 gousses d'ail
- 1 ou 2 citrons (selon la taille)
- 1 petit bouquet de coriandre, ou à défaut de persil
- de l'huile d'olive


La préparation :

Peler l'ail et l'écraser.

Faire bouillir les pois chiches pendant une dizaine de minutes. Les égoutter, et mettre de côté un peu de l'eau de cuissson.

Mélanger les pois chiches tièdes, la tahina, l'ail, le jus de citron, saler et mixer jusqu'à obtenir une purée bien lisse (en principe, les puristes la réalisent avec pilon et mortier, mais c'est plus long et il faut avoir le coup de main, le mixer c'est très bien). Si elle est trop épaisse ou grumeleuse, ajouter petit à petit de l'eau de cuisson des pois chiches, jusqu'à ce que la purée soit assez crémeuse.

Disposer dans un plat, arroser d'huile d'olive et parsemer de coriandre hachée ou de persil. En principe, cette entrée se mange froide, il vaut mieux la mettre un peu au frais. On la mange avec du pain pita (appelé "pain libanais" dans les supermarchés), à défaut avec du pain tout bête.

Une version épicée existe aussi, qui prend une belle couleur rouge. Déconseillée aux âmes sensibles ! Il suffit d'ajouter aux ingrédients ci-dessus 2 ou 3 piments rouges forts, et de les mixer avec le reste. Si on préfère jouer la prudence, on peut aussi saupoudrer le hommos de poudre de piment fort...!


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14 juillet 2006 5 14 /07 /juillet /2006 23:57

La tahina (ou "tahini", au Liban et en Egypte "tahineh" ...) est une pâte obtenue à partir de graines de sésame grillées. On l'achète toute prête, en boîte ou en bocal, dans les épiceries orientales ; il faut bien la mélanger avant de l'utiliser, car l'huile a tendance à remonter à la surface. Une fois la boîte entamée, la tahina se conserve au réfrigérateur. Si vous n'en trouvez pas près de chez vous, vous pouvez la fabriquer vous-mêmes ; pour cela, il faut faire griller, sans matière grasse, des graines de sésame dans une poêle, en les remuant avec une cuillère en bois pour éviter qu'elles brûlent ; quand elles commencent à blondir, on les retire du feu et on continue à les remuer pour qu'elles refroidissent un peu. Après, il n'y a plus qu'à les mixer jusqu'à obtenir une pâte bien lisse ; si elle est trop sèche, y incorporer de l'huile de sésame (on en trouve facilement chez tous les traiteurs asiatiques). La tahina est utilisée pour de nombreuses recettes, et il n'y a pas d'équivalent occidental du point de vue du goût.

 

Graines de sésame...

 

 



La semna (que les Indiens appellent "ghee", nom sous lequel elle est souvent commercialisée en Europe) est un beurre clarifié, qui est la matière grasse de base avec l'huile ; elle vous servira aussi bien pour la cuisine du Proche- et du Moyen-Orient que pour la cuisine indienne et pakistanaise. Autrefois, dans les pays chauds, c'était la façon la plus efficace de conserver le beurre. Là encore, si vous ne trouvez pas de semna, vous pouvez la fabriquer vous-mêmes à partir de beurre (il faut du beurre de bonne qualité, et surtout pas mélangé à de la margarine). Dans une casserole, on fait fondre le beurre à feu très doux, sans couvrir et sans remuer. De temps à autre, il faut enlever avec une écumoire les matières solides qui se forment à la surface et qu'on doit séparer de la semna. Le feu doit vraiment être au plus bas et il faut surveiller en permanence (c'est un peu fastidieux, mais on ne fait pas ça tous les jours ; on en fait une certaine quantité...) ; attention, si le beurre fume et vire au brun, c'est fichu, le feu est trop fort ! La semna est prête quand elle a pris une couleur légèrement ambrée et doit être limpide, un peu comme de l'huile. On la verse alors dans un bocal et on la laisse refroidir à température ambiante. Si elle est préparée avec soin, la semna peut se conserver sans réfrigération pendant un ou deux mois. On peut éventuellement remplacer la semna par un mélange d'huile d'arachide et de beurre, mais là encore le goût n'est pas le même...

