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PrÉSentation

  • : Ankh-Neferkheperou-Rê
  • : Pas de sujet précis, mais un ensemble de rubriques, qui évolueront avec le temps. Même si un accent particulier est mis sur l'Egypte. Ce qui compose mon univers et que je souhaite partager... Des passions, des coups de coeur et des coups de gueule, des ré
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Fermeture définitive de la Cité dimanche 27 mai 2007.

Vieux Papyrus

Notre Cité

10 octobre 2006 2 10 /10 /octobre /2006 12:28

Le personnage d'Ahmad ibn Tûlûn (835-884) est un personnage qui vaut qu'on s'arrête un instant sur son histoire, car il a marqué le destin de l'Egypte, mais aussi l'évolution de la ville du Caire. Avant de nous attacher à visiter sa superbe mosquée , nous resituerons donc le bâtiment dans son contexte historique en évoquant ibn Tûlûn lui-même.


Son père, Tûlûn1, était un esclave turco-mongol originaire de Bukhara qui fut offert au calife el-Ma'mun vers 815. Cette habitude d'utiliser des prisonniers de guerre turcs est caractéristique de la politique abbasside ; ils n'étaient pas de simples esclaves, mais souvent utilisés dans les armées. Il est parvenu à occuper une place significative auprès du calife, peut-être en tant que commandant de la garde personnelle d'el-Ma'mun, et Ahmad ibn Tûlûn, né à Baghdad, reçoit ainsi une excellente éducation, à la fois militaire et théologique. Il entre à son tour au service du calife à Samarra, au nord de Baghdad.


Après la mort de son père, Ahmad ibn Tûlûn fut envoyé en Egypte en 868 pour gouverner la région au nom du calife. La dernière grande révolte chrétienne venait d'être matée et les Byzantins définitivement chassés d'Egypte. Il rétablit l'ordre et la prospérité économique. Très vite, profitant de la faiblesse du pouvoir califal, Ahmad ibn Tûlûn crée un nouvel Etat composé de l'Egypte et de la Syrie, conquise en 878. Ainsi se constitua un Etat indépendant théoriquement placé sous la suzeraineté des Abbassides de Baghdad.


A cette époque, Le Caire se réduisait au quartier d'el-Asqar-Fustat, à quelque chose près le Vieux Caire actuel. El-Asqar avait été fondé en 750 par le conquérant abbasside de l'Egypte, au nord de Fustat, avec laquelle ce district finit par former un ensemble. Fustat restait une importante étape commerciale entre l'Egypte et l'Orient ; grâce à ces revenus, ibn Tûlûn put construire une nouvelle capitale. La ville étant jugée trop petite, ibn Tûlûn va en effet créer à partir de 870 un troisième noyau, al-Qata'i. La nouvelle cité fut élevée au nord-est d'el-Asqar, sur une petite élévation située entre Fustat et les collines du Mokattam : Yeshkur. Elle était comprise entre l'actuelle mosquée ibn Tûlûn à l'est, Birket el-Fil (« mare de l'éléphant ») au nord et le sanctuaire de Zayn el-Abidin au sud ; sa superficie totale est estimée à environ 270 hectares.


Le nom d'el-Qata'i vient de ce que cette nouvelle ville, s'inspirant en cela semble-t-il de Samarra, était divisée en districts (qata'i) spécifiques à chaque type de population appelé à y habiter : les soldats, les notables, les serviteurs, les non-musulmans, etc. Ibn Tûlûn se fit construire un palais fortifié (qasr) au pied du Mokattam, vaste ensemble comprenant des jardins, un espace pour ses collections d'animaux, un palais pour ses épouses, des bains, un hippodrome, un hôpital et les riches demeures de son entourage. Il ne reste rien du palais d'ibn Tûlûn, construit neuf ans avant la mosquée, car il fut rasé par ses adversaires. Une artère principale, shari' el Azam, reliait le palais et la mosquée. On peut estimer que c'est avec le règne d'ibn Tûlûn que Le Caire devient un des grands centres architecturaux du monde musulman.

La mosquée d'ibn Tûlûn au Caire, au cours des restaurations.


Le coeur de la nouvelle cité royale était Midan el-Qata'i, une vaste place qui s'étendait à peu près de l'actuelle Citadelle du Caire en direction la colline de Yeshkur, sensiblement à l'emplacement de l'actuelle Midan Salâh ed-Dîn. La ville, dont certaines rues ont peut-être gardé le tracé, comprenait dit-on 100 000 maisons et son enceinte comprenait 9 portes. Son maristan, ou hôpital, le premier de l'Egypte musulmane, fut construit de 872 à 874 et était destiné gratuitement à la population de la ville ; une tradition prétend qu'il fut construit grâce à un fabuleux trésor trouvé par hasard par un de ses serviteurs en Haute-Egypte, dans un trou dans lequel son cheval tomba. Il fit également construire un nouvel aqueduc pour approvisionner la ville en eau ; des portions en sont encore visibles entre Birket el-Habash et le site de l'ancien palais.

 

Coffre d'époque tûlûnide provenant du Caire (IXe s., figuier et sycomore avec marqueterie d'ivoire et de bois de couleur, musée du Louvre, Paris)

Ibn Tûlûn mourut de dysentrie en 884. La dynastie qu'il avait fondée ne se montra pas à la hauteur de ses ambitions. C'est son fils Khumâraweyh (884-896) qui lui succéda, mais il n'avait pas les mêmes qualités de dirigeant ; il sera assassiné à l'instigation de ses concubines en 896. Abu'l-Ashir, fils aîné de Khumaraweh, ne régna que très brièvement (896). Son fils Harûn (896-904) préféra laisser les affaires de l'Etat à son vizir ; après avoir perdu la Syrie au profit des Abbassides en 904, il sera assassiné lors d'une mutinerie, alors que les troupes abbassides pénétraient en Egypte. Le dernier membre de la dynastie, Shayban (904-905), second fils de Khumaraweh, ne put résister qu'un an, s'enfermant avec ses troupes dans Fustat assiégée ; il se rendit sans conditions en 905, marquant ainsi la fin du rêve tûlûnide.