 

La semna encore liquide, quand on vient de la fabriquer et qu'on la filtre pour la stocker. En cuisant quand elle est utilisée dans les recettes, elle retrouve sa forme liquide...

 

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12 juillet 2006 3 12 /07 /juillet /2006 21:51

Dans l'idée de la plupart des Occidentaux, l'arabe est une langue qui semble pratiquée uniformément d'un bout à l'autre du monde arabe. Quand j'ai commencé, enthousiaste, à apprendre cette langue, je pensais qu'elle m'ouvrirait les portes du monde arabe tout entier ; ce n'est qu'une fois que j'ai commencé à étudier et à discuter avec des amis arabophones que je me suis rendu compte que la réalité était plus complexe. Du coup, j'ai entrepris d'apprendre parallèlement et l'arabe dit "littéral" ou "littéraire", et l'arabe dialectal égyptien.

En effet, on distingue plusieurs formes d'arabe, qui ne sont pas toutes utilisées partout, et pas toutes dans le même contexte.

Il y a d'abord l'arabe coranique, qui est la langue du Coran, la langue religieuse en quelque sorte ; c'est une forme historique de l'arabe, pour faire simple, qui n'est plus utilisée qu'en contexte religieux. La plupart du temps, seules les personnes ayant fait des études religieuses le comprennent totalement, en tout cas dans de nombreux pays où il diffère beaucoup de la langue courante.

Ensuite, il y a ce qu'on appelle l'arabe "littéral" ou "littéraire", qui est l'arabe écrit. C'est en quelque sorte une langue commune au monde arabe, pour simplifier là encore, qui est très proche de l'arabe pratiqué dans la péninsule arabique (Arabie Saoudite, Emirats, etc.), mais en diffère par certains aspects. C'est l'arabe qui est enseigné dans les écoles, qui est utilisé pour écrire dans les journaux, etc.

Enfin, il y a les différents dialectes arabes, qui sont parlés dans différentes zones ou même certains pays. Il y a en gros trois grandes familles de dialectes : ceux de l'Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye), ceux du Proche-Orient (de la Syrie à l'Egypte) et ceux du Moyen-Orient (Iraq, Koweit, péninsule arabique). Je rappelle au passage que les Iraniens parlent le persan, non l'arabe, et que le turc est une langue non apparentée à l'arabe, mais venue d'Asie Centrale. A l'intérieur de chacun de ces groupes, il y a des variantes : par exemple, même s'ils sont proches, les dialectes égyptien et libanais sont différents.

Ce qui signifie que dans le monde arabe, en gros, on lit l'arabe littéraire et on parle en arabe dialectal de la zone où on habite. Les différences ne sont pas toujours minimes. Si certaines portent sur la prononciation, comme nous en reparlerons, il y a aussi des mots et expressions qui sont propres à chaque dialecte. Evidemment, si vous parlez en arabe littéraire, il y a de grandes chances qu'on vous comprenne ; mais cela risque de faire sourire, même si on sera content que vous fassiez l'effort de parler arabe. Donc pour lire l'arabe et acquérir les bases du fonctionnement de la langue, il est utile d'apprendre l'arabe littéraire ; par contre, pour pouvoir parler avec les gens et se débrouiller dans des situations de la vie quotidienne, il faut apprendre au moins le plus courant en arabe dialectal. Difficile, tout ça ? Mais non, vous verrez, c'est passionnant. Pour bien entendre les différences entre les dialectes, un excellent moyen est d'écouter de la musique orientale venant des différents pays du monde arabe ; très vite, votre oreille se fera aux différences de prononciation...

Par exemple, la consonne arabe jîm ( -j ) se prononce en principe -j (comme dans le français "jeu") en littéraire, mais -dj dans la plupart des dialectes et -g (toujours dur, comme le français "guetter") en égyptien : jamîla ("jolie") se prononce "jamila" en littéraire, "djamila" dans de nombreux dialectes et devient "gameela" en égyptien ("gamila"). Un homme se dit rajul en littéraire, mais ragel ("raguèl") en égyptien. La différence est minime, mais il faut connaître ces variantes pour s'y retrouver...

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12 juillet 2006 3 12 /07 /juillet /2006 21:04

Sitôt qu'on se plonge dans les documents d'archives, que ce soit pour des recherches généalogiques ou des recherches historiques, on se heurte rapidement au problème de la lecture. Pour le XIXe s. , aucun problème particulier, l'écriture et la langue étant les mêmes que les nôtres. Les choses se corsent dès qu'on remonte au-delà de la Révolution. Au XVIIIe s., mis à part quelques lettres, l'écriture est à quelque chose près la même qu'aujourd'hui ; par contre, le vocabulaire est différent et il faut souvent se munir d'un dictionnaire, car certains termes ont changé de sens. Les difficultés, les vraies, se présentent à partir du moment où on remonte encore le temps.

Pour l'époque de Louis XIV, l'écriture s'apparente à celle d'aujourd'hui, mais conserve des formes archaïques issues du moyen français pour certaines lettres (par exemple les -r qu'on pourrait prendre pour des -v ...). Une autre difficulté réside dans le fait que l'usage du français n'est encore que partiel dans de nombreuses régions, comme par exemple en Provence où de nombreux termes provençaux subsistent dans les textes. Et dès qu'on remonte au-delà du milieu du XVIIe s., on rencontre à la fois une autre langue et une autre écriture. Entre le XIVe et le milieu du XVIIe s., l'écriture est sensiblement la même ; de sorte que quand on apprend à déchiffrer des textes d'époque Louis XIII ou Henri IV, on peut lire les lettres d'un texte du XIVe ou du XVe s. Par contre, durant la période médiévale, la plupart des textes sont en latin, ce qui complique encore les choses. Et avant le XIVe s., on trouve différentes écritures médiévales qui varient selon les régions et selon les époques, certaines plus faciles à déchiffrer que d'autres.

L'une des difficultés, ce sont aussi les abréviations, contractions et ce qu'on appelle les notes tironiennes, sur lesquelles nous reviendrons. En fait, il faut les apprendre et les noter au fur et à mesure qu'on les rencontre ; l'habitude de les rencontrer permet ensuite de les identifier.

Mais assez de théorie, montrons des exemples concrets :

Détail d'un parchemin du XVe s.

 

Un texte du XVIe s. (délibérations de 1580).

Un texte d'époque Louis XIV (délibérations de 1677-1678).

Un texte du XVIIIe s. (moulin du Septem, 1717).

Un texte du XIXe s. (délibérations de 1859).

(Textes des Archives Communales d'Ollioules - photographies de l'auteur - GRPO)

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12 juillet 2006 3 12 /07 /juillet /2006 13:48

Maintenant que nous savons saluer et être polis en égyptien, nous allons voir quelques expressions qui peuvent se révéler utiles sans être trop difficiles à apprendre ni requérir trop de notions grammaticales.

 

Se présenter :

esmî signifie "mon nom" ; pour dire "je m'appelle Nefred", on dira esmî Nefred (littéralement : "mon nom Nefred", le verbe être est très souvent sous-entendu en arabe, ce qui est pratique, non ?).

Pour corser un peu la chose, nous allons maintenant dire notre nom et demander le sien à l'autre personne : esmî Nefred ;  wa enta, esmak êh ? , c'est-à-dire : "je m'appelle Nefred ; et toi, comment t'appelles-tu ? ". Enta correspond à "tu / toi" pour un homme, enti pour une femme ; mais très souvent, on emploie dans la langue courante enta dans les deux cas. El-esm, c'est le nom ; nous avons vu esmî, qui veut dire "mon nom" : esmak est "ton nom" pour un homme et esmek pour une femme. Simple, non ? Êh est un interrogatif employé dans la langue courante ; il signifie "quoi ? / que ? / quel ?". Là encore, vous voyez que le verbe est sous-entendu, ce qui nous facilite la tâche : esmak ê ? - "quel est ton nom / comment t'appelles-tu ? "

tasharrafna signifie "enchanté", ce à quoi on répond de façon codifiée forsa sa3ida (littéralement : "occasion heureuse").