La ville qu'ibn Tûlûn avait fondée, el-Qata'i, ne survécut hélas pas à ses successeurs, les Tûlûnides, qui continuèrent à y vivre jusqu'à la fin de la dynastie. En 905, Muhammad ibn Suleyman reconquit l'Egypte pour les Abbassides de Baghdad et dévasta totalement el-Qata'i. Le voyageur ibn Hawqal (943-969) note : « A l'extérieur de Fustat, il y avait eu des constructions érigées par Ahmad Ibn Tûlûn sur une superficie d 'un mille carré où ses troupes avaient leurs quartiers, et ce lieu était appelé Qata'i. Il était comparable à Raqqada, que les Aghlabides fondèrent à l'extérieur de Qayrawan. Ces deux sites sont aujourd'hui en ruines. » De la brillante cité d'Ahmad ibn Tûlûn, qui fut le premier à donner au Caire la splendeur qui sera la sienne par la suite, il ne reste que la magnifique mosquée , l'une des plus originales du Caire. Bien que très brève dans le temps et médiocre du point de vue politique, la dynastie tûlûnide a marqué l'un des tournants de l'art islamique, avec des oeuvres d'une grande qualité.

Frise d'animaux courant (IXe s. , sculpture et gravure sur bois de pin, musée du Louvre, Paris)

1 - "ibn" signifie "fils de" en arabe : Ahmad fils de Tûlûn.

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24 septembre 2006 7 24 /09 /septembre /2006 23:56
Dès la construction de la mosquée, le calife fâtimide el-Mu'izz li-Dîn Allah demanda à son ami Ali Ibn en-Nu3mân d'y tenir une halaqah, séance d?enseignement où l?audience se place en cercle, de jurisprudence shiite. Comme le calife, Ali Ibn en-Nu3mân était un Maghrébin de tendance shiite-ismaelite. Sa halaqah se fondait sur el- Ikhtisâr, un ouvrage de jurisprudence shiite écrit par son père. La halaqah commença dès 975, soit fort peu de temps après l'achèvement de la mosquée. Les frères d'Ali Ibn en-Nu3mân poursuivirent cet enseignement, de sorte que cette famille constitua le noyau des premiers enseignants à el-Azhar à l'époque fâtimide.


En 988, le calife fâtimide el-'Azîz Billâh, sur le conseil de son ministre Ya'qûb Ibn Kilis, décida d'organiser l'enseignement dispensé à el-Azhar, fondant ainsi véritablement l'université. Ibn Kilis sélectionna personnellement les enseignants, au nombre de 37, qui étaient rétribués par le gouvernement fâtimide ; ils vivaient dans une maison aménagée pour eux à proximlité d'el-Azhar. L'enseignement y comprenait dès lors la jurisprudence shiite-ismaélite, la grammaire arabe, la littérature et l?histoire.


Au début du XIe s., le calife fâtimide el-Hâkim bi Amrillâh fit construire la mosquée portant son nom et la dota d'une madrasa, Dâr Al-Hikmah (La Maison de Sagesse), chargée de diffuser les croyances shiites-ismaélites ; on y enseignait également la langue arabe, la philosophie, l?astronomie, les mathématiques et la médecine. Alors que l'enseignement dispensé à el-Azhar était public et ouvert à tous, celui de Dâr Al-Hikmah s'adressait plus spécifiquement à des étudiants choisis pour recevoir un enseignement conforme aux préceptes ismaelites. Dès lors, el-Azhar put s'ouvrir à d'autres influences. De brillants savants sunnites vinrent y enseigner, comme les grammairiens al-Hûfî, Ibn-Barakât et Ibn Babshad, le spécialiste des Hadîth Abû 3abd-Allah Al-Qudâ'i et l'imâm Ahmad Ibn Hâshim Al-Misrî, spécialiste des Qira'ât (lectionnaire).

C'est au début du XIXe s. que s'affirme le rôle d'el-Azhar comme principal centre d'enseignement du monde musulman. A la fin du XIXe s. , le khedive Abbas Hilmi II entreprit de réformer l'université d'el-Azhar. Il la dota d'un conseil administratif, d'une bibliothèque centrale, introduisit des cours sur des matières séculières et réglementa le mode d'admission. En 1911 fut organisé le Conseil Suprême d'el-Azhar, dirigé par le recteur.

En 1930 intervinrent de nouvelles réformes, qui établirent la Faculté de Langue Arabe et la Faculté de Théologie, et autorisèrent les « Azhari » à enseigner dans les écoles publiques. Enfin, en 1961, Nasser mit en place une grande réforme qui ajouta les Facultés de Médecine, Ingénierie et d'Agriculture, une Faculté Islamique pour les filles et l'Académie d'Etudes Islamiques.

L'université qui entoure la mosquée existe encore de nos jours et reste une référence dans le monde arabe. Aux enseignements traditionnels se sont ajoutés la médecine, les sciences et les langues étrangères.



Lien vers le site de la mosquée el-Azhar (en anglais).

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24 septembre 2006 7 24 /09 /septembre /2006 23:47

L'architecture de la mosquée el-Azhar traduit sans doute mieux que toute autre toutes les influences qui se sont combinées au fil des siècles pour faire l'originalité et la qualité de l'architecture islamique égyptienne. Ces ajouts successifs donnent un ensemble particulièrement riche : 6 minarets (seuls 5 sont conservés) , 9 entrées, 29 portiques ou madrasa destinés à l'enseignement !

 

 L'entrée principale de la mosquée, qui date de l'époque ottomane.

 


Les travaux de construction de la mosquée el-Azhar, lancés par Gawhar es-Siqilli au nom du calife fâtimide el-Mu'izz li-Dîn Allah, furent menés en deux ans seulement, de 970 à 972. Cette mosquée originelle, qui ne comprenait qu'un seul minaret, se trouve au coeur de la mosquée actuelle. Au XIIe s. , un premier agrandissement, sous le calife el-Hâfiz, consista à élargir la partie couverte de l'édifice et à établir un couloir de chaque côté de la cour intérieure, avec des arcades reposant sur des colonnes de marbre. Une partie du décor de stuc de ces deux périodes subsistent dans l 'édifice actuel.

La petite cour à ciel ouvert, avec à gauche la madrasa Aqbawghawiya et à droite la madrasa Taybarseyya.


L'entrée principale se fait aujourd'hui par Bâb el-Muzayinîn, ou « porte des Barbiers » car les étudiants s'y faisaient autrefois raser ; elle a été construite par Abd er-Rahman Katkhuda au XVIIIe s. De là, on gagne une petite cour sur la gauche de laquelle se dresse la madrasa Aqbawghawiya, construite en 1340 par le prince Aqbagha abd el-Wahed et faisant office de bibliothèque ; à droite se dresse la madrasa Taybarseyya, construite en 1310, avec son mihrâb particulièrement remarquable. Une autre entrée a été aménagée en 1469 par Qayit Bây, surmontée d'un minaret. A l'intérieur de la mosquée s'étend une vaste cour entourée de portiques comprenant plus de 300 colonnes de marbre. La salle de prière, plus large que la cour, s'élève à l'est et est divisée en plusieurs nefs par 80 colonnes ; comme à la mosquée de Damas, la nef centrale plus large que les autres mène au mihrâb, qui conserve une inscription koufique d'origine, bien qu'il ait été remanié à plusieurs reprises. A l'arrière se trouve une salle ajoutée en 1753 par Abd er-Rahman Katkhuda, ce qui est inhabituel. Sur le côté nord de la mosquée se trouve une madrasa qui contient le tombeau de Gawhar es-Siqilli.

La superbe porte de Qayît Bây, d'époque mamluk, et son minaret.

En dehors de la porte principale déjà mentionnée, on trouve d'autres entrées de différentes périodes. Malgré son nom, la porte des Abbassides fut construite tardivement, sous le khedive Abbas Hilmi II (fin du XIXe s.), qui restaura la mosquée ; ouverte sur le côté ouest, elle présente une inscription coranique en lettres dorées. Abd er-Rahman Katkhuda, au XVIIIe s., construisit également la porte des Egyptiens, à l'angle sud, et la porte Haramein. La porte Shurba, située au nord-est de la qibla, doit son nom au fait qu'elle était située près des cuisines où on préparait la soupe et le riz qui étaient distribués aux pauvres. Enfin, la porte Gawhareyya, à l'angle nord, a été construite par Gawhar el-Kinkibani et donne sur la rue Shanawany, face à la mosquée el-Adawy.

La grande cour bordée d'arcades de style persan.

 

L'entrée de la salle de prière sur la cour intérieure.

Nef principale de la salle de prière, avec au fond le mihrâb.


Lien vers le site de la mosquée el-Azhar.



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20 septembre 2006 3 20 /09 /septembre /2006 12:18
 

La mosquée el-Azhar dans son contexte : c'est le grand ensemble situé en bas à droite.

La mosquée el-Azhar, située à l'entrée du Khân el-Khalili et au coeur du Caire islamique, dans le quartier d'el-Hussein, est à la fois l'une des plus anciennes mosquées du Caire et l'une des plus anciennes universités du monde encore en activité. Nous parlerons de ce vaste complexe, dont la renommée et l'importance dans le monde musulman dépasse de loin les frontières de l'Egypte, en une série de trois articles : son histoire, ses principales caractéristiques architecturales , son université .

L'une des façades de la mosquée.


Dès la fondation d'el-Qâhira, le général Gawhar es-Siqilli, qui avait conquis l'Egypte pour le calife fatimide el-Mu'izz li-Din Allah, décida la construction d'une grande mosquée. Une première mosquée fut ainsi édifiée sous le nom de Gâmi3 el-Qâhira (« mosquée du Caire ») ; ce n'est que plus tard, à une date difficile à préciser, qu'elle prit le nom d'el-Azhar, en hommage à es-Sayyeda Fatîma ez-Zahrâ, la fille du Prophète Muhammad. Elle fut construite rapidement, de 970 à 972. L'université fut fondée peu de temps après, en 988, mais des cours étaient déjà dispensés dès 975. Au XIIe s., sous le calife el-Hâfiz (1130-1149), à la fin de la dynastie fatimide, un premier agrandissement fut réalisé. Sous les Fâtimides de la fin du Xe s., el-Azhar était la mosquée officielle pour la prière du vendredi, puis elle sera concurrencée par la mosquée d'el-Hakim (XIe s.), construite près de l'enceinte de la ville.


 

Soutenue financièrement par les califes et les riches Cairotes et les princes, qui multiplièrent legs et donations, el-Azhar prospéra et devint un centre de première importance qui ne cessa de s'agrandir au fil des siècles, avec en particulier des madrasa au XIVe s., une nouvelle entrée monumentale et un minaret mamluk sous Qayit Bay au XVe s., mais aussi des aménagements du XVIIIe s. Rapidement, des étudiants affluèrent de tout le monde musulman. Après la conquête ottomane, au début du XVIe s., el-Azhar devint un des principaux centres de résistance de la culture arabe à l'assimilation ottomane. Ce qui n'empêcha pas les Ottomans d'y apporter leur contribution architecturale.

Par la richesse de son architecture et de ses décors de différentes périodes, el-Azhar est sans conteste un des joyaux de l'art islamique cairote.


Aujourd'hui encore, l'imam de la mosquée el-Azhar est considéré comme l'une des plus hautes autorités de l'Islam sunnite.