Ana men Faransa : je viens de France ; on peut dire aussi : ana faransawiyy (pour un homme) / ana faransaweyya (pour une femme), "je suis Français(e) ". Si on vous pose la question : menen enta / enti ? , on vous demande d'où vous venez, de quel pays, ville ou région vous êtes...

Puisque nous évoquons les nationalités, l'Egypte se dit Masr (Misr en arabe littéral), un Egyptien se dit masriyy, une Egyptienne se dit masreyya et des Egyptiens se dit masriyîn. Masriyy / masreyya / masriyîn sont ici des noms, mais ils peuvent aussi être utlisés comme adjectifs : mazika masreyya signifie "de la musique égyptienne".

Comment ça va ? :

Ezzay, qui signifie "comment ? ", est typiquement égyptien. Aussi les Egyptiens diront en général ezzayyak (à un homme) / ezzayyek (à une femme) pour demander comment ça va. On peut aussi dire : ezzay el-Hal ? ou keif el-Hal ?

La réponse là encore est codifiée : (ana) kwayyes, el-Hamdu li-llah / tamâm, el-Hamdu li-llah (littéralement : "bien, grâce à Dieu". Ensuite, on demande à son interlocuteur comment il va, en utilisant par exemple wa enta / enti ? ("et toi ? " ), pour se montrer poli. Dans les salutations traditionnelles, on demande ainsi des nouvelles de toute la famille (et ta femme, et ton père, et ta mère...), ce qui constitue les fameux "salamalecs" dont ont beaucoup parlé les Occidentaux étrangers à ces coutumes...

Encore une remarque à ce sujet : vous voyez qu'on fait suivre "je vais bien" par "grâce à Dieu" ; c'est un fait culturel intéressant : on veille à conserver cette santé en appelant en quelque sorte la protection de Dieu. De même, quand on émet un souhait, quelque chose qu'on aimerait faire ou un projet qu'on a, qu'on dit à quelqu'un qu'on aimerait le revoir, etc. on ajoute toujours inshâ'a l-lah (le fameux inch Allah) qui signifie "si Dieu veut". Vous l'entendrez en permanence, et peu à peu vous mettrez à l'utiliser aussi... inch Allah !

Est-ce possible ? :

momken ? signifie "c'est possible ? / c'est permis ? ". On vous répondra soit aiwa, momken ("oui, c'est possible"), soit lâ, mesh momken ("non, ce n'est pas possible"). Lâ mustaHîl signifie plutôt "non c'est impossible", dans le sens de "ce n'est pas faisable" ; lâ, mamnu3 signifie par contre "non, c'est interdit".

Selon la réponse, vous pourrez dire : tayyeb ! ("bien / OK / super"), khosâra ! ("dommage") ou ma3lesh ("tant pis"). Sans oublier un petit shokran ("merci"), bien entendu...

Bon, et bien ça fait déjà quelques expressions à apprendre. Que le divin Thot vous aide dans cet apprentissage ! Nous continuerons une prochaine fois...

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12 juillet 2006 3 12 /07 /juillet /2006 13:36

Voici une photo que notre amie Nadine (son blog ) partage gentiment avec nous pour vous montrer un autre type d'échelle utilisé dans le Var pour cueillir les olives : l'escaraçon. Il nous vient de formes très anciennes, sans doute de l'Antiquité.

 

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11 juillet 2006 2 11 /07 /juillet /2006 12:46

Eugène Delacroix, Femmes d'Alger dans leur intérieur, 1834

(huile sur toile, dim. 1m77 x 2m27, Musée du Louvre, Paris).