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19 septembre 2006 2 19 /09 /septembre /2006 22:08

Ce musée se trouve au nord-ouest de la mosquée d'Ibn Tûlûn, au pied de la Citadelle du Caire, dans le quartier de Sayyeda Zeinab. Il est formé de la réunion de deux maisons cairotes d'époque ottomane, Beit Amina Bint Salem al-Gazzar (1540) et Beit el-Kiritileyya (maison de la Crétoise, 1670) et rassemble les collections d'art islamique rassemblées par le major anglais Gayer-Anderson au début du XXe s. C'est un extraordinaire exemple de maison patricienne de l'époque ottomane, avec ses décors et ses pittoresques mashrabeyya.

 

Une vue de la façade.

 

Une vue du bâtiment de style ottoman cairote.

John Gayer-Anderson (1881-1945), fonctionnaire anglais, se passionna véritablement pour la culture islamique et rassembla une impressionnante collection au cours de ses voyages au Mashreq. Ayant fait l'acquisition de ces deux demeures, il en entreprit la restauration, les réunit en couvrant les jardins d'une véranda et y plaça ses collections. Médecin, il travailla avec le gouvernement égyptien et se prit de passion pour le pays, et l'Orient en général. Il collectionna ainsi des objets égyptiens, mais aussi turcs, syriens, persans, moghols de diverses époques.

Un portrait étonnant de John Gayer-Anderson en sphinx !

Un hall agrémenté d'une fontaine de marbre.


Transformé en musée dès 1937 en accord avec le gouvernement égyptien, l'ensemble témoigne bien entendu de cette vague orientaliste née au XIXe s. , avec son côté un peu désuet et son caractère hétéroclite, mais il permet quand même de découvrir le cadre de vie des riches cairotes de l'époque ottomane et des oeuvres d'art d'une grande beauté, en complément du musée d'art islamique tout proche : mobilier, tapis, verrerie, sculptures, tentures et même vêtements arabes. C'est aussi l'un des ensembles d'architecture domestique les mieux conservés du Caire pour cette période. Autre avantage, il n'est en général pas inscrit au programme des tour-operators et on n'y trouve pas la foule de touristes habituelle ; ce sont plutôt les amoureux du Caire islamique qui y font un détour.

Le salamlek d'été.


On accède aux maisons par une artère privée. Beit el-Kiritleyya était en fait la maison d'un riche marchand, 'Abd el-Qadir el-Haddad ; elle comprend à l'angle sud-ouest une fontaine publique (sabil). On visite, entre autres : un premier « salamlek », pièce de réception réservée aux hommes, puis le salamlek d'été, qui donne par un balcon sur le grand hall à ciel ouvert ; le «haramlek », espace destiné aux femmes, depuis lequel elles pouvaient regarder les pièces des hommes à travers un balcon garni de mashrabeyya ; le bureau de John Gayer-Anderson, au 3e étage, la terrasse supérieure avec ses mashrabeyya à inscriptions coraniques ; sa chambre principale, avec un grand lit à colonnes ; une autre chambre dans laquelle il a cherché à reconstituer un décor de l'époque des califes de Baghdad ; le salon et la salle à manger, l'extraordinaire salle de réception, ainsi que le quartier des serviteurs. Dans chacune de ces salles sont rassemblés objets et pièces de mobilier qu'il serait trop long et fastidieux d'énumérer, on peut y admirer de somptueux plafonds sculptés et quantité de mashrabeyya qui donnent une idée de la qualité du travail du bois en Egypte ; ainsi qu'une collection archéologique qui montre les goûts éclectiques de Gayer-Anderson. Egalement des portraits et photos de famille.

La terrasse avec ses mashrabeyya.

 

Une chambre extraordinaire...


Ce musée fait partie des lieux qui sont prévus au programme de nos visites au Caire ; je n'avais pas eu le temps de m'y rendre lors de mon précédent séjour. Inutile de vous dire que je suis impatient de le découvrir et de vous en ramener des photos.

La grande salle de réception, avec le balcon à mashrabeyya pour les femmes.

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29 août 2006 2 29 /08 /août /2006 17:23

 Ce monument  est sans doute l'un des plus gracieux de shâri' el-Mu'izz li-Din Allah et l'un des plus beaux exemples de ce type de construction qui connut une grande vogue au Caire. Il fut bâti en 1744 par Abd er-Rahmân Katkhudâ, qui menait alors au Caire des travaux d'urbanisme et d'architecture ; émir mamlûk, il commandait les janissaires égyptiens. C'est à l'époque de Katkhuda que le Sabîl-kuttab commence à ne plus être obligatoirement intégré à un complexe (madrasa + mausolée + sabil-kuttab) et devient un élément architectural indépendant. Ce Sabil-kuttab offre une architecture très intéressante et un riche décor, visible depuis la rue grâce à sa position en saillie à un angle.


 

Il est constitué de deux parties essentielles. Une partie de deux niveaux, au sud, comprenant sabîl  (fontaine publique) et kuttab (école coranique), et une partie de trois niveaux au nord, servant actuellement d'habitation. L'ensemble est décoré dans le style mamlûk, qui survécut longtemps dans l'architecture cairote après la conquête ottomane.

 

La partie composée de deux étages est au rez-de-chaussée ouverte sur trois côtés, en pierre grise et blanche incrustée de reliefs de marbre blanc, de grands arcs surbaissés reposant aux angles sur des colonnes engagées. Sur chaque face du sabil, un arc outrepassé polychrome fermé par des grilles ouvragées ouvre sur la rue. L'entrée est située à l'arrière, surmontée d'un riche décor. Au-dessus de l'entrée se trouve une inscription portant le nom de Ahl el-Kahf, comme sur de nombreux monuments de Katkhuda. A l'intérieur, la fontaine présente des carreaux de faïence imitant ceux d'Iznik, en Turquie. Le sommet du rez-de-chaussée s'orne de muqarna en encorbellement.


Le kuttab est à l'étage, se présentant comme un pavillon à deux niveaux ; il consiste en une charmante petite pièce, largement ouverte sur la rue par une galerie aux fines colonnettes de bois, dont le plafond sculpté et peint est soutenu par cinq colonnes de marbre. L'élément le plus remarquable de cette pièce est le travail du bois, avec une ornementation riche et variée d'inspiration ottomane : les mashrabeyya (ce que que nous appelons « moucharabieh »), la porte, le placard et le plafond à caissons sont de véritables chefs-d'oeuvre de la sculpture sur bois cairote.


photos archnet

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28 août 2006 1 28 /08 /août /2006 16:18

Jusqu'à la fin du XIe s., la ville n'était entourée que par un mur de briques crues datant de Gawhar, qui n'offrait qu'une défense médiocre. En 1074, le calife fâtimide el-Mustansir demanda à Badr ed-Din el-Gamali, gouverneur d'Acre, de se rendre à el-Qahira pour mater la révolte des Turcs de la garnison. Le représentant du calife, après avoir exécuté les rebelles, entreprit de renforcer les fortifications du Caire en construisant une vaste muraille de pierre.  En 1087, Badr ed-Din el-Gamali  fit venir des architectes chrétiens syriens d'Edesse pour la construction des trois grandes portes_fortifiées  : Bâb el-Futuh, Bâb en-Nasr et Bâb Zuweyla. Ce recours à des chrétiens Syriens explique sans doute la parenté de ces édifices avec les portes des forteresses byzantines.  Pour ces travaux gigantesques nécessitant une grande quantité de pierre, une partie des matériaux fut prélevée sur les vestiges d'époque antique situés autour du Caire. Ces trois portes sont exceptionnelles à la fois pour leurs qualités architecturales et parce qu'elles représentent de rares exemples d'architecture militaire antérieurs aux croisades. Elles comptent parmi les plus anciens monuments du Caire islamique.

 

Vue générale de Bâb el-Futuh.

Bâb el-Futuh : détail de l'entrée.

Bâb el-Futuh dans la Description de l'Egypte.

Bâb el-Futuh, ou Porte des Conquêtes, située à la limite nord de la ville fâtimide, s'ouvre par un grand arc flanqué de deux puissantes tours arrondies ; elle donne sur la rue principale de l'ancienne al-Qahira, shâri' el-Mu'izz li-Din Allah. L'entrée est couverte d'une coupole et les tours sont couvertes de voûtes d'arêtes, avec un médaillon sculpté au centre. Sa construction est très soignée et elle compte parmi les plus beaux exemples d'architecture militaire musulmane. La vision actuelle est faussée par le fait que la base originelle de la porte se trouve aujourd'hui à 5m sous le sol actuel. C'est par cette porte qu'entraient en ville les caravanes de pélerins de retour de La Mecque. La porte peut être visitée.

Vue générale de Bâb en-Nasr.

Bâb en-Nasr : détail de l'entrée.

Bâb en-Nasr dans la Description de l'Egypte.

A l'est de la précédente se dresse Bâb en-Nasr, la Porte de la Victoire, qui vint remplacer la porte de la muraille de Gawhar. Badr ed-Din el-Gamali  l'avait à l'origine baptisée Bâb el-Izz (Porte de la Gloire), mais les Cairotes préférèrent celui de Bâb en-Nasr. Elle est la plus originale des trois portes du Caire fâtimide conservées ; en effet, au lieu d'être flanquée de tours arrondies, elle présente des tours rectangulaires. Au-dessus de l'entrée se trouve une inscription comportant le nom de Badr ed-Din el-Gamali  et la date de construction. L'entrée est voûtée d'arêtes, tandis que la partie supérieure des tours, supportant la plate-forme, est couverte d'un dôme sur pendentifs. Dans la structure de la porte, un escalier à voûte rampante conduit à la plate-forme supérieure, elle-même reliée par un escalier au sommet du rempart. L'ensemble est décoré de boucliers et d'épées, qui constituent une protection symbolique.  A la fin du XVIIIe s., les troupes de Bonaparte utilisèrent la porte pour contrôler le quartier ; les Français fermèrent les créneaux et élargirent les meurtrières pour pouvoir y placer des canons. Le nom de Bonaparte est d'ailleurs gravé sur la porte. Au début du XXe s., la porte fut débarrassée des adjonctions tardives pour retrouver son aspect d'origine ; des bâtiments qui l'entouraient furent également rasés pour la mettre en valeur.

 

Vue d'ensemble de Bâb Zuweyla.

Bâb Zuweyla : détail des minarets du XVe s.

 

Bâb Zuweyla se trouve à la limite sud de la ville fâtimide. Son nom lui viendrait des el-Zawila, une tribu berbère dont les troupes logeaient dans le secteur. Les Egyptiens l'appellent aussi Bâb el-Mitawalli, d'après le nom d'un saint, Mitwalli el-Butb, qui aurait vécu près de cette porte et aurait fait des miracles ; la légende dit que son esprit habite toujours la partie ouest de la porte, et on venait y demander l'intercession du saint. On retrouve ici le même principe qu'à Bâb el-Futuh : une entrée ouvrant par un grand arc flanquée de deux tours arrondies. L'entrée, située en arrière des tours, est couverte d'une coupole sur pendentifs supportant une plate-forme. Au niveau de celle-ci, un mur ouvert par un arc relie les deux tours. Au début de la période mamlûk, les sultans prenaient place sur la plate-forme de la porte pour assister à la procession du départ de la caravane emmenant la nouvelle kiswa, étoffe alors tissée en Egypte et destinée à recouvrir la Ka'aba, vers La Mecque. C'est aussi sur cette plate-forme que se tenaient les tambours lors des cérémonies pour l'entrée au Caire des nouveaux émirs nommés gouverneurs de la citadelle ou des officiels mamlûks. Par la suite, la porte devint aussi le lieu des exécutions ; les têtes des criminels y étaient pendues ; on y aménagea aussi une prison. Le dernier sultan mamlûk, Tuman Bey, y fut pendu en 1517 par les Ottomans. Les minarets qui surmontent les tours sont ceux de la mosquée el-Mu'ayyad, construite tout à côté (1415-1422) ; ces deux minarets octogonaux sont identiques, ornés au 2e étage de chevrons qui sont caractéristiques de cette période. Le nom de l'architecte qui les construisit, el-Mu'allim Muhammad Ibn al-Qazzaz est sculpté à l'entrée de leurs escaliers ; c'est le seul d'architecte mamlûk à signer ainsi un monument. En 2001, la porte a été totalement restaurée. L'une des tours et les minarets sont ouverts au public, offrant un point de vue extraordinaire sur la ville.