Ce tableau de Delacroix, présenté au Salon de 1834, est une des oeuvres de l'artiste qui rappellent son voyage au Maghreb, durant lequel il a réalisé d'extraordinaires cahiers de croquis. Il faut tout d'abord le situer dans son contexte. Dans ces débuts du XIXe s., et en gros depuis l'expédition de Bonaparte en Egypte, l'Europe se prend d'un engouement pour l'orientalisme. L'Orient est à la mode, fascine autant qu'il intrigue et inquiète ; et il faut avouer que cet exotisme ne présente qu'une vision déformée de l'Orient, le vrai. Si certains intellectuels et artistes sont sincèrement intéressés par la découverte de cette autre culture, nous sommes dans un contexte de domination de la culture occidentale, qui étend ses conquêtes et prétend "civiliser" le monde, apporter le fameux mythe du "progrès". En ce qui concerne l'Algérie, la France est alors en train de la conquérir depuis l'expédition du duc d'Aumale en 1830 ; une conquête violente et brutale dont nous reparlerons à l'occasion, bien éloignée du mythe français d'une "conquête en douceur". Delacroix se rend en Algérie en 1832, en tant que membre d'une mission diplomatique.

A la même époque que le tableau de Delacroix, l'émir Abd el-Kader, qui résiste à l'invasion française, signe un traité éphémère...

Le contexte étant posé, examinons le tableau. Nous avons là une scène intimiste, un intérieur algérien dans lequel Delacroix place des détails qu'il a notés sur place, comme les zelliges des murs, le carrelage du sol, tapis et coussins, shisha de verre... Dans la pénombre, un groupe de trois femmes et leur servante noire. A gauche, l'une des femmes est alanguie sur des coussins ; elle est la seule à regarder le spectateur, à la fois paisible et lointaine. Les deux autres, assises sur des tapis, semblent perdues dans l'ivresse ; la shisha dont la femme de droite tient encore le tuyau occupe d'ailleurs une position centrale. A droite, la servante soulève une lourde tenture et s'apprête à quitter la pièce, recevant semble-t-il un ordre de la femme assise au centre. Delacroix déploie toute la finesse et la vigueur de sa palette, insistant sur les ors, les riches étoffes, et jouant du clair-obscur.

Détail sur la shisha...

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce n'est pas une scène prise sur le vif. On dirt d'ailleurs que le modèle de la femme de gauche serait une Parisienne !  Les seules femmes que Delacroix a pu voir non voilées, ce sont les prostituées et les courtisanes. Et il ne risque pas d'être entré dans un gynécée ! Le gynécée, dans l'imaginaire des Occidentaux d'alors, est à la fois le lieu de tous les fantasmes et l'interdit auquel on n'a pas accès. On l'imagine, mais avec une vision très occidentale, justement. La femme du gynécée s'ennuie, elle est prisonnière et oisive, s'adonne aux paradis artificiels dont les Européens eux-mêmes commencent à faire grand usage à la faveur des modes exotiques ; en même temps, elle est objet de désir et de fantasme...

La toile fut accueillie avec enthousiasme. "il n’y a pas de plus beau tableau au monde" s'écrie Renoir, "ces roses pâles et ces coussins brodés, cette babouche, toute cette limpidité, je ne sais pas moi, vous entrent dans l’œil comme un verre de vin dans le gosier, et on en est tout de suite ivre" ajoute Cézanne, "les Femmes d’Alger ne le cèdent, pour la finesse et le clair-obscur, à aucune production vénitienne" s'exalte Théophile Gautier. Pour Baudelaire, "ce petit poème d’intérieur, plein de repos et de silence, encombré de riches étoffes et de brimborions de toilette, (un) je ne sais quel haut parfum de mauvais lieu qui nous guide assez vite vers les limbes insondés de la tristesse". Louis-Philippe, d'ailleurs, en fait l'acquisition. Ce tableau influencera de nombreux peintres, qui en reprendront le thème, dont Picasso. Delacroix lui-même en réalisera plusieurs versions.

La version de Picasso (1955).

Eugène Delacroix, Femmes d'Alger dans leur intérieur, 1849

(huile sur toile, Musée Fabre, Montpellier).

Dans l'oeuvre de Delacroix, cette toile de jeunesse annonce les leçons apprises au contact de l'Orient. Pour le peintre, ce voyage en Afrique du Nord fut un choc qui marquera sa peinture, lui révélant la puissance de la couleur. Celle-ci, il va la libérer des contraintes de la forme, des conventions. Déjà dans les "Femmes d'Alger", le décor du fond s'estompe au profit de la couleur... Le génie de Delacroix est ici en gestation. Il a assimilé les leçons des maîtres et se prépare à mener ses propres expériences picturales. Homme de son temps, Delacroix est passé à côté des réalités du Maghreb, mais l'Afrique du Nord a exercé sur le développement de son art une influence déterminante.

Sur l'orientalisme, vous pouvez consulter un excellent article  de notre amie Soleil Rouge sur son blog.

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11 juillet 2006 2 11 /07 /juillet /2006 12:09

Aujourd'hui, je souhaiterais vous parler d'une véritable mine d'or présente sur le Net, qui met à la portée de tous l'incroyable patrimoine du savoir conservé à la Bibliothèque Nationale de France à Paris : la base gallica .

Une masse considérable de documents sont déjà accessibles en ligne : livres rares ou introuvables, manuscrits, cartes et documents graphiques, etc. Et chaque mois des nouveautés sont ajoutées. Vous pouvez les consulter en ligne ou même très souvent les télécharger sur votre ordinateur au format pdf. Quel que soit le sujet auquel vous vous intéressez, vous ne pouvez qu'y trouver votre bonheur, et même plus. L'utilisation est des plus simples, avec une mise en forme très bien conçue.

L'onglet "Découverte" permet de cibler des thèmes ou des périodes, d'accéder aux dictionnaires (extraordinaire !), de consulter les fonds iconographiques ou numismatiques. L'onglet "Recherche", une fois que vous êtes familiarisé ou avez une idée précise, permet de lancer une recherche sur le thème qui vous intéresse dans tout le fonds numérisé. L'onglet "Dossiers" présente un certain nombre de thèmes sur lesquels sont regroupées une sorte d'exposition virtuelle et un accès aux documents correspondants du fonds numérisé.

Une excellente initiative, qui donne à la BNF sa vraie dimension de diffusion démocratique du savoir.

Bonne promenade ! Je vous conseille entre autres d'aller faire une petite visite des manuscrits enluminés, vous y aurez accès à des merveilles qui restent habituellement cachées aux yeux du commun des mortels...

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10 juillet 2006 1 10 /07 /juillet /2006 16:33

Puisque nous arrivons bientôt à la fin du récit du voyage de 2004, je souhaiterais partager avec vous quelques réflexions que je me suis faites suite à ce premier voyage et dans l'idée de préparer le prochain. En effet, quand on se trouve sur place, on est parfois frustré de ne pas avoir mieux préparé ses visites.

 

Que ce soit pour n'importe quel site, je ne saurais que trop conseiller à ceux qui projettent de se rendre en Egypte de réviser un peu leurs notions d'égyptologie et de se munir d'un petit matériel qui ne prend pas beaucoup de place dans une valise, n'est pas lourd à transporter et peut se révéler très utile. En particulier, il n'est pas inutile de se munir d'un plan des sites archéologiques, temples ou autres, sur lesquels vous pourrez éventuellement reporter la localisation précise d'éléments que vous souhaitez absolument voir. Parce qu'une fois sur place, même si on connaît relativement bien le site par sa culture livresque, il n'est pas toujours évident de s'y retrouver ; et quand on part en voyage organisé, la difficulté supplémentaire est le fait qu'on dispose de peu de temps libre sur chaque site. On trouve facilement d'excellents plans sur le Net, ce qui évite d'en scanner dans des livres.

Un exemple de plan qu'on peut trouver sur le Net ( ici Karnak sur le site de touregypt ).

Même conseil en ce qui concerne les villes dans lesquelles vous allez séjourner. Repérer à l'avance les éléments intéressants et les reporter sur un plan de la ville peut faire gagner du temps et permettre de ne pas manquer une rencontre intéressante non prévue au programme.