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25 août 2006 5 25 /08 /août /2006 04:48

Cette superbe mosquée se dresse dans la ville d'époque fâtimide, au nord du site de l'ancien palais de cette période. Aussi appelée « mosquée Grise », elle fut fondée en 1125 par Ma'mun el-Bata'ihi sous le califat d'el-Mustansir. Elle est située sur l'ancienne artère principale de la ville médiévale, shâri'  el-Muizz li-Din Allah.


Elle adopte le plan d'une mosquée hypostyle rectangulaire autour d'une cour carrée de 10m de côté, ce qui correspond en principe au plan des petites mosquées congrégationnelles. Mais ce n'est pas dans ce plan que réside l'originalité de cette mosquée, qui peut être considérée comme l'un des points de départ de l'originalité de l'architecture cairote. Pour la première fois, l'entrée n'est pas placée dans l'axe de la qibla ; la façade sur la rue , qui n'est pas parallèle à la qibla, suit l'alignement oblique de celle-ci, alors que la qibla reste droite, orientée vers la Mecque. C'est ainsi la première mosquée cairote à s'adapter au tracé préexistant des rues de la ville. La partie située entre la façade et la cour forme ainsi un triangle, dans lequel prennent place un vestibule, l'escalier du minaret et deux salles donnant sur l'intérieur.

Le portail de la mosquée.

Le grand médaillon du portail, avec les noms de Muhammad et 'Ali.

Détail du décor latéral.


 

 

 

 

La seconde originalité de cette mosquée est d'être la première à avoir une façade de pierre entièrement sculptée. Auparavant, seul le portail principal était richement sculpté. La façade en briques est en effet revêtue de pierre. Divisée en trois parties, cette façade s'orne au centre d'un portail en saillie ; au-dessus de la baie d'entrée, un arc caréné ouvre sur une niche rehaussée de nervures partant d'un grand médaillon central. Au centre du médaillon, l'inscription des noms de Muhammad et 'Ali, qui sont répétés en motifs entrelacés dans un second cercle, le tout en caractères coufiques  finement ajourés dans la pierre avec une remarquable maîtrise ; la bordure est formée d'arabesques. Ce motif du portail, avec sa niche et son médaillon, aura une grande influence dans l'architecture cairote. De chaque côté, une niche rappelant en réduction la niche centrale, avec nervures et médaillon, est surmontée de muqarna , puis d'une niche plus petite flanquée de colonnettes ; c'est la première fois que le motif des muqarna, habituellement réservées au décor intérieur, apparaissent sur une façade. Enfin, trois bandes d'inscriptions courent sur la façade. Au sommet, la première mentionne le nom du calife el-Amir Bi-Ahkam Allah et de son vizir, Ma'mun el-Bata'ihi, avec ses titres et la date de fondation de l'édifice. La seconde se trouve à la base de l'arc central et contient aussi les noms de el-Amir Bi-Ahkam Allah et de Ma'mun el-Bata'ihi, avec ses titres et la date de fondation de l'édifice. La troisième se situe au niveau du linteau de la baie de l'entrée et comporte des versets du Coran. Le décor se poursuit sur le reste de la façade, de façon symétrique.

L'angle chanfreiné avec son inscription coufique.


 

 

 

 

Dernière originalité de cette façade, l'angle orné d'un chanfrein sur lequel sont sculptés les noms de Muhammad et 'Ali.


Le minaret d'origine a disparu et a été remplacé par un autre sans grand intérêt au XIVe s. L'intérieur de la mosquée a conservé peu de choses de son état d'origine. Le sanctuaire est formé de trois nefs, la plus proche de la qibla étant plus large que les deux autres ; il ouvre sur la cour par une série de trois arches reposant sur des colonnes de marbre, que l'on retrouve sur les trois autres côtés de la cour. Les arcs carénés, typiques de la fin de l'époque fâtimide égyptienne, sont soulignés par des bandeaux sculptés de versets coraniques en caractères coufiques. Les écoinçons sont ornés de médaillons nervurés.

L'ouverture du sanctuaire sur la cour, avec ses arcs carénés.

Détail du décor des arcs de la cour.


 

 

 

 

La mosquée étant alors en ruines, elle fut restaurée une première fois en 1396-1397, à l'époque mamlûk, par Amir Yalbugha el-Salami, sous le règne du sultan ez-Zahir Barqûq, remaniant l'essentiel du décor intérieur. Elle sera à nouveau restaurée sous Muhammad 'Ali, au XIXe s., par le prince Sulayman Agha el-Silahdar.

Elle reste cependant l'un des édifices majeurs du Caire fâtimide par l'influence que son modèle exercera sur les développements de l'architecture égyptienne.

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21 août 2006 1 21 /08 /août /2006 08:57

Le complexe du sultan ez-Zahir Barqûq se trouve dans la rue el-Mu'izz li-Din Allah, à côté de la madrasa du sultan en-Nâsir Muhammad. Les travaux, qui durèrent de 1384 à 1386, furent dirigés par l'architecte en chef Shihab ed-Din Ahmad ibn Muhammad el-Tûlûnî, qui appartenait à une famille d'architectes de la cour. Le style de ce monument eut une influence durable sur l'architecture cairote de la première moitié du XVe s.

Le dôme et le minaret sur la façade principale donnant sur la rue.


Le sultan Barqûq, d'origine circassienne, avait été recruté par les Mamelouks turcs (Bahri Mamlûk)en tant qu'esclave ; libéré en 1362, il parvint à force d'intrigues et d'assassinats à prendre le pouvoir en 1382. Il est considéré comme le fondateur de la dynastie des Mamelouks circassiens (Burgi Mamlûk) et recruta de nombreux Circassiens venus du Caucase auxquels il confia la garde de la Citadelle du Caire. Dès le début de son règne, il se montra soucieux de légitimer sa prise de pouvoir en se rattachant à la tradition de la dynastie qu'il avait renversée, et qui jouissait du prestige d'avoir combattu les croisés et les Mongols, ainsi que d'avoir opté pour l'Islam sunnite. Ainsi, il épousa la veuve d'un des derniers descendants de Qalâ'ûn et entreprit sans tarder la construction d'un complexe funéraire pour les siens. Pour marquer la continuité dynastique, il choisit de l'établir près des monuments des premiers Qala'unides ; en construisant un monument plus haut que ses voisins et en reprenant des motifs royaux d'édifices antérieurs, Barqûq affirme la légitimité de son pouvoir. La référence à la mosquée Sultan Hasan est par exemple très nette.

Le monumental portail d'entrée sur shari' el-Muizz li-Din Allah, qui reprend le modèle de la mosquée Sultan Hasan.


 

 

 

Le complexe comprend une madrasa, une mosquée et un mausolée. L'ensemble servait aussi de khânaqâh, sorte de "monastère" sûfî, qui pouvait héberger jusqu'à plus d'une centaine d'étudiants en théologie et 60 Sûfî, avec des quartiers d'habitation pour les enseignants et même des écuries.

Plan du complexe de Barqûq.


La façade extérieure, sur la rue, est rythmée par des ressauts ornés de stalactites (muqarna). Les fenêtres supérieures sont traitées en arc brisé et garnies de grilles de bois sculpté . Ce style se retrouvera dans plusieurs mosquées de cette dynastie. Une bande calligraphiée (tiraz) court autour de l'édifice. Le dôme, très simple, voisine avec le minaret ( f ); construit à l'origine en bois et plâtre, il s'effondra au XIXe s. mais on put le reconstruire à l'identique grâce aux nombreuses gravures le représentant, en briques cependant. La surface du dôme est entièrement lisse et seule sa base s'orne d'une corniche à stalactites. Le minaret octogonal se distingue de la plupart de ceux du XIVe s. par sa décoration sculptée ; Barqûq a emprunté un certain nombre de motifs au minaret du complexe de Qalâ'ûn, construit sous le règne de en-Nâsir Muhammad ibn Qalâ'ûn (1293-1340). Ce minaret est coiffé d'un petit dôme de cuivre en bulbe. Le portail d'entrée ( a ) se dresse en façade à l'opposé du dôme et du minaret, juste à côté de la madrasa d'en-Nâsir Muhammad ; rectangulaire et haut, il s'orne de stalactites et d'un large panneau de marbre polychrome. La porte de bronze, d'origine, est décorée d'étoiles incrustées d'argent, l'étoile centrale portantr l'inscription du nom de Barqûq.

La cour et la fontaine aux ablutions, qui rappellent la mosquée Sultan Hasan.

Détail du pavement de la cour, en marbre et porphyre.


 

 

 

Un corridor voûté ( b ) mène à la cour cruciforme (c ) flanquée de 4 grands îwân, sur les arcs desquels se déploie une inscription. La cour à ciel ouvert est dotée d'un pavement de marbre et de disques de porphyre. Au centre se dresse la fontaine aux ablutions ( c )couverte d'un dôme de bois en forme de bulbe supporté par 8 colonnes de marbre, inspirée de celle de la mosquée Sultan Hasan. Le sanctuaire ( d ) présente, comme dans la madrasa de Qalâ'ûn, 3 nefs séparées par deux rangées de colonnes de granit antiques réutilisées, la nef centrale étant plus large ; l'extraordinaire plafond plat est en bois scuplté, qu'une restauration moderne a peint et doré. La qibla est rehaussée de marbre polychrome, ainsi que le mihrâb. Les lampes d'origine se trouvent au musée d'art islamique et ont été remplacées par des copies.

Le mihrâb en marbre polychrome, lui aussi très inspiré de la mosquée Sultan Hasan.


L'entrée de la madrasa se fait par des ressauts dont les voussoirs d'ornent de motifs en zigzag. Les portes présentent un décor original, qui laisse largement apparaître le bois sous les ornements de bronze. La partie réservée au logement des étudiants donne sur des couloirs intérieurs et non sur la façade ou la cour. C'étaient des logements collectifs et non individuels, ce qui montre l'influence du sufisme.

Le magnifique plafond de la salle de prière.


 

 

 

Au nord de la salle de prière, une porte donne accès à un vestibule permettant d'accéder au mausolée ( e ) coiffé d'une coupole à pendentifs de bois, entièrement peint et doré. C'est en fait une fille de Barqûq qui est enterrée ici ; lui-même sera inhumé dans un autre complexe construit dans la nécropole, qu'il ne faut pas confondre avec celui-ci.

La coupole sur pendentifs de bois du mausolée.


Chose étonnante, le nom de Jarkas el-Khalili, qui fonda le Khân tout proche, apparaît dans l'inscription d'inauguration, sur la façade extérieure et dans la cour. En effet, il était le maître des écuries de Barqûq !

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21 août 2006 1 21 /08 /août /2006 04:22

Le quartier du Khân el-Khalili est extrêmement riche en monuments islamiques, de l'époque médiévale au XIXe s. Nous y trouvons des mausolées et des madrasa, des mosquées, des sabil-kuttab, des wikala, des palais et des maisons, ainsi que des vestiges des remparts du XIe s. Sur une superficie relativement réduite, un résumé, en somme, de siècles d'architecture islamique, Rappelons que Le Caire fut une des plus grandes capitales culturelles du monde musulman et que ses monuments comptent parmi les plus beaux exemples au monde d'architecture islamique. Autant dire que le quartier du Khân est plus qu'un marché, même s'il est un des plus mythiques d'Orient ; et qu'en dehors des échoppes, il faut prendre le temps de découvrir ces trésors.