Un exemple de plan de ville, ici Aswan (site de touregypt ).

Il n'est pas inutile non plus de réviser quelques éléments iconographiques, en particulier l'identification des différentes figures divines. Là aussi, il est assez facile éventuellement de se fabriquer un petit mémento à partir de documents puisés sur le Net. Et pour le plaisir et se sentir moisn frustré de ne pas lire les hiéroglyphes, en noter quelques-uns, comme des cartouches royaux, par exemple.

En ce qui concerne votre appareil photo numérique, pensez à prendre une carte mémoire de grande capacité. Vous verrez, il y a tant de choses qu'on veut fixer et tellement de moments uniques à immortaliser qu'une carte standard est vite remplie. Pour ceux qui savent dessiner, l'idéal est de se munir d'un carnet de croquis, comme les voyageurs d'autrefois (je rêverais de savoir réaliser un carnet de voyage avec des croquis...).

 

Et bien entendu, le maître mot et le grand idéal est de prendre le temps, de s'imprégner des lieux, de goûter chaque instant. Bon, c'est un luxe que ne permet pas toujours un voyage organisé en groupe, mais on peut y arriver si le programme est bien conçu.

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10 juillet 2006 1 10 /07 /juillet /2006 14:26

"Vae victis", le fameux "malheur aux vaincus" des Romains, accompagne le réveil un peu groggy des amateurs de foot ce matin. Les médias vont bon train au sujet de formules percutantes pour en rajouter encore sur le geste malheureux de Zidane hier soir. Lui qui a été adulé, qui a été un modèle et un espoir pour des tas de jeunes et pas seulement en France, voilà qu'on se prépare à le lyncher médiatiquement pour un dérapage dont il n'est pas le seul responsable, il me semble. On ne sait pas ce que l'Italien lui a dit, certains pensent à une injure personnelle ou même raciste, mais pour qu'il sorte de ses gonds, ça a dû être assez brutal. Il a toujours été quelqu'un de posé et calme, je ne vois pas d'autre explication...

Je ne suis pas amateur de foot, vous l'aurez compris, et j'aime bien chahuter un peu les supporters et les taquiner, je m'insurge contre certains aspects qui me dépassent, mais Zinedine Zidane garde pour moi l'image de quelqu'un de bien. Ce garçon qui a montré que la fameuse "intégration" n'était pas à faire mais se faisait au quotidien dans la réalité. Ce garçon qui, malgré la gloire et la fortune, n'a jamais oublié les siens, ni là d'où il venait, qui a toujours tenu des propos sensés (si rares dans le milieu du sport...) ; qui a su faire tant de fois preuve de générosité en s'impliquant dans des actions en faveur des jeunes et des défavorisés ; un des rares modèles positifs de réussite offert ces dernières décennies, non pas les rêves factices et truqués de la télé-réalité.

Bref, je n'aime pas le foot, mais je trouve que le procès médiatique de Zidane, dire qu'il termine sa carrière sur un faux pas est injuste. Avec tous ces moments forts qu'il a offerts à son public et ce qu'il a apporté à la société française à travers son image, c'est se montrer ingrat. Et même si je suis loin d'être un fan de sport, eh bien il restera à mon avis un personnage marquant d'une période et peut être fier de ce qu'il a accompli. Vous me direz : oui, mais justement, en tant que modèle, il aurait dû savoir se contrôler... Mais peut-être que quand on saura ce qui lui a été dit, on réalisera aussi que le modèle, à ce moment-là, c'était aussi de montrer qu'il ne faut pas se laisser dire quelque chose d'inacceptable, quel qu'en soit le prix... Et puis, comme chaque homme, il a droit aussi à des instants de faiblesse, même en étant une "star", non ?

 

"Panem et circenses" (du pain et des jeux) , vous vous souvenez ? Rien n'a décidément changé depuis l'Antiquité : quand la roue tourne, on n'hésite pas à mettre à mort celui qui était adulé des foules...

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