 

Le mausolée de  Barqûq  (XIVe siècle).

 

Mausolée es-Salih Ayyub (XIIIe siècle).

 

Nous sommes ici en plein coeur de la ville d'al-Qahira, fondée en à côté de l'ancien Fustat. Shâri' el-Muizz li-Din Allah, qui porte le nom du calife fâtimide qui conquit la ville en 969, formait l'artère principale du Caire médiéval. Il n'est pas possible ici de détailler chaque monument tant ce quartier en contient à lui seul. Nous nous contenterons de les situer sur le plan et de donner leurs principales caractéristiques ; ils feront l'objet d'articles plus détaillés ultérieurement. En bleu gras sont indiqués les monuments les plus importants, les incontournables. Les n° en noir gras renvoient aux deux plans ci-joints. Des liens seront peu à peu créés vers les articles décrivant certains de ces monuments.

 

La partie sud du quartier du Khân el-Khalili.



 

Nous commencerons par le côté sud du quartier, par la célèbre mosquée el-Azhar (fondée en 970, n°1). A deux pas se trouvent la mosquée Abu Dahab (vers 1774, n°2), et le complexe d'el-Ghouri : la Wikala el-Ghuri (n°3), la mieux préservée du Caire ; le mausolée el-Ghuri (vers 1505, n°4), avec sa mosquée et sa madrasa (n°5). Nous entrons dans le Khân par la shâri' el-Muizz li-Din Allah, que nous remonterons jusqu'aux remparts médiévaux. On rencontre d'abord la mosquée el-Ashraf Barsbey, appelée aussi madrasa Ashrafiyya (vers 1425, n°6), ensemble complet qui se compose d'une mosquée, d'une madrasa, d'un mausolée et d'un sabil-kuttab. Puis la mosquée el-Mutahhar (vers 1744, n°7), construite par 'Abd er-Rahman Katkhuda. La mosquée et madrasa de Qala'un (vers 1279, n°8) est sans conteste un des joyaux de l'architecture cairote. Madrasa et mausolée es-Salih Ayyub (1242-1250, n°9) forment un rare exemple d'architecture ayyubide.A proximité, la madrasa et le mausolée an-Nasir Muhammad (1304, n°10). En face, la madrasa de Baybar (n°11), le Sabil-kuttab d'Ismail Pasha (vers 1535, n°12), le Palais Uthman Katkhuda (vers 1350, n°13), résidence des Mamlûk, et le Palais de Beshtak (1334, n°14). La madrasa et le mausolée de Barqûq (1386, n°15) sont un autre incontournable du quartier. C'est ensuite la madrasa Kamiliyya (1180-1238, n°16). Le Sabil-kuttab 'Abd-er-Rahmân-Katkhuda (1744, n°17) est un bel exemple de ce type de construction qui allie fontaine publique et école coranique. La mosquée el-Aqmar , ou mosquée Grise (1125, n°18) est un édifice médiéval au riche décor. Nous ferons un crochet par Darb el-Asfar pour admirer Beit es-Suhaymi (XVIIe s., n°19), le meilleur exemple cairote de maison ottomane. En reprenant la shâri' el-Muizz li-Din Allah, nous rencontrons la mosquée Suleyman Aga es-Silahdar (1839, n°20). Au bout de la rue, la somptueuse mosquée el-Hakim (1010, n°21).

 

La partie nord, jusqu'au rempart médiéval.


On sort de la ville médiévale par l'une des anciennes portes fortifiées, Bâb el-Futuh (vers 1087, n°22), avant de longer l'ancien rempart du XIe s. (n°23) pour entrer à nouveau dans l'ancienne al-Qahira par une autre porte, Bâb en-Nasr (n°24) et de redescendre vers le sud par la shâri' el-Gamaliyya, qui forme une longue artère pratiquement parallèle à la shâri' el-Muizz li-Din Allah. Près de la mosquée el-Hakim, la Wikala de Qayit Bay (1481, n°25), qui était autrefois une auberge pour les négociants. Un peu plus bas se trouve la mosquée el-Jashankir (n°26). Un crochet à droite par Darb el-Asfar pour voir le sabil-kuttab de Qitasbay (n°27) et la mosquée Said es-Saada (n°28). En retournant et en traversant la shâri' el-Gamaliyya on rejoint, dans le prolongement de Darb el-Asfar, la madrasa Qara Sunqur (n°29) et Suleyman Aga Sabil (n°30), une fontaine. Puis on reprend la shâri' el-Gamaliyya, avant de faire un crochet à droite pour voir la mosquée el-Ustadar (n°31) et et la Wikala Bazaraa (XVIIe s., n°32). Dans l'artère principale, à nouveau, se trouve le Sabil-kuttab Oda Bashi (vers 1673, n°33). Un nouveau crochet à droite permet de rejoindre le mausolée du Sheikh Sinan (n°34) et la mosquée Mithqal (n°35). Un crochet à gauche permet également de voir la Wikala Oda Bashi (n°36) et les vestiges du palais Musafirkhana (vers 1779, n°37), qui a été incendié. Retour dans la shâri' el-Gamaliyya avec la mosquée el-Higaziyya (n°38), la mosquée Muharram (vers 1539, n°39) et la mosquée el-Ahmedi (XVIIe s., n°40). Enfin, au bas de la rue se trouvent à gauche la mosquée Sayyedna el-Hussein (41), qui bien que récente est un des rares lieux de culte de la ville en principe non accessible aux non-musulmans, et la fontaine Ahmed Pasha Sabil (n°42). En prenant à droite dans la shâri' Sikkit el-Badistan, on pénètre dans le dédale du Khân. Vers le milieu de la rue se trouve l'une des anciennes portes du khân médiéval, Bâb el-Badistan (n°43). Dans une ruelle à proximité se trouve enfin la Wikala el-Silahdar (n°44).

Cour de la mosquée el-Hakim (XIe siècle).

La façade de Beit es-Suhaymi (XVIIe siècle).

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